Algérie : l’armée tempère face à la contestation
Par Khadija Skalli
Face à la colère des Algériens, Ahmed Gaïd Salah, Chef d’État-major de l’Armée nationale populaire et vice-ministre de la Défense change de tactique. Sur un ton conciliant, il affirme que « le peuple et l’armée partagent la même vision de l’avenir ».
Face à la colère des Algériens, Ahmed Gaïd Salah, Chef d’État-major de l’Armée nationale populaire et vice-ministre de la Défense change de tactique. L’homme fidèle d’Abdelaziz Bouteflika tempère pour apaiser la tension qui monte.
Dans un discours prononcé dimanche 10 mars à l’École militaire de Rouiba, le général de Corps d’Armée a affirmé que « le peuple et l’armée partagent la même vision de l’avenir », rapporte la presse locale. Gaïd Salah change de ton en soulignant que « L’Algérie et l’armée sont fières de leur peuple ».
Un revirement de situation inattendu. Pas plus tard que la semaine dernière, Ahmed Gaïd Salah avait déclaré que « l’Armée veillera à préserver la paix et la sécurité ». Le vice-ministre de la Défense estimait que « certaines parties sont dérangées de voir l’Algérie sûre et stable. Elles veulent que l’Algérie revienne aux années difficiles durant lesquelles les Algériens ont payé le prix fort ».
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Finalement, les menaces n’ont pas eu raison de la détermination du peuple, qui manifeste depuis plusieurs semaines contre le 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Convaincu que l’arme de la menace ne semble plus suffisante pour contenir ces bouillonnements, le Chef d’État-major de l’Armée tente de jouer l’apaisement.
La contestation ne faiblit pas pour autant. Elle monte d’un cran face à l’entêtement du camp de Bouteflika qui ne veut pas lâcher. Les Algériens ont observé hier une grève générale. Les transports publics étaient à l’arrêt à Alger. Certains commerçants ont baissé leurs rideaux, en signe de contestation. Les manifestations sont non-stop. Elles se succèdent dans tout le pays. La tension est à son comble. Même après le retour au pays du président Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé en Suisse depuis deux semaines.
Le président Abdelaziz Bouteflika a regagné l’Algérie, hier soir. L’information a été donnée par le journal de 20 heures de la télévision publique sans toutefois diffuser de nouvelles images du président « marocain ».
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Sur un ton conciliant, le chef d’état-major a affirmé que « le peuple est conscient des stratégies qui peuvent être sans pitié pour l’Algérie. Les manifestations se sont déroulé avec un grand civisme….l’armée algérienne et son peuple sauront préserver la nation », a-t-il déclaré, rapporte la presse locale.
La situation semble échapper au pouvoir algérien. Le gouvernement avait tenté une nouvelle tentative pour affaiblir le mouvement de contestation majoritairement étudiant. Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche avait annoncé que les vacances de printemps débuteraient ce dimanche 10 mars, alors qu’elles étaient initialement prévues du 23 mars au 4 avril.