Forum de Rabat : Ibou Gueye souligne l’urgence d’une diplomatie parlementaire forte
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À l’occasion du Deuxième Forum des Présidents des Commissions des Affaires Étrangères des Parlements Africains, qui se tient les 20 et 21 février à Rabat sous le thème « Vers la mise en place de fondements durables pour la stabilité et la sécurité en Afrique », Ibou Gueye, député sénégalais et président de la Commission défense et sécurité, revient sur les défis majeurs qui se posent au continent en matière de coopération parlementaire, de médiation et de consolidation de la paix. Dans cet entretien, il souligne l’importance d’une diplomatie parlementaire forte, du rôle des législateurs africains dans la pacification des espaces et de la nécessité d’une action concertée face aux menaces sécuritaires. Il évoque également les priorités du Parlement sénégalais et la place du Sénégal dans les dynamiques d’unification et de médiation en Afrique, tout en mettant en lumière les relations stratégiques entre le Maroc et le Sénégal sur le plan parlementaire.
Vous êtes au Maroc dans le cadre du deuxième Forum des Présidents des Commissions des Affaires Etrangères des Parlements Africains. Tout d’abord, quel regard portez-vous sur la coopération parlementaire en Afrique ?
Ibou Gueye. Je pense que la coopération parlementaire en Afrique est une réalité aujourd’hui, et l’organisation de ce deuxième forum en est la preuve. Ce forum, qui réunit les commissions des affaires étrangères et de la défense, témoigne de la volonté de renforcer la diplomatie parlementaire. Il est essentiel d’y donner un contenu concret, car les parlementaires ont un rôle majeur à jouer dans l’intégration des peuples et dans la pacification de nos espaces en Afrique. Il est donc impératif que tous les parlements africains assument pleinement cette responsabilité.
Quels sont, selon vous, les principaux enjeux qui se posent dans l’accomplissement de votre mission au sein de votre pays ?
L’un des enjeux fondamentaux aujourd’hui est de créer un cadre de dialogue et de médiation face aux défis auxquels l’Afrique est confrontée, notamment en matière de sécurité. L’instabilité sécuritaire constitue un frein majeur au développement de notre continent. Il est donc primordial de mettre en place des initiatives parlementaires capables de contribuer à la consolidation de la paix et au développement socio-économique.
Vous avez récemment été élu au Sénégal, un pays où les attentes de la population sont fortes sur plusieurs fronts : la sécurité, la souveraineté, l’énergie, l’économie, entre autres. Quels sont les axes prioritaires du Parlement sénégalais aujourd’hui ?
L’agenda du Parlement sénégalais repose avant tout sur l’accomplissement de sa mission de contrôle de l’action gouvernementale. Mais au-delà de ce rôle traditionnel, il s’agit aussi d’accompagner le gouvernement par des propositions concrètes et des initiatives législatives majeures. Il est crucial que certaines réformes et projets émanent du Parlement lui-même. Par ailleurs, notre priorité est de créer un environnement pacifié et propice à l’épanouissement des potentialités économiques et sociales du Sénégal, afin d’atteindre les objectifs fixés par notre gouvernement.
Ce forum réunit une quarantaine de pays africains, mais certains ne sont pas présents. Pensez-vous que l’absence d’une position unifiée de l’Afrique sur certaines questions affaiblit les dynamiques que vous souhaitez instaurer ?
Absolument. Comme l’a souligné un intervenant hier, l’Afrique doit parler d’une seule voix sur la scène internationale. Il n’est pas dans l’intérêt du continent d’adopter des positions fragmentées ou divergentes. L’enjeu est donc de fédérer tous les pays africains autour d’une vision commune, ce qui renforcerait notre poids dans les discussions mondiales et faciliterait nos échanges avec le reste du monde.
Quel rôle le Sénégal peut-il jouer pour renforcer cette unité et cette coopération ?
Le Sénégal a toujours eu une position de leader en matière de diplomatie régionale et continentale. Il est aujourd’hui attendu qu’il joue un rôle clé, notamment dans la médiation avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) et dans le maintien du dialogue avec la CEDEAO. De la même manière, le Sénégal doit s’investir pleinement dans la promotion de la diplomatie parlementaire à l’échelle africaine, afin de fédérer les parlements du continent et de renforcer leur action en faveur de la sécurité et du développement.
Comment percevez-vous les relations entre le Maroc et le Sénégal sur le plan parlementaire, et quelles pistes envisagez-vous pour renforcer cet axe de coopération ?
Les relations entre le Maroc et le Sénégal ont toujours été excellentes, ancrées dans une histoire commune et une coopération solide. Le Maroc est un partenaire stratégique pour le Sénégal, et cette relation est fondée sur la confiance et la complémentarité. Sur le plan parlementaire, il est essentiel de renforcer cette coopération à travers des échanges réguliers et des actions communes. Le Maroc joue un rôle moteur dans les initiatives parlementaires africaines, et le Sénégal doit être un acteur clé aux côtés du Maroc pour faire avancer ces dynamiques et atteindre nos objectifs communs.