Finances publiques : Le gouvernement face au dilemme des équilibres macroéconomiques

Par Bachir Abdallah

Après que S.M. le Roi Mohammed VI a inauguré la session parlementaire pour l’année 2023/2024 le vendredi dernier, l’un des principaux sujets des prochaines semaines sera le projet de loi de Finances pour l’année 2024. Cependant, les différents programmes engagés par le gouvernement risquent de rendre plus complexe le PLF.

Dans la situation internationale complexe d’aujourd’hui, élaborer un projet de loi de Finances n’est pas une tâche facile, compte tenu de beaucoup d’incertitudes géopolitiques. Sur le plan national, les différents plans et réformes engagés par le gouvernement vont aussi rendre plus complexes la bonne visibilité et la cohérence du PLF-2024. Des contraintes sociales, la relance économique, des conditions climatiques incertaines, de l’organisation de la Coupe d’Afrique de 2025 et l’approche de la Coupe du monde de football 2030 en collaboration avec le Portugal et l’Espagne, viennent s’ajouter aux défis.

Malgré toutes ces contraintes, la question centrale de la planification sera de déterminer comment faire face aux conséquences du violent tremblement de terre d’Al Haouz et comment financer l’extension annoncée par S.M. le Roi Mohammed VI de la protection sociale à d’autres groupes de population. Le PLF-2024 devrait être présenté au Parlement avant le 20 octobre.

Le processus législatif du projet de loi de Finances a débuté mi-octobre. Selon la Constitution, le PLF-2024 doit être présenté à la Chambre des représentants du Parlement avant le 20 octobre. En plus, le projet de loi de Ffinances contenait plus de contradictions que tout autre projet dans le passé. En fait, la planification budgétaire est déjà bien avancée, puisque les comités spécialisés ont discuté des plans sectoriels depuis plusieurs semaines, même pendant la pause parlementaire d’été.

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Des charges supplémentaires de plusieurs milliards de dirhams doivent être prévues. La première priorité du PLF 2024 est sans aucun doute de mobiliser les fonds nécessaires pour mettre en œuvre la première phase de la reconstruction des zones dévastées par le tremblement de terre du 8 septembre 2023. Ce projet nécessite un budget total de 120 milliards de dirhams sur une période de cinq ans.

Cependant, la réalisation de ce projet ne peut pas être repoussée. Néanmoins, compte tenu de la situation économique actuelle, ce budget dépasse les capacités des finances publiques. Il est également nécessaire d’augmenter le budget des subventions pour améliorer les conditions sociales de la population et préserver son pouvoir d’achat. Il en va de même pour les impôts généraux afin d’atténuer les effets de l’inflation et d’une autre année agricole difficile.

L’extension de la protection sociale coûte 10 milliards de dirhams. Sans oublier les besoins de financement découlant de la mise en place du programme d’aide sociale et de la mise en œuvre de la protection sociale. Il faut également prendre en compte les besoins de financement des réformes dans les domaines de la santé et de l’éducation. Rien que pour cela, il faudra prévoir un budget additionnel de 10 milliards de dirhams l’année prochaine.

La Coupe du monde de football 2030 a aussi un coût. Mais ce n’est pas tout. L’organisation de la Coupe d’Afrique 2025 figure également sur la liste des contraintes budgétaires. Le gouvernement devra allouer des fonds budgétaires à partir de 2024 pour s’assurer que les infrastructures nécessaires et d’autres programmes seront mis en branle en temps voulu. En d’autres termes, la préparation de ces événements sportifs a déjà commencé et le PLF-2024 doit en tenir compte, même si leur date n’est pas encore arrivée. Peu importe la compétence d’un gouvernement, cette tâche budgétaire avec autant de contraintes n’est pas facile. Le Maroc devra relever des défis à la fois nationaux et internationaux, et s’il n’y pas une bonne vision, voire, une stratégie, qui s’appuient sur une cohérence et une vision dynamique, en ces temps de pénurie et d’incertitude, les contreperformances risquent d’être coûteuses pour le Royaume.

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