Christopher Ross réagit à l’article de Maroc diplomatique sur le Sahara

Christopher Ross, l’ex-envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara, qui a été engagé par le régime algérien pour contester la décision des Etats-Unis de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara, a réclamé un droit de réponse à la suite de l’article publié par Maroc diplomatique, le 4 février 2024, intitulé « Sahara marocain : Staffan de Mistura, de quelle « magouille » est-il le nom ? », dans lequel il a été mentionné. Nous publions ci-dessous sa réponse intégrale.

« Monsieur Alaoui,

Mon ami l’Ambassadeur Hilale m’a un jour publiquement qualifié de meilleur avocat que l’Algérie ait jamais eu.  Dans votre dernier article dans Maroc diplomatique, vous l’avez surpassé non seulement en répétant son bon mot, mais aussi en me traitant d’affilié à la « junte sans foi ni loi » en Algérie et en me taxant d’être incroyablement hostile au Maroc.  Ces tentatives de diffamation méritent une réponse que l’éthique journalistique exige que vous publiiez.

J’ai œuvré comme envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental pendant huit ans.  Ma mission, telle que définie dans les résolutions successives du Conseil de sécurité, était de faciliter des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario en vue de parvenir à “ une solution politique mutuellement acceptable, qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. »  A cette fin, les deux parties avaient présenté leurs propositions en avril 2007.

Mon rôle de facilitateur m’imposait une neutralité absolue.  Jamais une seule fois en huit ans je n’ai épousé une proposition spécifique malgré la forte pression du Maroc pour plaider en faveur de l’autonomie sous souveraineté marocaine et la pression moins évidente du Polisario pour plaider en faveur d’un référendum d’autodétermination incluant l’indépendance comme option.  J’ai plaidé en faveur d’une solution politique telle que prévue dans les résolutions du Conseil de sécurité.  Je n’ai jamais défini la forme que devait prendre l’autodétermination, et je défie mes amis marocains de citer une quelconque déclaration que j’ai faite pendant huit ans en faveur d’un référendum.  Je croyais fermement que les modalités de l’autodétermination devraient être abordées dans les négociations entre les parties.

À chacune de mes visites en Algérie au cours de ces huit années, j’ai demandé au président Bouteflika de m’aider dans ma mission.  Sa réponse était invariablement que l’Algérie soutiendrait toute décision du Polisario, mais que, selon lui, tout règlement impliquerait un référendum, comme cela a été le cas pour l’Algérie elle-même.

Le Maroc était clairement déçu que l’Algérie ne puisse pas être amenée à faire davantage pour promouvoir un règlement à son goût.  En tant qu’État souverain, il a maintenu sa position.

Ce fut le premier élément du mécontentement du Maroc à mon égard.  Au fil des années et en me voyant répéter sans cesse ma déclaration de mission telle qu’elle était énoncée dans les résolutions du Conseil de sécurité, le Maroc a déploré que je n’abandonnerais jamais ma neutralité pour donner à sa proposition la « prééminence » qu’il recherchait.  Il semble que le Maroc a voulu appliquer le principe selon lequel, si je n’étais pas avec lui, je devais forcément être contre.  A vrai dire, il ne m’est jamais venu à l’esprit d’être hostile au Maroc, pays dans lequel j’avais passé trois merveilleuses années de ma vie au début de ma carrière de diplomate américain et dans lequel j’ai toujours des amis.  Cela me peine que le gouvernement marocain et certains médias marocains me considèrent comme hostile parce que ma neutralité en tant que facilitateur m’a empêché de promouvoir la position du Maroc.  Mais tant pis. C’est la vie. »

Ambassador (ret.) Christopher Ross
Washington, DC

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