Face aux périls, défendons les acquis !

Nous vivons l’une de ces époques où les périls menacent fronta­lement les atouts, l’irrationnel infecte gravement jusqu’aux relations internationales et le droit du même nom.

La guerre des marchés est déclarée entre les superpuissances et le reste du monde n’y peut rien, tant les arrogances y sont injectées à coups de tweets et de déclarations incendiaires.

Et pendant ce temps-là, chez nous, les « poussettes coraniques » conti­nuent à sillonner nos artères avec leurs haut-parleurs tonitruants, les is­lamistes qui dirigent le gouvernement s’incrustent, insidieusement, au coeur des centres névralgiques de l’Etat et –plus grave encore- les élites politiques « bienpensantes» copinent avec le discours prétendument «authenticitaire» au lieu de trancher vaillamment avec les archaïsmes !

Et pendant ce temps-là, s’épanouit, de plus belle, une islamophobie fou­droyante qui pointe le Musulman vivant en Occident, qualifié allègrement et im­punément de « rustre, frustre, goujat, terroriste, fourbe, déloyal, misogyne, profiteur, tricheur… » et que sais-je encore. L’Amérique de Trump et l’Eu­rope rivalisent copieusement dans cette honteuse « chasse au bougnoule », sans que le droit des gens et même le droit in­ternational dont se targuent les Occiden­taux n’y trouvent rien à y redire !

Qui protègerait ma famille, cette cellule de base de la société, si l’Etat est affaibli, défié, déstabilisé ou carrément démantelé, qui ? Prenons garde à ne pas confondre gouvernement et Etat. Le premier passe et le second doit demeurer.

Est-ce ainsi que l’on glorifie les nobles Déclarations et autres Actes universels et européens proclamés solennellement et imposés au reste de l’humanité ?

Une sphère musulmane donc malade de sa « grippe mentale » et un Occident souffrant de son épidémie ethnocentriste ne font pas dans la construction d’une transculturalité enceinte de paix et de bien-être et, encore moins, d’une véri­table civilisation de l’universel !

Oui, notre époque est périlleuse, au moment même où les technologies agri­cole, spatiale, énergétique font des bonds spectaculaires !

Face aux périls qui guettent l’en­semble de l’humanité, en premier lieu les sphères arabe et musulmane, le Maroc se doit de redoubler de vigilance et de réac­tivité à tous les niveaux.

Mais s’il est une urgence à privilégier, ce ne serait rien d’autre que la défense acharnée de nos acquis.

Défendre vaillamment les acquis

Maintenant, quels sont les acquis concrets qu’il nous est vital de dé­fendre, s’il le faut au prix de notre sang ? Viennent en premier lieu les li­bertés récemment acquises et que nous ne pouvons laisser périr par le venin des «pisseurs de fatwas» salafistes. Suit la première de ces mêmes libertés qui se trouve être précisément – second acquis – la sécurité, au sens le plus large. Comment se mouvoir, s’exprimer, ai­mer, créer, entreprendre…etc, si la sécu­rité des biens, des personnes et des ins­titutions régulatrices n’est pas assurée au moyen des prérogatives constitutionnelles et ré­galiennes de l’Etat ?

Parlons donc de l’Etat ! Ghazali en sou­ligne l’«impérieuse né­cessité» en considérant « les avantages pro­curés et les inconvé­nients évités ». Hegel ne dit pas autre chose en écrivant : «Par rap­port à la famille et à la société civile, l’Etat constitue une nécessité extérieure et une force ascendante. Les lois et les intérêts de cette nécessité et de cette force s’adaptent à la nature de l’Etat, mais celui-ci demeure le but. Sa forme émane du de­gré de concordance du bien public avec les intérêts par­ticuliers». Abdellah Laroui, qu’on ne peut accuser d’amateur de certitudes anhistoriques, place l’intégrité de l’Etat à la tête des agrégats de toute modernité.

Il faut donc défendre l’acquis central qu’est l’Etat. Quand il est de droit ou s’il est en voie de le devenir, comme dans notre cas, il mérite qu’on aille jusqu’à sacrifier une partie de son confort ins­titutionnel pour, en l’occurrence, empê­cher que le fascisme pileux n’en vienne à le désintégrer.

Qui protègerait ma famille, cette cel­lule de base de la société, si l’Etat est affaibli, défié, déstabilisé ou carrément démantelé, qui ?

Face aux périls qui guettent l’ensemble de l’humanité, en premier lieu les sphères arabe et musulmane, le Maroc se doit de redoubler de vigilance et de réactivité à tous les niveaux.

Prenons garde à ne pas confondre gouvernement et Etat. Le premier passe et le second doit demeurer. Fragiliser loyalement une équipe ministérielle, quelle que soit la teneur de sa gestion en termes de bonne gouvernance, dans le but de transcrire sur le terrain, en son lieu et place, une autre démarche pro­grammatique, n’est qu’une péripétie naturelle du jeu démocratique. Dénon­cer les moeurs d’un autre âge est non seulement un droit mais un devoir. Mais fragiliser l’Etat, notamment au moyen d’envolées démagogiques, politiciennes ou -pis- sectaires, participe d’un pathos périlleux que ce même Etat se doit d’éra­diquer avec le soutien résolu de chaque citoyen, de tout démocrate digne de ce nom. Point de débat quand les épées et les bâtons de dynamite sont brandis ! En tout état de cause, le droit doit continuer à pénétrer l’Etat.

C’est là le prix de toute modernité. De « notre » modernité propre.

 Abdessamad Mouhieddine

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