Casablanca abrite la première rencontre nationale sur l’approche genre dans les prisons marocaines
La ville de Casablanca a abrité, mardi, la première rencontre nationale sur l’approche genre dans les établissements pénitentiaires, visant à explorer les moyens susceptibles de renforcer l’option stratégique adoptée, à ce sujet, par la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion.
Organisée par la Délégation générale et la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des prisonniers avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et en partenariat avec le ministère de la solidarité, de la Femme, de la Famille et du développement social, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et Le Fonds de développement des Nations unies pour la femme (UNIFEM), cette rencontre, initiée sous le thème ‘’la femme détenue et le développement durable : réalité et perspectives’’, s’est déroulée en présence de plus de 200 détenues dans divers établissements pénitentiaires du royaume.
S’exprimant, à cette occasion, Mme Bassima HakKaoui, ministre de la solidarité, de la Femme, de la Famille et du développement social, a souligne que cette rencontre, qui se déroulait, au siège de la prison locale d’Ain Sebaa 2, constitue ‘’un geste noble et une initiative importante, qui reflète l’ouverture de la Délégation générale sur son environnement extérieur, conformément aux choix du Maroc de permettre aux citoyens d’exercer pleinement leurs droits’’.
Elle a noté que cet événement, qui s’inscrit dans le cadre de la campagne internationale « 16 jours d’activisme pour lutter contre les violences faites aux femmes’’ (du 26 novembre au 11 décembre), est au cœur des thèmes en lien avec le développement durable, sur lesquels planche son département.
Mme Hakkaoui a fait également observer qu’il est naturel que les femmes détenues exercent leurs droits, participent à ce débat public et communiquent avec l’ensemble des acteurs participants afin de contribuer à l’élaboration d’une deuxième stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes (2018-2030).
À la lumière des statistiques disponibles, la ministre a salué les efforts déployés par la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion des détenus, à travers son adhésion à une série de programmes de développement, dont le processus de mise en œuvre de la politique publique intégrée pour l’égalité baptisé « Ikram », qui consiste en l’insertion des détenus dans diverses activités professionnelles en vue de faciliter leur réinsertion au sein de la société après avoir purgé leurs peines.
Pour sa part, Mohammed Saleh Tamek, délégué général à l’administration pénitentiaire a indiqué que cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’une approche intégrée élaborée par la Délégation générale, visant à préparer les détenus, hommes et femmes, en leur permettant d’acquérir des compétences de qualité pour les aider à interagir de manière positive et affronter la vie quotidienne.
Conformément à la politique du gouvernement visant à permettre aux femmes d’accéder à la place qu’elles méritent au sein de la société, M. Tamek a fait remarquer que la Délégation attache une importance particulière aux femmes détenues dans son plan stratégique à travers notamment le volet relatif à l’approche genre et à la vulnérabilité des femmes, tenant compte de la situation de vulnérabilité de celle-ci, qui nécessite une attention particulière.
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Cette situation oblige, en effet, de prendre en compte les spécificités des détenues en tant que femmes, avant de les placer, en deuxième lieu, en détention, ce qui nécessite la mise en place de programmes de qualité, suffisamment professionnels et spécialisés, qu’il s’agisse de soutien psychosocial ou de préparation à la réinsertion.
Malgré le fait que la proportion des détenues sur la population carcérale totale ne dépasse pas 2,4%, la Délégation générale s’est efforcée d’élaborer des programmes tenant compte de la spécificité des femmes détenues et faisant de sorte qu’elles profitent des autres programmes bénéficiant au reste des détenus, tels le Programme national de compétitions culturelles, sportives et religieuses, qui a connu cette année la participation de 5000 femmes détenues, et le programme ‘’Université dans les prisons’’, dont les cinq précédentes éditions étaient marquées par une importante participation des détenues.
Il a, en outre, souligné que l’une des mesures prises par la Délégation général consistait à créer deux foyers pour les mères détenues à la prison locale d’Ain Sebaa 2 à Casablanca et à la prison locale des Oudayas à Marrakech, et qui sont dotés de tous les services et moyens en vue de garantir aux femmes enceintes et aux mères et leurs enfants des conditions de sécurité et de santé.
Après avoir rappelé que l’approche genre était présente dans les programmes de la Délégation générale et dans sa stratégie, M. Tamek a indiqué que la Délégation avait préparé l’année en cours une étude scientifique sur la situation des femmes dans les établissements pénitentiaires afin de faire un diagnostic de l’approche du genre dans le système pénitentiaire au Maroc.
Les conclusions de cette étude, a-t-il poursuivi, ont révélé la nécessite d’élaborer des axes stratégiques pour l’insertion horizontale de l’approche genre dans les établissements pénitentiaires, et la mise en place d’un plan d’action visant à renforcer la promotion de l’égalité des sexes afin d’institutionnaliser l’approche genre dans la gestion administrative de la Délégation générale à tous les niveaux.
A l’issue de la séance d’ouverture, à laquelle ont assisté le secrétaire général du CNDH, le coordonnateur de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, la représentante du PNUD, la représentante permanente de UNIFEM en Afrique du Nord, le gouverneur de la préfecture de Ain Sebaa et le procureur général de la Cour d’appel de Casablanca, les participants ont visité la Maison des mères, des ateliers de formation professionnelle et le café culturel pour les détenues.
Le programme de cette rencontre prévoit deux sessions, la première porte sur « Le rôle des politiques publiques dans la lutte contre la violence contre les femmes », alors que la deuxième est consacrée au thème « Quel plan pour promouvoir la condition de la femme détenue ».
Des prix ont été décernés aux femmes détenues qui se sont distinguées lors des différents programmes de réinsertion.