Armando Barucco : Le Maroc est un partenaire de premier plan pour l’Italie

Hassan Alaoui

La célébration dimanche 2 juin de la Fête nationale de la République italienne a réuni à la résidence de l’Ambassadeur, Armando Barucco une importante cérémonie à laquelle ont pris part plusieurs convives, notamment des diplomates des membres du gouvernement dont notamment Abellatif Ouahbi, ministre de la Justice et Ryad Mezzour ministre de l’Industrie et du Commerce. L’ambiance était plus que conviviale, colorée et confraternelle, les hymnes nationaux, marocain et italien ayant marqué l’ouverture de la cérémonie.

Dire que les relations entre le Royaume du Maroc et l’Italie sont « bonnes », serait sacrifier à un truisme. Elles sont excellentes, inscrites comme on dit dans le marbre depuis l’indépendance du Maroc en 1956. Une relation bilatérale que l’on qualifierait volontiers quasiment d’immuable, qui, eu égard à d’autres exemples avec les quelques autres pays voisins, ne souffre d’aucune ambiguïté. Dans un discours remarquable prononcé à cette occasion par M. Armando Barucco, l’accent a été mis sur cette constante historique. Et la pérennité qui la caractérise. Après avoir annoncé la signification chez le peuple italien de cette journée du 2 juin, correspondant à la « célébration de la naissance de la République italienne le 2 juin 1946 lorsque les femmes italiennes avaient voté pour la première fois et élu l’Assemblée qui a rédigé la Constitution italienne, fondée sur le travail, la démocratie et la paix », il a rappelé que son pays a fait un choix européen et atlantique clair et mis en place « une coopération fraternelle avec tous les pays amis, en particulier avec les pays voisins de la Méditerranée ».

Faisant un tour d’horizon de la diplomatie italienne, notamment en manière d’engagements et d’attachement à la paix, M. Barucco a souligné que son pays « soutient tous les efforts en cours pour un cessez-le-feu immédiat et durable au Moyen-Orient, la libération de tous les otages et la priorité absolue de l’assistance humanitaire à la population de Gaza » Il n’est pas inutile de rappeler que ce sont-là les termes des propositions que le gouvernement américain a repris à son compte lundi 3 juin pour relancer les pourparlers entre Israël et le Hamas. L’Ambassadeur d’Italie est, dans la foulée, allé encore plus loin : « L’Italie, a-t-il ajouté, soutient la nécessité de relancer le processus politique conduisant à une paix durable fondée sur la solution de deux Etats ».

Une longue histoire maroco-italienne

A propos de la relation exceptionnelle entre l’Italie et le Maroc, M. Barucco a affirmé : « Nous célébrons aujourd’hui l’amitié italo-marocaine. Notre amitié est fondée sur une longue histoire proche et souvent partagée, comme en témoignent les ruines de Volubilis, de Lixus et de Chellah. Ces dernières, à deux pas de notre ambassade sont aussi des extraordinaires projets de coopération Italie-Maroc, avec un travail de conservation et restauration qui a abouti à la récente réouverture de Chellah ». Outre l’identité méditerranéenne commune et la « vocation naturelle de pont entre l’Europe et l’Afrique, nous avons– a-t-il souligné, cette vocation « d’être attentifs aux thèmes du dialogue interculturel, car si les deux plus anciennes universités du monde, de Bologne et d’al-Qarawiyyine sont la première italienne et la seconde marocaine, nous avons aussi deux voyageurs les plus célèbres de l’Histoire, Marco Polo et Ibn Battouta ».

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Au niveau de la coopération culturelle, il a rappelé la forte relance des activités culturelles italiennes au Maroc, marquées par plus de 100 initiatives par an, menées par le Sistema Italia au Maroc, tout comme l’hommage rendu dernièrement à Rabat au grand compositeur italien Puccini, ainsi que celui exprimé à la présence italienne, à Baba al-Makina au Festival des musiques sacrées de Fès qui a connu la présence de plus de 10.000 mélomanes venus écouter l’opéra et la musique sacrée italienne.

