Droits des femmes: Les inégalités de genre restent persistantes
Le Maroc s’est engagé, depuis plus de deux décennies, en faveur de la promotion de la condition féminine. Ainsi, les femmes ont été placées au centre des préoccupations du royaume. De multiples efforts ont été d’ailleurs déployés jusqu’ici pour garantir l’égalité des genres et la promotion des droits fondamentaux. Toutefois, les problématiques d’inégalité homme-femme semblent avoir la peau dure et restent persistantes.
Assurer la participation effective des femmes dans la croissance économique du royaume et garantir leur pleine jouissance des droits légitimes, ne sont que quelques unes des priorités du Maroc parmi tant d’autres. Pour preuve, l’égalité de genre et la promotion de la condition féminine occupent une place de choix dans le nouveau modèle de développement, conformément aux hautes orientations royales qui visent à élargir la participation des femmes dans les sphères économiques, politiques et sociales.
En effet, le Roi Mohammed VI a toujours placé la cause féminine parmi les priorités des réformes institutionnelles du pays. Depuis son accession au Trône, le souverain n’a eu de cesse de mettre l’accent sur la nécessité de promouvoir le rôle des femmes et d’ouvrir les perspectives de leur participation dans les centres de prise de décision ainsi que dans les institutions représentatives pour l’édification d’un Maroc avancé et fort de sa dignité.
Dans son discours du 30 juillet 2022, adressé à la Nation à l’occasion de la fête du Trône, le souverain a souligné l’importance et la nécessité de l’autonomisation des femmes comme étant un marqueur déterminant pour le développement du pays.
« Aussi est-il indispensable que tous les Marocains, hommes et femmes, prennent une part active à la dynamique de développement. C’est pourquoi, Nous insistons une fois encore sur la nécessité que la femme marocaine apporte son plein concours dans tous les domaines. » Soulignant, par ailleurs, que le royaume veille à ce que toutes les femmes accèdent pleinement à leurs droits et jouissent des libertés fondamentales qui leurs sont reconnues.
« L’esprit de la réforme ne consiste pas à octroyer à la femme des privilèges gracieux, mais, bien plus précisément à lui assurer la pleine jouissance des droits légitimes que lui confère la Loi. Dans le Maroc d’aujourd’hui, il n’est en effet plus possible qu’elle en soit privée. », a-t-il soutenu.
Dans ce sens, de nombreuses avancées ont été réalisées en matière d’amélioration de la condition féminine. Et ce, grâce notamment aux multiples partenariats conclus en vue de lutter contre toute forme de discrimination à l’égard des femmes. Parmi lesquels figure, le programme de partenariat conclu entre le ministère de la Justice et l’Entité des Nations Unies (ONU-Femmes Maroc), le 28 juillet 2022 à Rabat, et qui porte sur la promotion de l’égalité des genres dans la législation marocaine et les pratiques professionnelles dans le secteur de la justice.
L’objectif étant de permettre aux femmes d’être plus autonomes et mieux outillées pour consolider leur rôle au sein de la famille et de la société.
Les inégalités persistent
Certes, le Maroc a franchi un grand pas en matière des droits de la femme. Toutefois, les inégalités de genre semblent avoir la peau dure et restent persistantes. En effet, les statistiques dévoilées, le 10 mars, par le Haut-Commissariat, sur la situation de la femme dans les divers secteurs d’activité indiquent que les disparités entre les femmes et les hommes existent toujours notamment au niveau du marché de l’emploi.
La quasi-totalité des branches économiques font état d’un écart salarial de 30% en défaveur des femmes. Sachant que ce taux reste beaucoup plus important dans le secteur de l’industrie. D’autres statistiques montrent que le taux d’activité global des femmes est passé de 22,6% au premier trimestre de 2020 à 20% au 1er trimestre 2022. Il ressort également de l’étude menée par le HCP, qu’en début 2022, deux hommes sur trois sont actifs, soit un taux de 62,3% contre une femme sur six, soit 16,6%.
Mais pas que, même au niveau de l’accès aux terres, les femmes ne jouissent pas des mêmes droits que les hommes. Chose qui a interpellé l’Agence Millennium Challenge Account-Morocco (MCA–Morocco) ayant organisé, le 11 mars 2021, une table ronde consacrée à l’examen des moyens d’améliorer l’accès des femmes au foncier et leur participation à la gouvernance foncière. Ce qui est susceptible de leur conférer une certaine autonomie et leur permettre de faire entendre leur voix dans différents domaines du monde rural.
Un long chemin reste donc à parcourir pour assurer l’autonomisation économique des femmes.
Le Maroc s’est, certes, doté d’un arsenal juridique dont la vocation principale est de combattre toutes les formes de la violence à l’égard des femmes. Toutefois, l’instauration de l’égalité des genres se trouve intrinsèquement liée à l’éducation que l’on inculque aux futures générations. Elle est même profondément conditionnée par les valeurs transmises aux jeunes dès leur jeune âge. Un enfant, ayant grandi dans un environnement envahi de préjugés et stéréotypes et fondé sur un modèle patriarcal, qui donne tout le privilège à l’homme au détriment des femmes, sera certainement influencé par ces idées qui se refléteront sur ses attitudes et sa manière d’agir.