Boom du gaz espagnol au Maroc avec une hausse de 1 400 %

L’année 2021 a été marquée par un bouleversement dans le secteur énergétique du Maghreb. L’Algérie, premier producteur et exportateur de gaz naturel de la région, a décidé de ne pas renouveler le contrat qui la liait au Maroc pour le transit de son gaz vers l’Europe via le gazoduc Maghreb-Europe (GME). Ce gazoduc, inauguré en 1996, relie les gisements algériens de Hassi R’Mel à Cordoue en Espagne, en passant par le Maroc et le détroit de Gibraltar. Il a une capacité de transport de 13,5 milliards de mètres cubes par an et une longueur totale de 1 300 kilomètres.

La fermeture du GME est intervenue dans un contexte de crise diplomatique entre le Maroc et l’Algérie. Les tensions se sont aggravées en octobre 2020, lorsque le Maroc a normalisé ses relations avec Israël, avec le soutien des États-Unis, qui ont reconnu la marocanité du Sahara. En réaction, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021.

Face à cette situation, le Maroc s’est retrouvé confronté à une pénurie de gaz, qui représente environ 20 % de son mix énergétique. Le pays importait environ 640 millions de mètres cubes de gaz algérien par an pour alimenter ses centrales électriques à cycle combiné de Tahaddart et Aïn Beni Mathar, selon Le Matin. Le royaume percevait également une redevance en nature sur le transit du gaz algérien vers l’Europe via le GME.
Pour pallier ce manque, le Maroc a pu avec l’Espagne trouvé une stratégie, pour la fourniture de gaz via le même gazoduc, mais en sens inverse, avait déjà annoncé le premier ministre espagnol Pedro Sánchez en octobre 2021, lors d’une visite officielle au Maroc.

Selon le journal espagnol El País, les exportations de gaz de l’Espagne vers le Maroc ont grimpé en flèche l’année dernière, passant de 60 gigawattheures (GWh) en juin 2020 à 840 GWh en juin 2021, soit une augmentation de 1 400 %. Les exportations via le GME sont aujourd’hui presque à leur limite.
L’Espagne a ainsi renforcé sa coopération énergétique avec le Maroc, tout en préservant ses relations avec l’Algérie, dont elle est le premier client pour le gaz naturel. L’Espagne s’est engagée à ne pas utiliser le Medgaz, un autre gazoduc qui relie directement l’Algérie à l’Espagne sans passer par le Maroc, pour approvisionner ce dernier. Le Medgaz est entré en service en 2011 et a une capacité de transport de 16 milliards de mètres cubes par an.
Le Maroc est ainsi devenu le quatrième consommateur de gaz espagnol, après la France, l’Italie et le Portugal. Cette situation pourrait toutefois évoluer à moyen terme, si le Maroc parvient à concrétiser son projet de gazoduc transafricain, qui vise à acheminer du gaz nigérian vers l’Europe via la Mauritanie et le Maroc. Ce projet, lancé en 2016, est encore à l’étude et devrait coûter environ 25 milliards de dollars.

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