Comment un brin de rapprochement franco-marocain anéantit la mauvaise foi d’Alger

Par Hassan Alaoui

« Depuis la récente déclaration d’amour » faite au colonialisme marocain par l’ambassadeur français basé à Rabat, Christophe Lecouturier, nous avions relevé de façon prémonitoire que la question ne se posait plus de savoir si Paris allait soutenir l’illégal plan d’autonomie marocain au Sahara Occidental, mais uniquement quand est-ce qu’elle va le faire. Des médias généralement bien informés annoncent ce lundi ( 1er avril) que le Quai d’Orsay aurait donné instruction afin d’encourager les entreprises françaises à investir dans les territoires occupés sahraouis. »

Désabusé, approximatif comme tout ce que la presse algérienne propagandiste nous instille, ce commentaire est l’œuvre de la « feuille de chou », « Patrie News ». Il transpire le dépit, la haine bien entendu et l’habituelle malhonnêteté qui la caractérise. De nouveau la France est dans le collimateur, couverte d’accusations voire insultée. On se prend à rêver qu’un jour nos « confrères » algériens puissent quitter leur posture de contempteurs caporalisés et de se débarrasser du manichéisme désenchanté qui les caractérise. Une crise surgirait-elle entre Paris et Rabat ?  Les voilà qui jubilent et s’y mettent à tire-larigot, non sans y jeter leur petit grain.

Nous nous sommes habitués, à la fois aux trahisons et traitrises algériennes érigées par Houari Boumediene , aux volte-face de ses successeurs et enfin à une logomachie – érigée en dogme – depuis 2019, là où un certain Abdelmajide Tebboune, sorti du chapeau des militaires – a fait de l’insulte du Maroc son mode d’emploi. Des sept présidents qui se sont ont régné depuis 1962, ce dernier aura été le seul qui a le plus érigé le mensonge d’Etat en mode de gouvernance. Plus qu’un long répertoire, c’est un kaléidoscope d’édifiantes incohérences qui sont puisées dans un abreuvoir sans limite, jetées sur la figure de son peuple qui en redemande sans ciller.  Rien n’est moins sûr que cette inqualifiable et arrogante autosuffisance , qui fait dire et répéter à Tebboune que « l’Algérie est une puissance, al-qwa addariba », oubliant tout simplement que c’est la hausse du prix du pétrole des dernières années qui évite au pays une crise sociale aggravée, inscrite depuis longtemps sur les fonts baptismaux de son régime.

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C’est aussi la résignation du peuple algérien, victime d’une propagande assidue, récurrente en appelant à un orgueil démesuré qui épargne – jusqu’à nouvel ordre – à ses dirigeants la menace sérieuse et organisée d’une révolution ou le réveil du Hirak. On n’a pas cessé de souligner que le régime algérien a constamment besoin de boucs émissaires extérieurs pour se maintenir au pouvoir et détourner l’attention de son peuple sur les problèmes réels qui l’accablent. Ils sont légion : une inflation galopante, un chômage amplifié, élevé à près de 20% et touchant une jeunesse sans issue, sinon l’exil et la tentation du grand large vers l’Europe, la crise économique de plus en plus aggravée traduite par le manque hallucinant des produits de base, comme le lait, la farine, l’huile, et autres denrées pour lesquels le peuple algérien fait la queue quotidienne et n’y accède point, enfin un rejet catégorique par le Mali, le Niger, la Libye…

Certes, une telle situation économique catastrophique n’est pas propre à ce pays. Mais, en revanche, elle nous révèle une contradiction de taille : un pays en possession d’une manne pétrolière et gazière qui le préserve en principe de tout aléa, peut-il vivre sous la menace d’une grave explosion sociale, résultat d’une mal-gouvernance et de la dilapidation de ses ressources ?  La relation avec la France est demeurée sensiblement passionnelle, alternant un désamour et une effrayante culpabilité envers l’ancienne nation colonisatrice, faite d’admiration et de mépris…tant et si bien que tout penchant de Paris vers le Royaume du Maroc est considéré comme une trahison, un tantinet condamnable.

