Allemagne : Deutsche Bank supprime 18.000 emplois
Deutsche Bank a annoncé dimanche le plus grand plan de restructuration de son histoire avec la suppression de 18.000 emplois, qui clôt définitivement les rêves de grandeur internationale de la première banque allemande en pleine crise.
Ce plan social chez l’ancien fleuron de la finance allemande, qui ambitionnait jadis de rivaliser avec les géants de Wall Street, porte sur un cinquième des effectifs.
« C’est un nouveau départ pour Deutsche Bank », veut croire le PDG de l’institut francfortois, Christian Sewing, arrivé l’an dernier à la tête du groupe en difficulté, après y voir commencé sa carrière avec un apprentissage d’employé de banque.
Il a parlé « du plus grand plan de transformation depuis des décennies » pour l’établissement.
Car avec lui, l’institut francfortois prend peu ou prou congé de l’activité prestigieuse de banque d’investissement, qui fut sa grande priorité depuis les années 1990 : celle du négoce dans les salles de marché et des conseils autour des fusions et acquisitions d’entreprise.
Elle est devenue aujourd’hui un boulet financier. Deutsche Bank ne s’est en réalité jamais remise de la crise financière de 2008, plombée par toute une série de litiges et scandales financiers mais aussi dépassée par la concurrence anglo-saxonne dans ce domaine.
Du coup, le nombre de postes équivalents temps plein va baisser de 18.000 d’ici 2022, pour revenir à 74.000 personnes, a annoncé la banque à l’issue d’une réunion de son conseil de surveillance.
Deutsche Bank a expliqué vouloir ainsi réduire ses coûts de 6 milliards d’euros et retrouver la rentabilité. L’an dernier, elle avait déjà supprimé 6.000 postes.
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Ce plan va entraîner des charges de 3 milliards d’euros dès le deuxième trimestre de l’exercice en cours, et une perte nette de 2,8 milliards d’euros.
Pour l’ensemble de l’année, Deutsche Bank devrait du coup à nouveau plonger dans le rouge, selon toute probabilité, n’ayant dégagé qu’un faible bénéfice en 2018, après trois années consécutives de perte.
Ce plan apparaît comme celui de la dernière chance pour la banque, un peu plus de deux mois après l’échec de négociations en vue d’une fusion avec sa concurrente Commerzbank, également en difficulté.
Car au-delà de Deutsche Bank, c’est l’ensemble du secteur bancaire allemand qui traverse une passe difficile, après avoir fait pendant des années la fierté du pays et suscité l’admiration à l’étranger.
En cause notamment, les taux d’intérêt très faibles en zone euro et la concurrence des plateformes en ligne dans le secteur financier.
Deutsche Bank a vu sa capitalisation boursière divisée par quatre en quatre ans, ce qui en fait une proie potentielle pour une OPA d’un concurrent étranger. Elle valait un peu moins de 15 milliards d’euros vendredi.
Pour redresser la barre, le PDG du groupe Christian Sewing a entrepris un recentrage des activités vers des métiers plus stables, la banque de détail et d’entreprise, en même temps qu’un recentrage géographique sur l’Europe et l’Allemagne, après les rêves d’expansion aux Etats-Unis nourris par diverses acquisitions.
Dans la banque d’investissement, Deutsche Bank va cesser pratiquement toute activité dans le négoce d’actions, avec un accord en discussion avec BNP Paribas pour lui transférer des activités et du personnel dans ce domaine.
Dès vendredi, le patron du secteur, Garth Ritchie, a été remercié.
Il n’est pas le seul à devoir prendre la porte au sein du directoire. Deux de ses collègues, dont la Française Sylvie Mathérat, passée par la Banque de France, et chez Deutsche Bank chargée depuis fin 2015 des dossiers de régulation et contrôles internes, doivent partir.
La Française fait manifestement les frais des multiples procédures judiciaires et litiges qui ont plombé la banque.
Pour nettoyer ses comptes, Deutsche Bank a aussi annoncé dimanche la création d’une structure de défaisance, une « bad bank », pour y loger 74 milliards d’actifs jugés risqués, en particulier des dérivés d’échéance longue, produits financiers très spéculatifs.
Avec AFP