Benchaâboun est « confronté à une situation où il devra adresser les urgences du moment, tout en faisant preuve d’une capacité d’innovation et d’anticipation »
Le nouveau ministre de l’Économie et des finances, Mohamed Benchaâboun, est confronté à une situation où il devra à la fois adresser les urgences du moment, tout en faisant preuve d’une capacité d’innovation et d’anticipation qui a jusqu’alors fait défaut à la majorité de ses prédécesseurs, écrit jeudi le directeur de publication du site électronique d’information « Al Huffington Post Maroc« , Abdelmalek Alaoui.
Face aux « maux structurels dont souffre l’économie marocaine, notamment l’hypertrophie et le dysfonctionnement chronique de la commande publique, les délais de paiements aberrants, l’étroitesse de l’assiette fiscale, la prévalence de l’informel, le manque d’investissement privé national, le tissu de PME sclérosé et la bureaucratie rampante« , Benchaâboun « ne pourra faire ni l’économie de la nécessaire pédagogie qui a tant manqué à son prédécesseur, ni s’abstenir de dévoiler et de mettre en œuvre des réformes urgentes autour desquelles il devra articuler son action« , souligne Alaoui dans un édito publié par le site francophone.
Selon lui, le grand argentier du Royaume est confronté à un trilemme : il lui faut à la fois élaborer une nouvelle doctrine économique en mesure d’accélérer de manière substantielle la croissance et continuer à garantir la stabilité macroéconomique et l’orthodoxie budgétaire, tout en répondant à la feuille de route royale tracée par le discours du trône visant à réduire la fracture sociale et à accroître l’employabilité des jeunes.
Dans le contexte de la prochaine loi de finances 2019, qui devra être bien plus qu’un simple ordonnancement budgétaire, mais un véritable instrument d’irrigation de l’économie nationale qui définira si le Maroc s’engage dans une stratégie de relance, poursuit Alaoui, se demandant si la lumière viendra d’un technocrate et si Benchaâboun aura le courage de s’attaquer à des chantiers qui permettraient de retrouver de la marge de manœuvre budgétaire le temps que les réformes de temps longs produisent leur effet.
Le directeur de publication du site électronique estime que « la tâche sera d’autant plus dantesque qu’il faudra à Mohamed Benchaâboun sortir rapidement de cette discrétion de moine trappiste qu’il affectionnait tant alors qu’il était l’un des banquiers les plus puissants du Royaume« , notant que le nouveau ministre devra endosser désormais l’habit de membre essentiel de l’Exécutif dont la parole est très attendue par l’ensemble de la communauté nationale.
Et de relever que le nouveau ministre de l’Économie et des finances se retrouve devant un choix cornélien, entre orthodoxie et relance, et que le manque d’ambition lui est tout simplement interdit.
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