France : le gouvernement catégoriquement opposé au rachat de Carrefour par le canadien Couche-Tard
Le gouvernement français s’est dit catégoriquement opposé, vendredi, au rapprochement entre les groupes de distribution français Carrefour et canadien Couche-Tard, au nom de « la sécurité alimentaire » de la France.
L’exécutif oppose un refus « clair et définitif » à ce rapprochement, a déclaré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
« Ma position, c’est un non courtois, mais clair et définitif », a insisté le ministre dans des déclarations relayées par les médias du pays.
Mercredi, Bruno Le Maire avait indiqué qu’il n’était « a priori pas favorable » à une telle opération au nom de la « sécurité alimentaire » des Français.
« Cette crise sanitaire nous a appris une chose: c’est que la sécurité alimentaire n’a pas de prix », a souligné le ministre de l’économie français, évoquant le rôle de la grande distribution pendant le premier confinement pour assurer l’approvisionnement des Français.
« La sécurité alimentaire est stratégique pour notre pays et donc on ne cède pas l’un des grands distributeurs français », a-t-il encore affirmé.
Bruno Le Maire a également relevé que le groupe Carrefour est le premier employeur privé de France avec près de 100.000 salariés et qu’il « représente près de 20% de la distribution alimentaire dans notre pays ».
Le gouvernement a à sa disposition une réglementation juridique pour s’opposer à ce rachat, notamment la réglementation sur le contrôle des investissements étrangers, qui lui permet de bloquer des opérations de rachat dans l’industrie agro-alimentaire, a affirmé Bruno Le Maire.
« Nous avons l’instrument juridique à notre disposition, je préfère ne pas avoir à l’employer », mais le ministère de l’Economie l’actionnera « s’il le faut », a assuré le ministre français de l’Economie.
Depuis janvier 2020, le gouvernement peut bloquer une acquisition lorsque l’investisseur étranger envisage d’acquérir au moins 25% du capital d’une société française. Avant cette date, le seuil était fixé à 33,33%.
En avril dernier, ce seuil a même été abaissé à 10%, d’abord jusqu’à fin 2020, puis jusqu’en décembre 2021, du fait de la crise sanitaire.
Le groupe canadien Couche-Tard a dévoilé mercredi une offre « en vue d’un rapprochement amical » avec le distributeur français Carrefour, et ce dernier a annoncé qu’il allait l' »examiner ».
Dans « une lettre d’intention non-engageante en vue d’un rapprochement amical » adressé au groupe Carrefour, Couche-Tard propose un prix de 20 euros par action qui valoriserait le distributeur français à plus de 16 milliards d’euros hors une dette de plusieurs milliards d’euros que devrait également reprendre le groupe canadien.
Spécialisé dans la vente d’essence (plus de 70% de ses ventes) et les magasins de petit format, le groupe canadien a généré 44,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur le dernier exercice annuel (2019-20).
Le groupe, qui compte plus de 130.000 employés dans le monde (contre 320.000 pour Carrefour), a été créé au Québec en 1980. Il s’est établi aux États-Unis au début des années 2000, en Europe du Nord en 2012 puis sur le marché asiatique fin 2020 via de multiples acquisitions externes.
( Avec MAP )