Ainsi suffit-il que le gouvernement français autorise l’AFD, l’Agence française de développement, à effectuer des investissements au Sahara marocain pour assister à une levée de boucliers des folliculaires algériens, tous titres confondus. Ils n’ont jamais compris que, crise ou pas, il existe un socle dans la relation entre le Maroc et la France, qui dépasse les gouvernements voire les « républiques » successives françaises, c’est celui de l’histoire et de la mémoire. Les septennats ou quinquennats passent, mais l’amitié franco-marocaine persiste et résiste…La parenthèse malheureuse de Macron nous a montré à coup sûr la vanité du contraire, mais elle n’a jamais altéré l’amitié du peuple français profond qu’il témoigne au Maroc et à son peuple.

Tout est bien qui finit bien, se dit-on en fin de compte ! Le deuxième quinquennat du président Macron en a encore pour deux ans et demi et le « contentieux » artificiel inventé par ses soins avec le Maroc sera en principe enterré, parce qu’il aura d’ici-là raison garder. D’ores et déjà, l’on perçoit un fléchissement voire une détente accélérée de la diplomatie française dans ce sens, la reprise des visites de hauts responsables français au Maroc comme celle du ministre du Commerce aujourd’hui, Frank Riester , la relance de la coopération économique , un travail de fond de colmatage des brèches mené – il faut le reconnaître – par un certain Christophe Lecourtier, tout à son mérite, la perspective  d’un prochain Sommet franco-marocain, participent en en effet de cette relance impérative qui, inversement, fait pendant à ce qui persiste en revanche sous forme de mésentente voire de crise entre la France et l’Algérie.

Versatile et reptilienne, versant surtout dans une culture de diabolisation, la presse algérienne s’en prend à tout bout de champ à la France, notamment lorsque se dessine une perspective de rapprochement ou d’entente avec le Maroc. Comme une dent de scie, son attitude alterne un répit relatif et une méprise abominable. Cela dit, la hargne de la presse algérienne – donc des autorités algériennes – se fait violente dès qu’il est question du Sahara. Les accusations à une prétendue position de soutien de la France au Maroc n’arrêtent pas, depuis belle lurette, elles font les choux gras des titres algériens, sans pour autant prendre en compte une réalité intangible, historique : la France, membre du Conseil de sécurité des Nations unies, soutient la solution politique du conflit du Sahara, autrement dit l’autonomie préconisée par l’ONU qui est une position de soutien à la légalité internationale. Et lorsqu’intervient le vote, à chaque fois au Conseil de sécurité, elle demeure fidèle à cette posture depuis des lustres. Et naturellement en faveur du Royaume du Maroc. Le dernier vote du Conseil de sécurité, en octobre 2023, a été d’autant plus significatif qu’il a été marqué par une déclaration édifiante du représentant de la France à l’ONU, Nicolas de Rivière qui a levé toute ambiguïté à cet égard.

Or, le gouvernement  algérien ne semble point se satisfaire de ce rôle de la France. Il n’en démord pas de rallier la France et de la voir condamner le Maroc. Tant et si bien que tout rapprochement maroco-français lui semble comme une atteinte directe à ses intérêts, si bien aussi que même le virtuel voyage de Tebboune à Paris – dont on nous rebat les oreilles et qui a été reporté sine die – semble être un sujet de chantage ignominieux.

Force nous est de souligner que de plus en plus empêtrée à la fois dans ses contradictions et son aventurisme au Sahel, l’Algérie est confrontée à un isolement au plan maghrébin et international. Un débat désastreux au plan interne sur la réélection ou le départ de Tebboune finit de nous convaincre de sa crise multiforme, susceptible de la précipiter dans le gouffre de l’inconnu.

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