Face au Covid-19, le vrai visage   des gouvernants mondiaux  

Il a fait voler en éclats l’illusion d’une communauté   internationale et d’une mondialisation   irréversible. Il a, par-dessus tout, permis   de dévoiler le vrai visage de ceux qui nous   dirigent aux quatre coins du monde. Tous exposés   au Covid-19, politiques, chefs d’entreprises ou leaders   de la société civile se sont dévoilés. Ce qui va   changer ?

La mondialisation était heureuse lorsqu’elle permettait   de délocaliser la production industrielle dans   les contrées où la main d’oeuvre est bon marché, de   dominer la finance mondiale ou de coloniser la sphère   des idées. Devant la mondialisation du risque, les   masques sont tombés. Politiques, chefs d’entreprises   ou leaders de la société civile, chacun y va de sa partition.  mondialisation

Devant la peur, les populations n’ont qu’une obsession   : être protégées par l’Etat. Preuve que la communauté   internationale relève davantage de la rhétorique   des relations interétatiques par temps de paix dans   les pays industrialisés… L’Etat en sort grandi et des   leaders nationalistes renforcés. A court terme, rien ne   laisse présager un repli de cette trajectoire.

Autre avancée irréversible : le travail à distance et   la montée en puissance de la place de l’internet. Plus   que jamais, les administrations publiques et privées   sont contraintes de renforcer leur capacité à faire face   à de longues périodes d’isolement. Les décideurs des   pays de Sud devront conjuguer cette exigence avec   celle de la fourniture d’énergie électrique.

Si, à ce stade le grand gagnant est l’Asie, première   à maîtriser la pandémie, à initier un plan de relance   massif et à apporter son aide aux pays fragilisés,   l’Europe en sort affaiblie. Le vieux continent paye un   lourd tribut à sa réaction aléatoire. Entre les deux, une   Amérique incertaine et une Afrique – à plusieurs vitesses   – qui, dans son ensemble, se presse lentement.

Grosse déception à la vue des leaders associatifs et  syndicaux, souvent prompts à attaquer la décision publique,   dans les pays en développement. Alors que les   premiers cas de contamination au Covid-19 venaient   de l’étranger, ils ont manqué l’occasion historique de   manifester pour la fermeture, sans concession, des   frontières pour cause de santé publique.

La terrible rencontre entre le leader incompétent,   le virus mortel et l’absence de dispositif adéquat de   gestion des risques ouvre la voie à un monde incertain,   plus fermé, moins prospère. Cette conjonction   renforce aussi, heureusement, la nécessité de minimiser   l’exposition aux pays industrialisés et d’accroître   l’autonomie des Etats africains notamment.

Devant la peur,   les populations   n’ont qu’une   obsession : être   protégées par   l’Etat. 

A l’arrivée, le nouveau désordre mondial instauré   par le Covid-19 verra les citoyens se tourner vers des   leaders nationalistes pour les protéger, vers des Etats   stratèges pour leur garantir l’autonomie et vers des   entreprises capables de réduire leur vulnérabilité, en   s’équipant notamment de dispositifs permettant de   fonctionner dans des circonstances exceptionnelles.

Un tel contexte exacerbe la sensibilité de l’intelligence   économique aussi bien pour les décideurs du   public que du privé. A travers le triptyque défense-attaque-   influence, s’interroger de manière proactive,   collecter, traiter et diffuser de manière rapide et sécurisée   le renseignement utile aux dirigeants cesse   d’être une option. C’est une question de survie.

   Guy Gweth

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