Coronavirus : le Maroc réussira-t-il  la mise à niveau de ses deux secteurs vitaux,  la Santé et l’Education ? 

Le Maroc a encore frappé fort  par la mobilisation de presque  tous contre la pandémie du  Covid-19. Les urgences ont été  bien définies et les plans d’action n’ont pas  pris de temps à se mettre en place. Ceci  suppose que des femmes et des hommes  ont été mobilisés dans la responsabilité  totale. Cette circonstance nous rappelle  bien l’histoire proche du Maroc qui a  toujours montré une maturité et une  grandeur structurelle de notre pays. Nous  pouvons citer les grands moments de  solidarité volontariste par les citoyens ou  orientés pour répondre à des appels et à  des difficultés nationales, circonstanciées. 

Une solidarité inconditionnelle 

Rappelons donc la construction de la route  d’Al Wahda, avec la mobilisation du Prince  Moulay Hassan, et derrière lui, la jeunesse  marocaine, musulmans et juifs, venus de  toutes les régions pour construire cette route  qui a désenclavé le nord du reste du pays. Ou  encore le tremblement d’Agadir, à travers la  mobilisation de feu le Roi Mohammed V et le  peuple qui s’est engagé par des dons volontaires,  chacun selon sa capacité. Nous n’oublions  pas non plus les plans d’austérité qui  ont incité les Marocains à consommer moins  et à éviter la prodigalité. Par la suite, il y a eu  la Marche verte et son objectif national, celui  de libérer le Sahara marocain dans la paix.

La solidarité pour pallier aux charges de  l’Etat afin de construire la Sahara marocain,  à travers un impôt appelé impôt sur la solidarité  nationale, durant quelques années,  en est aussi un exemple. Viennent après les  sécheresses qui ont frappé notre pays et les  mesures de solidarité qui ont suivi. Les Marocains  ont toujours fait montre de discipline.  Lors de ces moments de carence, ils avaient  épargné le cheptel et ainsi les populations incapables  d’acheter un mouton. Ils ont pratiqué  la «touiza» qui consiste en un travail de  la terre par la mobilisation de l’ensemble des  ksours et agriculteurs.

Faut-il rappeler aussi la cotisation  volontaire des citoyens pour la construction  de la mosquée Hassan II, lieu saint qui a  donné à Casablanca sa place dans un genre  de tourisme ? La visite de cette mosquée fait  de la métropole un passage obligé pour les  touristes et pour les hommes d’affaires qui la  visitent.

Nous nous rappelons aussi du don des  peaux de moutons de l’Aid El Kebir, pour  soutenir des actions sociales. En plus des  campagnes annuelles de solidarité nationale,  gérées par la Fondation Mohammed VI, pour  pallier les problèmes des infrastructures sociales et qui ont donné des résultats extraordinaires,  à travers les différents programmes  de l’INDH. D’ailleurs, cette initiative continue  son travail avec une évolution significative  dans l’amélioration des conditions de la  population fragile du Maroc, dans toutes ses  catégories et à travers tous le Royaume. Le  Roi Mohammed VI, lui-même, s’est penché  sur cette initiative avec l’inauguration et le  contrôle personnel de ces programmes, petits  comme grands pour rehausser la qualité des  infrastructures et des actions sociales.

La sagesse des Marocains s’est montrée  face au printemps arabe qui a épargné au Maroc  la «fitna», si nous nous comparons aux  autres pays arabes et à nos voisins qui n’ont  jamais su tenir une paix sociale, ni contenir  leurs différends politiques !

Aujourd’hui, c’est la solidarité contre le  coronavirus, cette pandémie qui a, encore  une fois, renforcé les liens entre le peuple et  le Roi. Les grands opérateurs économiques  misent une part de leur fortune et les citoyens  participent par des actions humanistes. L’objectif  fixé pour collecter 10 Milliards de dirhams  a été atteint en seulement deux jours.  Mieux encore, cette caisse spéciale est en  train de se remplir davantage pour atteindre,  15, 20, 25… afin d’éviter la moindre carence  ou manque en faveur de la population.

