France : Le président Macron admet avoir été maladroit dans sa gestion de la politique de la ville

Au terme de sept nuits tumultueuses, où les dégâts causés par les émeutes ont été considérables, le président Emmanuel Macron conserve une prudence mesurée quant au rétablissement de l’ordre. Cependant, il estime que le sommet de la violence est désormais passé. Dans une volonté de rassembler et d’agir, il a convoqué les maires des villes les plus durement touchées à l’Élysée afin d’échanger sur la situation préoccupante.

Bien que le nombre d’interpellations ait diminué lors de la dernière nuit, avec seulement 72 personnes arrêtées, dont 24 à Paris et dans sa proche banlieue, de nouvelles destructions ont néanmoins été signalées. Certains locaux de police et de gendarmerie ont été attaqués, et à partir de mardi soir, les bus et tramways de la région parisienne cesseront à nouveau de fonctionner dès 22 heures, une heure plus tard que les derniers jours, afin de garantir la sécurité des passagers et du personnel.

Selon les chiffres du ministère français de l’Intérieur, depuis la nuit du 27 au 28 juin, 3 486 personnes ont été interpellées, 12 202 véhicules ont été incendiés, 1 105 bâtiments ont été brûlés ou endommagés, et 209 locaux des forces de l’ordre ont été attaqués. Des établissements scolaires ont également subi des dommages importants, tandis que plus de 1 000 commerces ont été vandalisés, agressés ou incendiés, selon le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.

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Malgré le début des vacances d’été pour de nombreux jeunes français, le gouvernement maintient, depuis une semaine, des dispositifs de maintien de l’ordre massifs. Près de 45 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour tenter de contenir les violences. Les émeutes ont atteint leur apogée dimanche avec l’attaque au véhicule-bélier de la résidence d’un élu de la banlieue sud de Paris, Vincent Jeanbrun, maire de L’Haÿ-les-Roses, qui a contraint sa famille à fuir.

Le président Macron reçoit les maires et prévoit de sanctionner

En rencontrant les maires, le président Macron souhaite entamer un travail approfondi pour comprendre les causes profondes de ces événements. Les émeutiers, qui s’en prennent aux symboles de l’État, largement présents dans les quartiers pauvres, expriment une haine envers la police qui est désormais banalisée, et le sentiment de rejet est renforcé, en particulier chez les jeunes d’origine étrangère et de confession musulmane.

Par ailleurs, la relation tendue entre la police et ces populations est un problème de longue date qui nécessite une attention urgente, selon les experts. Les violences ont éclaté après la mort tragique de Nahel M., un adolescent de 17 ans d’origine maghrébine, tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre.

Sur le plan judiciaire, les auteurs de saccages et de pillages ont rapidement été traduits en justice, avec 374 personnes jugées en comparution immédiate depuis vendredi, selon le ministère de la Justice.

Le président Macron et son gouvernement envisagent également de sanctionner financièrement les parents dès la première infraction de leurs enfants, une proposition récurrente de la droite. Cette mesure vise à responsabiliser les familles face aux actes de violence.

En réponse aux destructions qui ont touché les bâtiments, le mobilier urbain et les moyens de transport, le président Macron a annoncé un projet de « loi d’urgence » visant à accélérer la reconstruction. Il reconnaît les problèmes de délais et souhaite mettre en place une procédure accélérée pour reconstruire plus rapidement. Des mesures d’accompagnement seront également mises en place pour aider les collectivités locales dans la réparation des dégâts, notamment en ce qui concerne la vidéosurveillance, la voirie, les établissements communaux et les écoles.

Par ailleurs, le président Macron a écouté attentivement les maires présents lors de la réunion et a reconnu qu’il n’y avait pas d’unanimité sur les solutions à apporter après la mort tragique de Nahel, suivie de nuits d’émeutes, de destructions et de pillages. De fait, Macron a admis avoir été maladroit dans sa gestion précédente de la politique de la ville, mais a souligné les nombreuses mesures déjà prises. Il s’engage ainsi à travailler durant l’été pour trouver des solutions concrètes et prévoit une réunion de suivi avec les maires à la fin de la saison estivale.

Parmi les chantiers envisagés, Macron a évoqué un meilleur accompagnement et la responsabilisation des parents, un changement de méthode dans la construction des politiques publiques, ainsi qu’une clarification des compétences et une décentralisation pour clarifier les responsabilités à différents niveaux territoriaux.

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