Comment une gestion inadéquate des coûts alourdit-elle le budget de la santé au Maroc ?

Dans le contexte actuel, où la généralisation de l’assurance maladie est plus que jamais nécessaire, l’élaboration d’une stratégie efficace de contrôle des coûts s’impose. Cependant, alors que le Maroc progresse vers l’objectif de couverture médicale universelle, des problèmes persistants d’efficacité contribuent à l’augmentation des dépenses de fonctionnement du système de santé publique, comme le souligne une étude récente de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Cette étude, réalisée par des chercheurs marocains pour l’OMS, a mis en évidence d’importantes disparités dans les coûts des services médicaux identiques entre les hôpitaux régionaux, provinciaux et universitaires. Ces écarts suggèrent que des lacunes dans la gestion des coûts contribuent à l’inflation des budgets de santé au Maroc.

Menée depuis 2021, l’enquête a porté sur 39 hôpitaux répartis dans 12 régions du Royaume, incluant 10 hôpitaux régionaux, 11 hôpitaux provinciaux et 18 hôpitaux universitaires. L’objectif était de déterminer les principaux aspects méthodologiques de l’étude.

Lire aussi : Maladie de Parkinson : Plus de 4 millions de personnes touchées dans le monde

Les chercheurs se sont appuyés sur les systèmes de gestion de l’information hospitalière, adoptant une démarche pragmatique fondée sur des stratégies précises pour calculer les coûts unitaires, tout en prenant en compte la disponibilité des données hospitalières. La collecte des données a été réalisée par des agents du Ministère de la Santé, sous la supervision du bureau de l’OMS au Maroc.

L’étude révèle que le coût supporté par les citoyens pour un même service médical peut varier significativement lors du passage d’un hôpital régional à un hôpital universitaire. Par exemple, le coût moyen d’une journée de chirurgie fluctue de 755 dirhams dans un hôpital régional à 886 dirhams dans un hôpital universitaire, révélant une forte disparité régionale.

Selon cette enquête, le coût d’une intervention chirurgicale dans la salle d’opération K varie de 76 à 30 dirhams, tandis que le coût d’une séance de dialyse rénale est de 654 dirhams au niveau régional contre 1872 dirhams dans un Centre Hospitalier Universitaire (CHU). Pour ce qui est de l’hospitalisation médicale, le coût d’une journée d’hébergement oscille entre 684 et 755 dirhams, selon qu’il s’agisse d’un CHU ou d’un Centre Hospitalier Général (CHG).

Concernant les centres d’activité psychiatrique, le coût unitaire varie de 292 à 624 dirhams selon le niveau de soins, et celui d’une journée en soins intensifs de 1842 à 4561 dirhams. De même, le coût moyen d’une consultation augmente du milieu régional au milieu universitaire, passant de 151 à 694 dirhams, et celui d’une consultation externe de 312 dirhams dans un hôpital régional à 422 dirhams dans un hôpital universitaire.

Les estimations indiquent que le financement total nécessaire pour l’ensemble des hôpitaux marocains en 2023 s’élève à 12 milliards de dirhams. Plus précisément, 2,01 milliards de dirhams seraient requis pour le fonctionnement des hôpitaux régionaux, 986 millions de dirhams pour les hôpitaux provinciaux et 8,2 milliards de dirhams pour les hôpitaux universitaires.

Les chercheurs ont également observé que le coût de certains services est plus élevé au niveau provincial qu’au niveau universitaire. Cette situation s’explique par le fait que dans certains hôpitaux isolés et moins fréquentés, le taux d’utilisation des services est faible, ce qui diminue la productivité globale de l’établissement et augmente le coût unitaire des services, révélant ainsi des problèmes d’efficacité qui restent à identifier.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page