Controverses autour d’une réforme

Au Maroc, depuis l’ouverture des classes pour l’exercice 2023/2024, le secteur agonise. Cette situation n’est pas nouvelle, elle est en partie remise au goût du jour par la nouvelle réforme sur le nouveau statut des enseignants. Cette nouvelle approche du gouvernement plongé le secteur dans une situation de crise depuis plusieurs décennies. Plongés dans l’incertitude, parents et élèves vient dans l’incertitude. Quant au quantum horaire, les pertes ne se comptent plus.

Les enseignants soulèvent depuis un certain temps des préoccupations majeures concernant la division entre les enseignants fonctionnaires et non-fonctionnaires. Les enseignants temporaires, classés parmi les employés des académies régionales, estiment être désavantagés par rapport à leurs collègues permanents en termes de salaires, de protection contre le licenciement et de droits. Face à cette situation, le gouvernement peine à trouver un consensus avec les syndicats grévistes.

Une autre source de mécontentement pour les enseignants est l’introduction de nouvelles tâches sans rémunération correspondante. Ils se voient désormais contraints d’assister à des séances de formation, de surveiller des examens et de corriger des copies d’examen sans aucune compensation financière. De plus, la récente réforme a accordé au ministère le pouvoir de réduire les salaires des enseignants en cas de grève, ce qui signifie que leur rémunération est susceptible d’être retenue s’ils participent à des mouvements de grève.

Face à ces problèmes, les enseignants se sentent lésés et craignent pour leur avenir. Ils réclament l’abrogation de la réforme, une augmentation des salaires, une égalité entre les fonctionnaires et les non-fonctionnaires, une rémunération équitable pour les tâches supplémentaires, de meilleures conditions de travail et une réforme en profondeur du système de promotion des enseignants.

Dans le cadre des négociations, le gouvernement a proposé une augmentation salariale de 1500 dirhams. Un procès-verbal d’accord a été signé entre le gouvernement et les syndicats les plus représentatifs du secteur de l’éducation nationale, le dimanche 10 décembre. Cet accord comprend des augmentations salariales et des mesures ayant un impact financier.

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Selon les termes de l’accord, il a été convenu d’autoriser temporairement, pour une durée déterminée, le changement de cadre pour les conseillers en planification éducative et les fournisseurs, classés dans la catégorie « excellent » en dehors de l’échelle salariale, vers l’organisme de contrôle. Les conditions pour ce changement seront déterminées par le statut.

L’accord prévoit également que les enseignants de l’enseignement primaire et préparatoire, classés en deuxième année (échelle 10) et embauchés pour la première fois en 9e année, auront droit à une ancienneté légale de 4 ans pour être promus en première année (échelle 11), sous réserve de remplir les conditions requises et dans la limite des quotas. Une fois promus en première classe, ils conserveront l’ancienneté acquise en deuxième classe, à condition d’avoir plus de 14 ans d’ancienneté, pendant une période de 4 ans.

De plus, il a été convenu d’accorder une ancienneté nominale aux administrateurs pédagogiques et aux conseillers en planification et orientation pédagogiques des cohortes 2022 et 2023, qui ont suivi une formation de deux ans. Cette ancienneté sera prise en compte pour la promotion au grade « excellent » en dehors de l’échelle salariale, avec une durée de 4 ans pour ceux ayant au moins 20 ans d’ancienneté générale et de 3 ans pour ceux ayant entre 10 et moins de 20 ans d’ancienneté générale. La deuxième année de formation sera également comptée comme une ancienneté dans le grade.

Un point important de l’accord concerne la résolution des problèmes des enseignants du primaire, des attachés pédagogiques et des attachés économiques et administratifs, qui ont été classés en deuxième année après avoir été employés en 7e ou 8e année et qui ont pris leur retraite entre le 1er janvier 2012 et le 31 décembre 2023. Cette question sera traitée par la Caisse de retraite marocaine.

En outre, l’accord prévoit une augmentation générale des salaires pour tous les hommes et les femmes travaillant dans le domaine de l’éducation, à différents postes et grades. Cette augmentation s’élèvera à 1 500 dirhams nets par mois et sera versée en deux tranches égales, en janvier 2024 et janvier 2025.

En plus de ces mesures, il a été souligné l’engagement à suivre la mise en œuvre de la réforme du système d’éducation et de formation, en vue d’intégrer les institutions de leadership d’ici 2027. Il est essentiel que tous les acteurs du domaine de l’éducation s’impliquent dans cette réforme globale afin de garantir une atmosphère de paix sociale d’ici 2027. Des efforts supplémentaires seront déployés pour finaliser les aspects non financiers du système de base pour les salariés du secteur de l’éducation nationale, tout en préservant les acquis du décret n° 2.23.819.

