Classe moyenne : Baisse du niveau de vie à 2,2 % par an (Etude)
En raison des effets combinés de la crise COVID-19 et du choc inflationniste, le Royaume a perdu sept années de progrès dans l’éradication de la pauvreté et de la vulnérabilité. Quelque 3,2 millions de citoyens marocains ont vu leur niveau de vie baissé, ce qui pourrait engendrer une pauvreté voire une vulnérabilité. Dans cette même dynamique, le niveau de vie des ménages a aussi baissé de 2,2 % par an entre 2019 et 2021, selon le dernier rapport du Programme de protection sociale.
La pandémie du Covid-19 a eu un impact significatif sur le niveau de vie des familles marocaines, tant sur le plan de la santé que sur le plan économique et social. En effet, sur la base du dernier rapport du Haut-Commissariat au plan (HCP) portant sur la population et le développement, le niveau de vie des ménages a annuellement régressé de 2,2% entre 2019 et 2021.
De point de vue sanitaire, le HCP a également noté une baisse significative du nombre d’hospitalisations non liées à la Covid-19, en particulier pour les maladies chroniques. Sur l’ensemble des ménages ayant un membre ou plus souffrant de maladies chroniques (30%), près de la moitié (48%) n’a pas accédé aux services de santé, 46% en milieu urbain et 53% en milieu rural.
De même, la propagation du Covid-19 a eu des effets psychologiques sur la population marocaine dont l’anxiété, la peur, le sentiment de claustrophobie ainsi que les troubles de sommeil. En effet, selon le HCP, 49% ont souffert de l’anxiété, principalement les ménages résidant dans les bidonvilles (54%), contre 41 % parmi ceux de l’habitation moderne. Vient ensuite, la peur qui a été ressentie par 41% des ménages marocains, principalement parmi les ménages dirigés par une femme (47%).
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De point de vue économique, le Maroc a connu une récession économique brutale en 2020, la pire depuis plus de deux décennies, provoquée à la fois par la sécheresse que connaît le pays et par la propagation de la pandémie. Selon les données du HCP, le taux de croissance annuelle du PIB réel par habitant a enregistré une récession de l’ordre de -7,2% en 2020 par rapport à une croissance de 1,5% en 2019. Toutefois, les catégories les plus touchées sont les indépendants et les employeurs, avec 74%, suivi des salariés (65%).
En outre, le niveau de vie des ménages a reculé d’une manière inquiétante. L’incidence de la pauvreté s’est multipliée par près de 7 à l’échelle nationale, passant de 1,7% avant cette crise à 11,7% au temps du confinement, de 5 fois en milieu rural, passant respectivement de 3,9% à 19,8%, et de 14 fois en milieu urbain, respectivement de 0,5% à 7,1%. De même, le taux de vulnérabilité a plus que doublé, passant de 7,3% avant le confinement à 16,7% pendant le confinement. Par milieu de résidence, ces proportions sont respectivement de 4,5% et 14,6% en milieu urbain et de 11,9 % et 20,2% en milieu rural. Ainsi, dans ces conditions, les inégalités sociales se sont détériorées et ont dépassé le seuil socialement intolérable.
Le déclenchement de la guerre en Ukraine a certes conduit à une élévation forte de nombreux produits de base en raison du poids de la Russie, de l’Ukraine voire du Belarusse, dans la production mondiale. Néanmoins, ce sont l’imposition, ou non, des sanctions commerciales et financières envers les entreprises exportatrices russes ainsi que la mise en œuvre de mesures de représailles par Moscou qui ont fondamentalement déterminé la trajectoire haussière ou baissière des prix.
Par conséquent, on assiste à une flambée des prix à la consommation, depuis le début de l’année 2022. Face à cette inflation, le niveau de vie des ménages, en termes réels, aurait baissé de 5,5% au niveau national, passant de 20.040 DH en 2021 à 18.940DH en 2022, de 5,2% en milieu urbain, passant de 24.260 DH à 23.000 DH, et de 6,2% en milieu rural, passant de 12.420 DH à 11.650 DH.