Cigarette électronique : ce danger souvent banalisé par les jeunes aussi

Au Maroc, un adolescent scolarisé sur huit l’utilise ou l’a déjà utilisée. Une tendance inquiétante, selon le milieu médical qui appelle à une sensibilisation continue auprès des jeunes. La cigarette électronique menace sérieusement la vie des jeunes générations. Les chiffres inquiètent.

Certes le vapotage, ce terme qui désigne l’action d’aspirer la vapeur d’une cigarette électronique présente de réels dangers pour tous, cependant ces derniers seraient plus cruels lorsqu’on parle des jeunes et des adolescents. D’ailleurs, les résultats que l’enquête MedSpad-IV Maroc réalisée en 2021, mis en lumière dernièrement signalent que 12,5% des adolescents âgés entre 15 et 17 ans utilisent ou ont déjà utilisé la cigarette électronique durant leur vie.

Cela dit, un adolescent sur huit, les garçons quatre fois plus que les filles, sont attirés par « la vape ». Souvent l’initiation au vapotage commence très tôt chez les jeunes, l’enquête annonce son début entre 10 ans et 12 ans, pour plus de 10% des sondés. Au moment où 23% des jeunes déclarent l’avoir utilisé entre 13 et 14 ans, 7,7% des interrogés avouent une première utilisation avant l’âge de 10 ans.

Il est  vrai que l’usage du tabac et de la cigarette électronique chez les jeunes Marocains reste certes inférieur à ceux des pays de l’Afrique du Nord, cependant, il faut quand même poursuivre les actions de sensibilisation des jeunes quant aux dangers du tabac et des addictions à d’autres substances psychoactives. Près de la moitié des décès au monde sont causés par le tabac. Celui-ci est à l’origine d’une vingtaine de cancers et 21 maladies cardiovasculaires. Aussi, l’association du tabac et de la pilule multiplie par 20 le risque cardiovasculaire.

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Il faut noter qu’avec les réseaux sociaux et les plateformes de streaming largement fréquentés par les jeunes l’industrie du tabac a développé de nouvelles stratégies publicitaires visant à promouvoir à grande échelle une dépendance mortelle.

A part le vapotage, l’enquête a montré qu’en 2020, soit une année avant l’enquête, la prévalence de l’usage du tabac est passée de 9,3 à 6,5%. Toutefois, l’usage des tranquillisants a presque triplé, passant ainsi de 2,2% en 2009 à 6% en 2021.

De même, et comme viendraient à le prouver de nombreuses études, les liquides utilisés dans les cigarettes électroniques contiennent souvent des niveaux élevés de nicotine, une substance hautement addictive qui peut avoir des effets néfastes sur le cerveau des adolescents toujours en développement. De plus, les produits chimiques présents dans ces liquides peuvent causer des dommages pulmonaires et cardiovasculaires, ainsi que des effets à long terme.

Face à ce phénomène préoccupant, le ministère de la Santé et de la Protection sociale place la lutte contre le tabagisme au sein des écoles marocaines, au cœur de ses stratégies.

S’exprimant à ce propos, le ministre Khalid Ait Taleb a récemment fait savoir, en fin mars 2024, qu’un accord de partenariat est en cours de finalisation avec le ministère de l’Education nationale, pour élaborer un plan d’action conjoint (2024-2026), sur la santé scolaire.

Aussi, le ministre a annoncé le lancement prochain d’une ligne d’assistance visant à soutenir les jeunes et les adolescents souffrant de comportements addictifs.

Pour rappel, le département Ait Taleb avait lancé en 2022, en marge de la Semaine nationale de la santé universitaire, le projet « Etablissements de l’enseignement supérieur sans tabac (PEEST) ». Mis en place en collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, avec l’appui de l’OMS, ce projet vise à réduire la prévalence du tabagisme de 20% chez la population de 15 ans et plus d’ici 2029.

Les risques pour la santé physique ne sont pas les seuls à craindre lorsqu’on parle de cigarette électronique, dont l’utilisation accroît le risque de dépendance ce qui mènerait droit à l’initiation au tabagisme classique à savoir la cigarette en pure et due forme.

L’OMS, pour sa part, voit que ces nouveaux produits de tabacs sont tout aussi nocifs que les produits classiques, induisant cancers, maladies respiratoires, maladies cardiovasculaires, dépression, anxiété, infections, et touchant de près la santé des femmes enceintes et de leurs fœtus. Chez les enfants, la cigarette électronique peut toucher le développement du cerveau, qui ne sera complètement mature avant l’âge de 25 ans.

Face à ce constat, des spécialistes recommandent une prise de conscience collective pour venir à bout de toutes stratégies découlant de l’industrie du tabac, cherchant à exploiter la jeunesse à des fins lucratives.

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