Coût de la vie, les billets de 200 DH beaucoup plus utilisés que ceux de 100 DH
Les Marocains sont très friands du cash. Selon le rapport annuel de Bank Al-Maghrib sur les moyens de paiement, les pièces sonnantes et trébuchantes sont toujours le moyen préféré de paiement au Royaume malgré tous les efforts pour en réduire la circulation. Toutefois, la cherté du coût de la vie bascule les habitudes vers de plus grosses coupures.
Décidément, les vieilles habitudes sont tenaces. Plus on essaye de nous débarrasser de l’argent liquide, plus la fréquence d’utilisation des Marocains en cash monte en flèche. Pour le prouver, l’indicateur de Bank Al-Maghrib (BAM) sur la Circulation Fiduciaire (CF) qui a connu une augmentation de 7,2%, atteignant une valeur de 266 milliards de dirhams à fin 2019. Une évolution similaire à celle enregistrée un an auparavant, indique le département de Jouahri, en précisant qu’elle a enregistré une hausse de 4,4%, en termes de nombre, pour atteindre 1,8 milliard de billets et 2,8 milliards de pièces en 2019. En ce qui concerne les billets en circulation, elle a connu une hausse de 7,3% en valeur et de 6,3% en volume, à fin 2019, pour atteindre 263 milliards de dirhams et un volume de 1,8 milliard de billets. Cette tendance croissante vers le cash préoccupe les autorités monétaires qui tentent toujours de faire décoller le mobile banking au Maroc, faute du retard que connait le Royaume dans la mise en œuvre de ce chantier.
Les billets de 100 DH moins utilisés
La monnaie fiduciaire reste toujours dominée par les coupures de 200 DH. Les fameux billets « bleus » représentent ainsi plus de la moitié de tous les billets en circulation avec une part de 52% en 2019. Quant aux billets de 100 DH, et augmentation du coût de la vie oblige, ils ont connu un recul d’un point par rapport à 2018, passant à 36%. De leur côté, les coupures de 50 DH et 20 DH se sont stabilisées respectivement à 4% et 7%. À noter que par type de billets, 74% des billets en circulation sont de type 2012, 23% relèvent de la série d’émission 2002 et 3% sont de type 1987 actuellement en phase de retrait de circulation, souligne BAM.
D’ailleurs, en termes d’émission, « la tendance à favoriser les billets type 2012 s’est confirmée », indique Bank Al-Maghrib, en mentionnant que ces billets ont représenté 93% des sorties aux guichets au lieu de 85% un an auparavant. Les billets type 2002, quant à eux, ont représenté une part de 7%. Cette tendance s’inscrit dans le cadre de la politique de renouvellement du stock des billets en circulation visant l’amélioration continue de la qualité des billets, explique la même source.
En pièce de monnaie, Bank Al-Maghrib a indiqué qu’elle a procédé à l’émission de 89 millions de pièces neuves en augmentation de 9% par rapport à 2018. Ce volume reste dominé par les pièces de 1 DH qui y représentent une part de 42%. Les pièces de 5 DH et de 10 DH constituent des parts respectives de 13% et 8%. Les pièces de ½ DH, 20 centimes et 10 centimes suivent avec une part respective de 12%.
Un approvisionnement global d’environ 2,9 milliards de billets et 390 millions de pièces
En billet, le volume global servi à l’économie est en croissance continue, il s’est établi à environ 2,9 milliards de billets en 2019 en hausse de 6% par rapport à 2018, affirme BAM notant que les centres privés de tri (CPT) y ont contribué à hauteur de 75%, avec un volume de recyclage avoisinant 2,2 milliards de billets s’inscrivant en hausse de 6%. « Bank Al-Maghrib assure la supervision de la qualité du recyclage effectué par les CPT. Elle comble également le besoin en billets de banque grâce d’une part à l’injection de billets neufs qui a atteint un volume de sorties aux guichets de 574 millions de billets (+14%) », rappelle la Banque centrale.
En pièce de monnaie, Bank Al-Maghrib et les CPT ont réalisé un approvisionnement global d’environ 390 millions de pièces en 2019, en baisse de 2% par rapport à l’année précédente, attribuée au repli de 5% du volume de recyclage en pièces de monnaie des CPT qui s’est établi à 300 millions de pièces en 2019. Cette situation s’explique, selon le rapport de la Banque, par « le recul continu du volume des pièces traitées par les CPT d’une année à l’autre qui résulte essentiellement par le non-reflux de la monnaie divisionnaire aux banques. »
Le cash coûte cher à l’industrie bancaire
Il faut préciser que la Banque centrale a délégué, depuis 2005, aux sociétés gestionnaires des centres privés de traitement (SGCPT), l’exercice des activités de traitement et de recyclage de la monnaie fiduciaire. Au titre de la qualité des billets en circulation, l’entretien a atteint un volume de 3,2 milliards de billets, en hausse de près de 5% par rapport à l’année 2018, soit presque le double du volume des billets en circulation, signale BAM. L’émission des billets neufs, quant à elle, est en hausse de 14%, elle a concerné globalement un volume de 574 millions de coupures. De son côté, la destruction a atteint un volume de 465 millions de billets, en hausse de 50%. Des charges qui coûtent cher à l’État, dans un temps où les autorités monétaires essayent de se débarrasser du cash.
Mais la circulation fiduciaire continue aujourd’hui d’augmenter, entrainant de lourdes charges de gestion d’entretien et du recyclage, estimées à 7 milliards de dirhams par an, toujours selon la Banque centrale. Dans ce sens, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, a fait un appel, lors de sa dernière rencontre avec la presse, à l’accélération de l’opérationnalisation de l’écosystème du paiement mobile, toujours en retard.