Critique des arts plastiques : Abdellah Cheikh décroche le 1er Prix Sharjah
Abdellah Cheikh, chercheur et critique d’art marocain, vient de s’adjuger la première place de la 11ème édition du Prix Sharjah de la critique des arts plastiques pour son ouvrage intitulé « Les termes artistiques de la recherche plastique arabe : une approche médiologique de certains cas de figures marocains contemporains ».
La distinction de l’enfant prodige de la ville d’Essaouira a été annoncée par les organisateurs à travers le magazine émirati « Al-Rafid » sachant que ce prestigieux Prix est le seul et le premier à l’échelle du monde arabe à accorder une attention très particulière à la recherche critique en arts plastiques.
Pour Dr. Abdellah Cheikh « Cette consécration revêt une importance particulière dans mon parcours scientifique et critique à la fois. Indubitablement, c’est aussi le couronnement de plusieurs années de recherches académiques doublées d’humilité et d’abnégation».
Saisissant l’occasion de cette consécration, Abdallah Cheikh, qui n’est autre que le frère du grand artiste-peintre défunt, Hassan Cheikh a tenu à « rendre un hommage appuyé et saluer hautement tous les responsables et organisateurs de ce Prix illuminateur, président et membres, pour leur rôle judicieux dans la refonte des conditions de la recherche scientifique et le renforcement de ses modes de fonctionnement ».
Et d’ajouter qu’incontestablement « le Prix Sharjah pour la critique des arts plastiques est une initiative exceptionnelle et unique sur le plan arabe à plus d’un titre ». En effet, a-t-il soutenu, « depuis sa première édition en 2008, ce prestigieux Prix a établi de nouvelles traditions culturelles visuelles qui ont effectivement contribué à enrichir l’importante terminologie de la critique en dehors des jugements de valeur et des impressions en diagonale. C’est ce qu’en témoignent aussi d’éminents critiques, chercheurs et esthètes ».
Selon le natif de la Cité des Alizés, cette haute distinction se veut « une réelle motivation pilote pour la recherche et les études académiques qui ont tenté de formuler et d’élaborer un discours parallèle aux expériences créatives les plus remarquables de divers horizons, sensibilités culturelles et aventures visuelles riches et variées ».
« Ce Prix d’exception a valorisé les caractéristiques de la recherche artistique et visuelle et rendu justice à ses réalisations selon une évaluation objective. Ainsi, il a souligné les efforts entrepris par les écrivains, critiques et académiciens en son sein et ce, en parfaite harmonie avec ses éthiques générales et ses objectifs procéduraux dans le dessein d’élaborer un langage commun entre critiques, d’une part, et récepteurs réels et éventuels, d’autre part ».
Dans ce contexte-ci, a relevé Dr. Abdellah Cheikh, il faut reconnaître le fait que la scène plastique arabe regorge d’œuvres artistiques créatives, à la fois modernes et contemporaines, réussissant ainsi ses paris quantitatifs et qualitatifs, notant, toutefois, que l’on assiste « à un déclin de l’accompagnement critique de ces travaux artistiques et de leurs évolutions constantes en général ».
Ainsi, il a insisté sur l’impératif inévitable de concilier présentation créative et réception critique, comme le requiert le projet de poser les jalons et bases de la culture visuelle et de l’éducation esthétique et ce, dans un monde spectaculaire par excellence où la vie est devenue un sujet de manifestation à l’organisation sociale, basée sur la dualité de l’existence réelle et de l’apparence (être/paraître) au lieu de la dualité (être/avoir).
« Il n’est donc possible de corriger ce déclin et réussir ce pari que grâce à un tel Prix motivant qui célèbre les efforts fournis par les chercheurs et les critiques d’arts plastiques arabes et qui tend à mettre en lumière leurs œuvres, à travers l’édition et la vulgarisation, ainsi que l’ancrage de leur langage critique comme référence dans la communication interactive avec les arts visuels, en général, et les arts plastiques, en particulier », a-t-il aussi affirmé.
Dans son ouvrage couronné « Les termes artistiques de la recherche plastique arabe: une approche médiologique de certains cas de figures marocains contemporains », Abdellah Cheikh a traité le sujet avec grande précision et minutie à partir de quelques modèles représentatifs de la critique d’art d’usage au Maroc, en raison du chevauchement de leurs références cognitives et esthétiques avec leur terminologie empruntée à plusieurs disciplines scientifiques, réparties entre histoire de l’art, critique d’art et esthétique, et leur rapport avec l’émergence de nouveaux concepts tels que le « postmodernisme », « l’anti art » et « la fin de l’art ».
L’auteur s’est aussi interrogé, à travers son livre, sur certaines des expériences de la critique plastique dans le Royaume, avec un focus sur les expériences des critiques d’art, Ibrahim El Houcine et Benyounes Amirouche, ainsi que sur le penseur et l’esthète Driss Kattir.
Il a, par ailleurs, tenté d’approcher le projet de lecture du défunt chercheur et penseur Abdelkébir Khatibi, notamment à travers ses livres « Le nom arabe blessé » et « L’Art arabe contemporain ».
Abdellah Cheikh a ainsi essayé d’entamer une interprétation contemporaine qui propose plusieurs disciplines dans lesquelles se croisent critique sociologique, recherche sémiologique, critique littéraire et anthropologie.
Il a, en outre, passé en revue des aspects de l’expérience critique de l’esthète Boujemaa Achefri. Ce dernier qui, dans son expérience, privilégie la fonction symbolique des formes, en s’appuyant sur une perspective de lecture particulière, à travers ses livres « L’art entre le mot et la forme » et « L’oeil et l’oubli ».
Abdellah Cheikh a consacré sa vie depuis plusieurs décennies à l’écriture critique et à l’enseignement supérieur de différentes disciplines, allant de l’histoire de l’art à celle des civilisations, en passant par l’analyse d’images, films documentaires, théories et histoire du design… Il compte à son actif de nombreux ouvrages, notamment « Boujmâa Lakhdar : la magie du signe », « Les voix du Silence » (Tome I), « Chaïbia Talal…une légende vivante », « La communication et la publicité à l’ère de l’image », « Introduction à l’ingénierie culturelle », « Introduction à la communication institutionnelle », « Hassan Cheikh: mémoire et imaginaire », en plus de ses innombrables contributions à des livres collectifs et des traductions d’ouvrages publiés par l’artiste peintre et écrivaine Loubaba Laalej, ainsi que la coordination de plusieurs autres livres dans divers domaines artistiques.