« Energies renouvelables, opportunités de développement pour l’Afrique »: avis de Saïd Mouline

Au menu du Forum Crans Montana qui a ouvert ses travaux, vendredi 15 mars 2019 à Dakhla, sous le thème « Bâtir une Afrique puissante et moderne au service de la jeunesse », Khadija Sansar a interviewé pour nous monsieur Said Mouline, Directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité (AMEE) qui a souligné que  » tirer profit de l’immense potentiel dont dispose le continent africain en matière d’énergies renouvelables est tributaire d’une bonne gouvernance et de la mise en place d’institutions professionnelles et spécialisées ».

_ un panel sur les «Energies renouvelables, opportunités de développement pour l’Afrique». Que pouvez-vous dire sur la transition énergétique en Afrique ?

L’Afrique dispose d’un potentiel exceptionnel en énergies renouvelables, notamment en hydraulique dont les ressources sont largement sous exploitées, le solaire photovoltaïque ou l’éolien qui sont disponibles abondamment et qui sont devenus très compétitifs. Malgré cela, le niveau d’accès à l’énergie en Afrique est, en effet, inférieur à la moyenne mondiale, avec moins de 10 pour cent pour certains pays. En 2017, près de 600 millions d’habitants du continent africain restaient privés d’accès à l’électricité. Ce faible taux d’approvisionnement énergétique constitue en effet un frein au développement économique et social de ces pays. Le message royal a indiqué la volonté de faire de notre continent une terre d’avenir. Lors de ce panel nous avons dit que le monde connaît une révolution énergétique, il faut que l’Afrique en profite au maximum et nous avons tous les moyens pour le faire. Notre pays, avec cette vision pro-active portée au plus haut niveau de l’état, a permis la mise en place des mix énergétiques intégrant les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, un climat favorable à l’investissement, l’amélioration de la gouvernance du secteur, le développement de partenariats public-privé et l’approvisionnement énergétique décentralisé notamment en milieu rural.

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La refonte du système énergétique africain doit se faire donc sur des bases solides, pour des raisons de développement durable mais aussi de sécurité énergétique et de généralisation de l’accès à l’énergie. Cette dynamique devrait être accompagnée par l’échange d’expertises et le renforcement de capacité entre nos pays.

_ Quel impact aura la création d’une zone de libre échange en Afrique sur le secteur de l’énergie ?

Une zone de libre-échange continentale qui concerne les marchandises en premier lieu et intégrant l’échange d’énergie est un projet en cours de création. Avec ce projet, les entreprises africaines seront plus compétitives et pourront satisfaire la consommation intérieure de chaque pays, mais aussi exporter et échanger facilement avec d’autres pays de la région. Il est à souligner que la mise en place de ce libre échange s’accompagnera nécessairement par le développement des infrastructures de transport et des réseaux d’échange de l’énergie électrique ou fossile. Notre pays est interconnecté avec l’Espagne au Nord, avec l’Algérie à l’Est et des études sont en cours pour une liaison au Sud avec la Mauritanie. Les interconnexions permettent de valoriser au mieux les ressources renouvelables de toute la région. C’est une grande opportunité qui se présente pour développer ces réseaux d’échange énergétique entre tous les pays, mais aussi pour ouvrir davantage le marché aux entreprises africaines œuvrant dans le secteur de l’énergie. Le potentiel en énergies fossiles et renouvelables que dispose plusieurs pays africains, ainsi que l’opportunité de développer les projets d’efficacité énergétique et de maîtrise de la demande devront aussi être démultipliés dans le cadre de ce grand projet.

_ Le Continent Africain est le grand marché énergétique de demain. Quels sont ses atouts ?

Il est temps que le potentiel énorme en énergie fossile et renouvelable du continent serve d’abord les citoyens du continent. Il n’est pas normal d’avoir ce potentiel et près de la moitié de la population sans électricité. A l’instar du secteur des télécommunications qui grâce au téléphone mobile, a permis de faciliter les connexions entre citoyens africains, cette transition énergétique mondiale peut permettre de rattraper le retard dans un modèle économique, environnemental et social si des entreprises africaines sont impliquées dans cet énorme marché.

Propos recueillis par Khadija Sansar

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