A la Dante Alighieri, 1500 inscrits

L’engouement pour la culture italienne et surtout pour la langue n’est pas en laisse. C’est ainsi que l’Institut de Culture et de la Dante Alighieri ne cesse de recevoir un nombre considérables de candidatures pour l’apprentissage de la langue italienne qui dépasse 1500 personnes. Tant et si bien que, comme le souligne l’Ambassadeur, le gouvernement italien a décidé de déménager l’Institut de culture vers un bâtiment « beaucoup plus grand et adapté au niveau atteint par les relations entre les deux pays » ! Pour leur part, les ONG italiennes opèrent largement au Maroc dans les domaines de la santé, de protection des droits de l’enfant, l’intégration des migrants, l’inclusion des enfants handicapés…

Autre volet constitutif de la relation privilégiée  entre les deux pays, soulignée par M. Armando Barucco est la présence d’un grande communauté marocaine en Italie, au nombre de 400.000 citoyens résidents et plus de 200.000 bénéficiant de la double nationalité . « Je rappelle, a-t-il indiqué, qu’au cours de la seule année 2022, l’Italie a reconnu la double nationalité à presque 31.000 marocains qui constituent un véritable pont entre les deux pays ».

D’intenses échanges économiques en hausse de 20%

Dans le registre des énumérations des activités ou des échanges maroco-italiens, M. Barucco a abordé le chapitre de l’économie, soulignant la forte interconnexion entre les deux pays : deux systèmes industriels, liés avec des échanges , rappelle-t-il, qui « au cours des trois dernières années ont augmenté en moyenne de 20% par an, atteignant un record de près de 4,8 milliards d’Euros au cours de l’année dernière. « Au Maroc, a-t-il déclaré, l’Italie dispose d’importants clusters  d’investisseurs dans les secteurs de l’automobile, de l’agroalimentaire, du textile, de la pêche, des petites entreprises et des grands opérateurs économiques tels que Enel Green Power et Grandi Navi Veloci ». Il a ajouté que de nouveaux champs de coopération vont s’ouvrir bientôt avec le lancement d’un nouveau bureau de la Casse Depositi e Presiti, , l’un des plus grands organismes d’investissements en Europe qui offrira donc une gamme d’opportunités.

La coopération maroco-italienne est exemplaire, d’autant plus qu’elle n’a jamais souffert ni d’usure, ni de malentendus. Elle s’inscrit dans la durée et les premières années de l’Indépendance du Maroc étaient, de toute évidence marquées par la présence de l’Italie qui a très largement contribué à l’éveil industriel du Maroc, infrastructurel, politique, culturel et humain. Personne n’oubliera la relation privilégiée qui existait entre le Libérateur du Maroc , le Roi Mohammed V, le Roi Hassan II et un certain Mattei, figure emblématique de l’Italie et partenaire privilégié du décollage de l’industrie au Maroc.

Dans la foulée de sa déclaration , M. Barucco a rappelé la dimension politique du partenariat maroco-italien et notamment le propos du Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, lors de la signature en juillet 2023 avec son homologue marocain, Nasser Bourita, du Plan d’action Maroc-Italie pour un Partenariat stratégique multidimensionnel : « Le Maroc est un partenaire stratégique de l’Italie pour la sécurité de la Méditerranée avec lequel il est essentiel de travailler pour la stabilité et la prospérité de la région… ». Quasiment le même propos a été tenu par Mme Georgia Melon, Premier ministre d’Italie lorsqu’elle a reçu en janvier 2024 à Rome M. Aziz Akhannouch , chef du gouvernement, à l’occasion de la présentation du programme Piano Mattei, qui place l’Afrique au cœur de l’Agenda du gouvernement italien.

Barucco a rendu ensuite un vibrant hommage aux « extraordinaires réformes engagées par le Maroc sous la direction clairvoyante de Sa Majesté le Roi Mohammed VI», dans les domaines social, juridique, environnemental, éducatif et celui des droits de l’Homme. Un travail, dit-il, exceptionnel, inspiré par nos valeurs communes d’inclusion, de justice sociale et de durabilité. Et de conclure avec émotion : « Pour nous le Maroc est donc un partenaire de premier ordre pour travailler ensemble sur des projets capables de garantir le développement de l’Afrique afin d relever ensemble les nombreux défis mondiaux».

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