Tout est encore possible 

Tous ces événements forts ont trouvé un  peuple mobilisé derrière la monarchie qui  était à l’initiative de ces grands gestes et  idées ingénieuses. Des idées qui ont pu, au  fil des années, développer une pédagogie de  solidarité, devenue innée chez tous les Marocains.  Au moindre problème ou catastrophe  déclarée, le peuple répond instinctivement,  présent. Ce sont de grandes leçons pour  d’autres pays qui attendent tout de leurs gouvernements  et qui doutent en la grandeur du  peuple marocain. N’est-ce pas là une forme  civilisée de démocratie où le peuple oublie  les différences des partis, la médiocrité de  l’administration, la corruption dont pâtissent  quelques secteurs vivants comme l’Education  et la Santé ?

L’Education et la Santé sont des secteurs  qui ont, historiquement, tiré le Maroc vers  le bas dans tous les classements des institutions  internationales, malgré tous les efforts  du fameux plan d’urgence qui a commencé  la mise à niveau de ce secteur de l’éducation,  sans pouvoir donner de grands résultats, tellement  la carence comblée était grande, celle  des équipements et des infrastructures. Les  commissions, qui ont été nommées pour  améliorer l’enseignement au Maroc, ont  toutes trébuché dans la réalisation du miracle  attendu et ceci est certainement dû à la méthode  volontairement choisie, celle de faire  participer les partis politiques et les technocrates,  à mettre en place un plan stratégique  qui restructure notre scolaire dans sa globalité.

Le Fonds de solidarité contre le coronavirus  est une occasion d’inviter nos départements  ministériels chargés de l’enseignement  à créer les contenus pédagogiques  nécessaires pour donner aux enfants du Maroc  une chance identique dans le rural ou péri-  urbain, en face de ceux des villes. Ces derniers  qui disposent de tous les moyens pour  suivre à distance leurs cours, contre ceux de  la périphérie démunis de tous les moyens pédagogiques  réels et de l’engagement de technologie  adéquate pour suivre le rythme de  l’évolution. Il est temps de remédier à cette  fracture numérique entre l’urbain et le rural.  L’enseignement doit rester l’ascenseur social,  par excellence, pour donner les mêmes  chances à ces enfants afin qu’ils retrouvent  leur place dans une société exigeante. Un  bon plan pourrait bien sauver les milliers  de jeunes qui décrochent de la scolarité, en  cours de route.

Quant à la Santé, elle n’a jamais, réellement,  bénéficié d’un plan stratégique pour  mettre en place les infrastructures nécessaires,  l’installation des équipements et matériels  adéquats et surtout, trouver les médecins  qui répondent aux grands besoins de  notre population installée en dehors de l’axe  Tanger- Agadir et Rabat- Oujda. C’est dire  que le rural et le péri-urbain ont toujours représenté  la vache maigre de certains professionnels  qui sont devenus, avec le temps, et  contre le respect du serment d’Hippocrate,  très voraces et peu compétents ! santé_éducation_corona

Ne pouvons-nous pas supposer que les  Fonds qui sont collectés pour pallier la pandémie  du coronavirus soient une aubaine  pour en faire un plan marshal et mettre à niveau  le secteur de la Santé au Maroc ?

Notre pays a, hélas, besoin de mettre à  niveau nos infrastructures et considérer les  ressources humaines des zones lointaines, à  travers une motivation salariale juste pour  faire de nos zones rurales, de nos montagnes  et de nos régions isolées, des régions d’un  Maroc qui se construit, dans un équilibre  harmonieux. Et ainsi bannir les fameux  clichés : «le Maroc utile et le Maroc inutile».  Le destin planétaire force nos institutions,  chargées de ce secteur, à agir en urgence pour  installer les investissements nécessaires, à  travers ce Fonds de solidarité, qui dispose  des moyens financiers suffisants pour rendre  notre santé digne de celle prodiguée dans les  pays qui se respectent. Nous attendons les  résultats de l’ingéniosité de nos technocrates  qui sont invités à travailler loin des politiques  pour rendre aux Marocains leur Santé et leur  dignité.

El Hassan Mihamou

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