Niet catégorique des syndicats

Malgré les discussions en cours, les négociations entre la coordination éducative et le comité ministériel ont abouti à un blocage. Les revendications cruciales formulées par la coordination éducative, comme le retrait du statut et une augmentation des salaires de 3 000 dirhams, n’ont pas été satisfaites.

Lors d’une réunion avec le comité ministériel chargé de résoudre la crise de l’éducation, la coordination syndicale et éducative a confirmé son rejet de l’augmentation de 1 500 dirhams convenue précédemment avec les syndicats universitaires. Ils ont réclamé une augmentation des salaires de 3 000 dirhams pour tous les travailleurs de l’éducation. De plus, lors de cette réunion, ils ont exigé l’annulation et le retrait du statut, l’abolition du système de contractualisation, l’intégration des entrepreneurs dans la fonction publique, la résolution de tous les dossiers de manière simultanée, l’introduction d’une indemnisation des risques professionnels dans le secteur de l’éducation, ainsi qu’une indemnisation pour travail dans les zones reculées et difficiles. D’autres demandes incluent la suppression de la limite d’âge pour accéder à la profession enseignante, la fin des suppressions d’emplois, des poursuites et des arrestations pendant les périodes de grève, ainsi que l’annulation des décisions injustes prises à l’encontre des enseignants.

Le comité ministériel a demandé un délai pour étudier ces revendications et a promis de présenter une offre prochainement dans le cadre de la poursuite du dialogue.

Il est à noter que cette réunion a été marquée par la présence d’une coordination sous la bannière du Syndicat de l’Université Nationale de l’Éducation, l’Orientation Démocratique (FNE), en présence de représentants de toutes les coordinations syndicales.

Malgré les efforts en cours pour résoudre cette crise de l’éducation, la situation reste tendue. Le gouvernement tente d’être flexible mais sa marge de manœuvre reste étroite.

La grève plonge parents et élèves dans l’incertitude

Les parents et les élèves sont préoccupés par les conséquences de la grève des enseignants. Les établissements scolaires sont partiellement ou totalement fermés depuis plusieurs semaines. Dans les écoles concernées, les cours ont été soit limités, soit complètement annulés.

Selon le ministère de l’Éducation, environ 20% des écoles au Maroc étaient fermées en octobre 2023. Les élèves des écoles touchées n’ont donc pu assister qu’à environ la moitié des cours.

Cette grève actuelle des enseignants met les parents dans une situation difficile à bien des égards. Ils s’inquiètent des retards d’apprentissage de leurs enfants et se retrouvent obligés de les envoyer dans des écoles privées avec un soutien scolaire supplémentaire, ce qui implique des coûts supplémentaires. Le gouvernement a tenté de mettre fin à la grève en entamant des discussions avec les syndicats d’enseignants, mais sans succès jusqu’à présent. Les enseignants sont déterminés à poursuivre leur protestation jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites.

Les conséquences de la grève pour les élèves ne peuvent pas encore être prévues avec certitude. Il est possible que les lacunes d’apprentissage ne deviennent perceptibles qu’au cours des prochaines années scolaires.

La côte de popularité des syndicats de l’éducation en forte baisse

Une enquête réalisée par le Centre marocain pour la citoyenneté révèle que la majorité des Marocains ne font pas confiance aux syndicats de l’éducation. De plus, une majorité souhaite que le gouvernement annule le décret régissant le système de base controversé pour les employés du secteur de l’éducation nationale.

L’enquête, qui a recueilli l’opinion de plus de 12 000 personnes, indique que 97,7% des participants estiment que le personnel éducatif est traité de manière injuste. Parmi les répondants, 87,7% travaillaient dans le domaine de l’éducation, tandis que le reste était composé d’employés, d’étudiants, de demandeurs d’emploi et de retraités d’autres secteurs.

Les personnes interrogées ont également critiqué la loi régissant le secteur, affirmant qu’elle favorise les intérêts des institutions privées commerciales au détriment des étudiants et des parents. Elles se plaignent du manque de contrôle administratif exercé par le ministère de l’Éducation et de l’influence limitée des associations de parents.

Cette enquête survient à un moment où le secteur de l’éducation au Maroc est confronté à de fortes pressions. Depuis la rentrée scolaire, près de 100 000 enseignants ont déjà participé à plusieurs semaines jours d’actions et de grèves.

Les personnes interrogées considèrent cette initiative comme une tentative de saper leur lutte et de contourner leurs revendications. Elles ont perdu confiance envers les syndicats, qu’elles estiment en partie responsables de la mise en place du système fondamental en 2019.

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