Fès : Arrestation de 14 hauts responsables et entrepreneurs
Le procureur général de la cour d’appel de Fès a ordonné la détention préventive de 14 personnes, dont le chef de l’arrondissement de Jnan el-Ouard ainsi que d’autres responsables. Elles ont été appréhendés par la police judiciaire pour leur implication présumée dans des infractions en matière de construction. Les suspects seront présentés au tribunal ce vendredi.
D’après des sources médiatiques, l’escadron régional de la police judiciaire a lancé des enquêtes il y a quelques semaines, sur instruction du procureur du Roi de Fès. Ces investigations faisaient suite à une plainte de Said Zniber, wali de la région Fès-Meknès, dénonçant des infractions et manipulations dans le secteur de la construction à Jnan el-Ouard. Plus de cent personnes ont été entendues, certaines révélant des pratiques de chantage pour l’obtention de permis de construire et de raccordement aux réseaux d’eau et d’électricité.
Les résultats de ces enquêtes ont mis en lumière de graves violations dans la gestion du secteur de la construction et l’existence d’un réseau d’extorsion de citoyens et d’entrepreneurs. En conséquence, le procureur du Roi a ordonné la détention préventive de quatorze personnes. Parmi elles figurent Reda Laassel, affilié au parti RNI, son adjoint Said Bouaayad du parti de l’Istiqlal, ainsi que plusieurs lieutenants-colonels urbains, des entrepreneurs, et des courtiers accusés de faciliter l’octroi de permis et de raccordements illégaux en échange de pots-de-vin.
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Les suspects doivent être présentés au tribunal ce vendredi 19 juillet 2024. Un agent d’autorité de rang commandant sera entendu en garde à vue conformément à la procédure du privilège judiciaire, qui prévoit des traitements spécifiques pour certains fonctionnaires accusés de crimes.
Ce scandale survient après l’arrestation, il y a quelques mois, de Jawad Marhoum, conseiller communal du Parti Authenticité et Modernité (PAM). Marhoum, également chef adjoint de la commune de Jnan el-Ouard et membre de la Chambre de commerce, d’industrie et de services, avait été pris en flagrant délit de réception d’un pot-de-vin de 15 000 dirhams. Il avait été piégé par la police judiciaire suite à la plainte d’un entrepreneur. Les billets de banque utilisés comme preuve portaient les mêmes numéros de série que ceux copiés par le ministère public. Marhoum a été condamné à un an et demi de prison.
Cette série d’arrestations met en lumière les graves dysfonctionnements et la corruption endémique affectant le secteur de la construction à Fès, et soulève des questions sur la gestion et la transparence des autorités locales.