France : malgré une « dégradation manifeste », le « confinement généralisé » écarté
L’évolution de la situation épidémiologique du nouveau coronavirus en France fait « apparaître une dégradation manifeste », a déclaré vendredi le Premier ministre français Jean Castex, qui a écarté toutefois l’idée d’un « confinement généralisé ».
Le virus « n’a pas baissé d’intensité » et « est là pour quelques mois encore » mais « nous devons réussir à vivre avec lui sans nous laisser entraîner à nouveau dans une logique de confinement généralisé », a annoncé M. Castex.
Il a estimé qu’il ne fallait pas « mettre entre parenthèses notre vie sociale, économique et culturelle » malgré la hausse des contaminations.
Le Premier ministre s’exprimait à l’issue d’un Conseil de défense consacré à la gestion de l’épidémie du Covid-19 qui connaît un rebond en France et où l’inquiétude monte.
Quarante-deux départements français sont désormais classés en rouge, c’est-à-dire où le virus circule activement, a précisé le Premier ministre lors de cette déclaration à Matignon, où il s’est placé en isolement après avoir côtoyé samedi dernier le directeur du Tour de France, positif au Covid-19.
Le tableau général est préoccupant, avec des indicateurs qui ne cessent de se dégrader, en particulier dans certaines régions comme Provence-Alpes-Côte d’Azur (sud-est). Sur l’ensemble de la France, le nombre de cas positifs et le taux de positivité des tests augmentent régulièrement ces dernières semaines.
Dans une moindre mesure, cela commence à se ressentir dans le nombre de personnes transférées à l’hôpital, voire, pour les cas les plus graves, en réanimation.
Près de 10.000 cas (9.406) de Covid-19 ont été enregistrés en 24 heures, selon les données rendues publiques vendredi soir par Santé publique France. Le record a été atteint jeudi depuis le début de l’épidémie et le lancement des tests à grande échelle dans le pays, avec 9.843 nouveau cas.
Or, une augmentation du nombre de personnes infectées va entraîner « mécaniquement » une hausse des cas graves, avec quelques semaines de décalage, a mis en garde le ministre français de la Santé, Olivier Véran.
Concernant les temps d’attente pour les tests du Covid-19, Jean Castex a jugé qu’ils étaient « trop importants » et annoncé que des « créneaux horaires » seraient réservés aux personnes prioritaires.
« Sur proposition du Conseil scientifique, la durée d’isolement sera ramenée à sept jours, c’est-à-dire la durée pendant laquelle il y a un véritable risque de contagion », a-t-il également annoncé.
« Il est primordial que chacun respecte strictement cette durée d’isolement ce qui donnera lieu à des contrôles », a ajouté le chef du gouvernement français.
Deux-mille personnes supplémentaires vont en outre être recrutées à l’Assurance maladie et dans les Agences régionales de santé (ARS) pour renforcer le traçage des contacts de personnes infectées.
Pilier essentiel de la stratégie pour casser les chaînes de contamination du coronavirus, le traçage des contacts de personnes infectées a ralenti ces dernières semaines, ce qui s’explique notamment par de trop faibles effectifs dans certains territoires, selon l’Assurance maladie, alors que le nombre de personnes à contacter augmente.
Mercredi, Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique qui guide les pouvoirs publics en France, avait indiqué que le gouvernement serait « obligé de prendre un certain nombre de décisions difficiles », « dans les huit à dix jours maximum ».
Ces propos ont toutefois été nuancés dès le lendemain par le président français Emmanuel Macron. « Le Conseil scientifique est dans son rôle, qui est technique », a estimé le chef de l’Etat, mais c’est aux dirigeants politiques de « prendre des décisions ».
Avec AFP