BAD : Les codes civils empêchent les femmes de l’Afrique du nord de s’enrichir
Malgré un accès libre à l’investissement, la gente féminine, en Afrique du nord, souffre le martyre avant de pouvoir décrocher le titre d’entrepreneuse. La Banque africaine de développement (BAD) vient de crier à l’injustice à travers une analyse microscopique des nombreuses règles juridiques émanant de la tradition ou des codes civils qui restreignent l’accumulation de biens et l’activité économique et financière de la femme.
Dans sa dernière note économique, la Banque africaine de développement (BAD) se demande comment « promouvoir l’emploi des femmes d’Afrique du nord par le biais des PME ». Dans cette analyse, la BAD souligne combien les femmes désireuses de devenir chefs d’entreprise font face à une multitude de difficultés dans la région. En effet, si en Afrique du nord aucune loi n’interdit directement aux femmes l’accès à la propriété d’entreprise et que la propriété égale des biens acquis durant le mariage est reconnue, des références qui trouvent leurs origines dans les codes civils et certaines traditions privent les femmes de l’accumulation de la richesse.
Il s’agit, en réalité, selon la BAD toujours, en plus des obstacles juridiques et culturels et du manque d’accès à la formation et à l’aide aux entreprises, de l’accès limité à la propriété et au crédit, ou encore de l’absence de réseaux sociaux efficaces, et des problèmes d’infrastructure économique. En plus du diagnostic, cette étude met en avant les défis clefs pour réussir le décollage de l’entreprenariat féminin dans les six pays de l’Afrique du nord, à savoir le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et l’Egypte.
Pour ce faire, il faudrait commencer par un changement au niveau des normes et des perceptions sociales et culturelles traditionnelles qui renforcent les contraintes sur l’emploi et l’entrepreneuriat féminins. Repositionner l’éducation comme facteur clé de la recherche d’un emploi et l’engagement dans l’entrepreneuriat. L’analyse de la BAD souligne, dans ce cadre, que « les pays d’Afrique du nord ont obtenu quelques succès dans ce domaine, mais jusqu’à présent le niveau d’instruction a plus amené les femmes à chercher un emploi à temps partiel ou à temps plein qu’à s’engager dans un travail indépendant ou dans la création d’entreprises ».
L’autre faille de l’entreprenariat féminin demeure la faiblesse de la gouvernance qui l’impacte de façon négative, beaucoup plus dans le cas des PME que des grandes entreprises. Cet effet est plus prononcé lorsque le principal propriétaire est une femme. Par ailleurs, les politiques et les réglementations gouvernementales qui favorisent la flexibilité du marché et l’environnement de travail sont, insuffisamment, importantes pour permettre la participation des femmes. Ces mêmes femmes entrepreneuses d’Afrique du nord rencontrent plusieurs difficultés quant à l’accès aux ressources financières et aux réseaux d’entreprises, en particulier s’agissant de la création de PME.
Le rôle des femmes en tant que principales dispensatrices de soins familiaux est un obstacle majeur à leur participation au marché en tant que travailleuses et employeuses. C’est le cas en Afrique du nord comme dans d’autres pays en développement. Le soutien à la maternité et la fourniture de services de soins aux enfants, notamment, par les services publics, contribueraient à alléger ce fardeau. Ceci dit, la BAD souligne l’importance de créer un écosystème favorable aux PME appartenant à des femmes dans la région.