Fermeture des ports : L’Algérie en mode autarcie

Dans un contexte de tensions diplomatiques avec le Maroc, l’Algérie a récemment pris une décision qui pourrait avoir des implications économiques et commerciales majeures. Selon un document attribué à l’Association professionnelle des banques et institutions financières, l’Algérie a décidé de « rejeter tout processus de localisation concernant les contrats de transport qui incluent le transbordement/transit depuis les ports marocains ». Cette décision a été confirmée par le directeur général du Bureau des études d’investissement en Algérie, Nabil Jomaa, qui a déclaré que « cette mesure souveraine n’affectera ni le coût du transport ni les chaînes d’approvisionnement ».

Fermer les ports au navires marocains est la nouvelle trouvaille des autorités algériennes. Cette décision intervient dans un contexte de crise diplomatique entre l’Algérie et le Maroc. En août 2021, l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc avec une accusation grotesque en l’accusant de « comportements hostiles » et d’« ingérence » dans ses affaires internes. Ce qui est une véritable aberration d’autant que Alger fait de la question du Sahara marocain une affaire personnelle qui est loin d’être son affaire. D’ailleurs l’ONU considère l’Algérie comme partie prenante au conflit. En plus la dernière déclaration de président Abdelmajid Tebboune confirme cette ingérence algérienne quand il a déclaré lors d’une interview sur Al Jazeera que l’Algérie n’abandonnera pas le Polisario.

En outre, l’Algérie a pris des mesures à l’encontre de certains pays africains qui ont manifesté leur soutien au Maroc ou qui ont participé à une initiative économique lancée par le Roi Mohammed VI. L’Algérie a suspendu les prêts qu’elle accordait à la plupart de ces pays et a restitué les fonds alloués au Trésor public. Cette décision a été interprétée par certains observateurs comme une sanction pour ces pays qui se sont rapprochés de Rabat, tandis que des observateurs pros algériens ont estimé qu’il s’agissait d’une décision souveraine de l’Algérie face aux tensions diplomatiques sur le continent africain. Quoi qu’il en coûte Alger perd du terrain en Afrique vu ses positions hostiles à tout. La dernière en date c’est la violente crise diplomatique qui l’a opposé au Mali qui l’accusé d’ingérence et d’entente avec les ennemis de son Etat.

Les économistes algériens quant à eux considèrent que la décision d’empêcher le transit des importations par les ports marocains est « une continuation du reste des décisions prises depuis la rupture des relations entre les deux pays ». Ils affirment que cette mesure n’aura pas d’impact négatif sur l’économie algérienne, car seules une partie des importations algériennes transitaient par cet axe, notamment celles en provenance des Amériques.

Ils soulignent également que l’Algérie dispose de la capacité nécessaire pour accueillir le volume croissant des importations dans ses propres ports. « L’Algérie compte 20 ports sur son littoral, dont 8 ports dotés d’une grande capacité de réception et d’acheminement des matériaux vers et depuis l’étranger conformément aux normes internationales », a déclaré Jomaa. Il a toutefois reconnu que ces ports n’étaient « pas suffisants à l’heure actuelle en raison de leurs limitations en termes d’absorption de toutes les expéditions d’importation, qui peuvent entraîner des dépenses supplémentaires pour retard dans le déchargement des navires », ce qui encore une décision épidermique des autorités algériennes quant on connait la fragilité de l’économie du pays.

Selon les autorités algériennes, la solution réside dans la mise en service du port de Hamdaniya, en construction dans la région de Charchal, à l’ouest de la capitale Alger. Ce port, qui devrait être achevé en 2025, aura une capacité de 6,3 millions de conteneurs par an, et Alger rêve d’avoir le « plus grand port d’Afrique et du bassin méditerranéen ». Avec ce port l’Algérie voudrait diversifier ses partenaires commerciaux et de réduire sa dépendance vis-à-vis des ports étrangers. Cependant, il reste à voir si cette stratégie sera suffisante pour compenser les pertes dues à la fermeture des ports au Maroc.

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