Application StopCovid: Cédric O « optimiste mais pas totalement certain »
Le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O est « optimiste mais pas totalement certain » de l’utilité du projet d’application pour smartphones StopCovid dans la lutte contre le coronavirus, a-t-il déclaré mardi devant la commission des affaires économiques du Sénat.
L’application StopCovid doit permettre, si elle est déployée, à l’utilisateur d’être prévenu s’il a croisé une personne contaminée par le virus.
Son principe consiste à stocker sur le smartphone pendant une durée définie l’identifiant de tous les smartphones possédant l’application détectés à proximité grâce à la technologie sans fil Bluetooth.
Le problème, a expliqué Cédric O aux sénateurs, est que la technologie Bluetooth ne permet pas en soi de mesurer exactement la distance entre deux smartphones.. et donc de savoir s’il y a un réel risque de contamination ou non entre les porteurs des appareils.
« C’est l’objet d’un travail très intense que nous menons avec les Allemands, qui ont un peu d’avance sur nous mais qui ont partagé leur expertise avec nous« , a-t-il indiqué.
« Est-ce que nous allons réussir à avoir quelque chose qui soit suffisamment précis pour que cela serve son objectif épidémiologique, je suis optimiste mais pas totalement certain« , a-t-il dit.
Google et Apple, qui détiennent les deux grands systèmes d’exploitation de smartphones dans le monde, ont annoncé vendredi qu’ils travaillaient ensemble pour faciliter la mise en oeuvre de ce genre d’applications.
Mais « ils n’ont pas expliqué exactement ce qu’ils prévoyaient« , a indiqué Cédric O.
« Toute aide peut être bienvenue (…) mais elle doit se faire aux conditions des gouvernements » des pays concernés, a prévenu M. O.
Le projet est lancé dans une course contre la montre technique et politique, puisque l’application doit être prête et soumise à l’avis du Parlement avant le 11 mai, date prévue pour une sortie progressive du confinement.
Il est critiqué jusque dans les rangs de la majorité pour ses risques concernant la vie privée de ses utilisateurs, même s’il est présenté comme ne dérogeant pas à la réglementation sur les données personnelles.
Le président de la République a demandé lundi que le Parlement donne son avis avant une éventuelle mise en service, mais Cédric O a prévenu que les parlementaires se prononceraient sans doute sur un produit encore en cours d’élaboration.
« Il est probable que l’on avance parallèlement sur la discussion parlementaire et sur la discussion technique« , a-t-il indiqué.
« Ma volonté est que nous puissions communiquer sous dix jours sur l’architecture technique » générale du projet, a-t-il également avancé.
Le projet est mené par l’Inria, l’Institut national de recherche en informatique, qui travaille en Europe avec des chercheurs suisses de l’école polytechnique fédérale de Lausanne, et des chercheurs allemands.
Selon Cédric O, des développeurs et spécialistes issus du privé, des startup ou de grands groupes, sont venus prêter main forte, à titre gratuit et « au bénéfice de la collectivité« .
L’Etat sera propriétaire de l’application et le code sera accessible à tous, a-t-il indiqué.