France: Rachida Kâaout ou le sursaut pour une autre politique

Par Hassan Alaoui

Dans les équipes qui, de près ou de loin, sont proches d’Emmanuel Macron et soutiennent sa candidature à la présidence de la République, discrète, déterminée et efficace, Rachida Kaaout est mobilisée depuis plusieurs mois. Cette fois-ci, quittant son traditionnel territoire d’élue à la Mairie d’Ivry sur scène, elle brigue la fonction de députée et donc les suffrages des Français du Maghreb et de l’Afrique de l’ouest pour la 9ème Circonscription des Français de l’étranger. Vaste programme, oserait-on de dire, vaste espace géopolitique aussi, mais une légitime ambition collée à la peau comme le mât sur le bateau, amarré sur une conviction : défendre les valeurs de la démocratie, se faire le porte-voix de ces Français bigarrés que l’on sollicite ardemment, pour des besoins électoraux, et que l’on oublie aux lendemains des victoires ou des défaites…

L’élue franco-marocaine, bien enracinée dans la double culture, une même et une seule identité assumée de citoyenne du monde, s’est lancée depuis plusieurs mois dans une longue et laborieuse course qui s’apparente, à vrai dire, à une conquête. Quand elle n’est pas en Tunisie où elle a commencé sa campagne, on la retrouve entre Dakar, Casablanca, Marrakech ou encore dans l’extrême sud du Maroc, à Dakhla. A pied d’œuvre, ne comptant pas son temps ni ses heures, à l’écoute attentive des citoyens des différents pays qui relèvent de sa circonscription, consultant les populations dans les fin fonds de territoires quasi inexplorés, trouvant le mot, le petit mot idoine, sourire constamment affiché de « jeune femme », vent debout et la conviction chevillé au corps…c’est en fin de compte la militante qui a choisi de quitter son Aventin douillet pour se jeter dans la bataille.

A coup sûr, les va-et-vient entre la France et l’Afrique traduisent chez elle une irréductible volonté de réformer, de faire la politique au sens propre du terme. Son adhésion au mouvement de la République en marche (LREM), son activisme participent d’une vision de changement inscrite sur le fronton de son engagement politique. En rejoignant le mouvement crée par Emmanuel Macron, Rachida Kâaout exprime une certaine propension , inscrite non pas comme une mode, mais un impératif catégorique à cette « révolution douce » que ce dernier a opérée dans le champ politique français. Aujourd’hui, tandis que la bataille électorale française fait rage, la candidate et élue d’Ivry, s’inscrit de nouveau dans la dynamique que le président candidat met en œuvre . Elle défend un programme où les valeurs fondamentales constituent un socle : un contrat avec les citoyens de sa circonscription d’abord. Il est à ces derniers ce que le serment est à la démocratie. Le mot clé de son engagement est « servir », prêter l’écoute à ses concitoyens, défendre ardemment leurs attentes, contribuer le plus efficacement à leur intégration dans la vision globale du pays, la France, mais une France nouvelle que Macron a , en quelque sorte, voulu inventer, avec son métissage, des traits différents, son pluralisme, ses couleurs, son cosmopolitisme.

C’est peu dire que Rachida, citoyenne franco-africaine à bien des égards incarne ce tropisme et ce maillage. Elue à Ivry-sur-Seine, quartier dominé par la gauche communiste, elle s’est frayée son propre chemin en se battant au nom d’un principe et non d’une idéologie ; tout près et jamais de ses électeurs. Elle reste active sur un terrain qualifié de difficile, elle est le fruit de la génération des nouveaux militants qui s’engagent sur des problématiques inédites. Dans son programme, qui constitue aussi une sorte de Charte, veut défendre les « Français du Maghreb et d’Afrique de l’ouest, expatriés pour des raisons professionnelles ; ayant opté pour une autre vie, retraités et binationaux faisant les va-et-vient »… Rachida Kâaout bénéficie d’un parcours suffisamment riche pour la hisser sur les crêtes d’une ambition, la sienne, où la politique n’est jamais exercée comme une finalité, mais le moyen – noble bien sûr – pour accéder au rang élevé de la responsabilité. Ce goût de l’action, elle l’a nourri en étant jeune, avec Jacques Chirac qui lui a servi de modèle et de motivation intrinsèque.

Diplômée de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en Economie et gestion, fleuron des cursus s’il en est, Rachida s’est fixé un double objectif : être présente sur le champ professionnel, et active en politique. Elle opte pour l’engagement international en créant sa propre « boîte » spécialisée dans l’accompagnement des entreprises désireuses de rayonner à l’international. Elle offre son savoir-faire, forge son expérience et , pour un peu, on dirait qu’elle installe les déjà les bases de sa vocation de consultante et d’experte, mettant en œuvre une disponibilité à toute épreuve, caracolant d’une expérience à une autre. Frottée aux réalités inédites, elle a déjà une idée de son métier, elle affiche aussi son ambition : servir ! Une sorte d’apostolat en quelque sorte qui se confirmera par la suite lorsqu’elle décide, le chiraquisme porté haut, de s’engager dans la politique. Oui, en effet, la politique, dit-elle, n’est la panacée d’aucun groupe, d’aucun individu, et plus encore , la femme devrait l’exercer et se l’approprier.

L’humanisme brandi comme un colifichet , Rachida est partie prenante dans tous les combats sociaux, et son militantisme pour de telles causes épouse une dimension singulière. Au Forum de l’eau organisé à Dakar il y a deux semaines et présidé par Macky Sall, elle a pris fait et cause pour la problématique initiée dans un continent devenu sa terre de prédilection. « Mettre en commun nos différentes expériences, dit-elle, ainsi que notre diversité culturelle en vue de donner une nouvelle impulsion aux politiques et actions qui permettront de consolider l’espoir dans un monde où les menaces sur l’eau , l’assainissement et l’environnement ne cessent d’augmenter ». On eut cru entendre évidemment une candidate écologique, verte comme on dit, parce que son discours, prononcé du haut de la tribune de Dakar s’apparente sans euphémisme à l’un des plus beaux plaidoyers en la matière.

En tournée à Dakhla, elle s’est fait le héraut de l’essor des provinces du sud, sous la conduite du Roi Mohammed VI, affirmant que « le développement de la ville de Dakhla et sa région prouve qu’avec de l’intelligence collective, l’on peut bâtir des espaces prospères et économiquement viables. Cette myriade d’acteurs comme les agences de l’eau et de l’électricité, le pôle vert, l’écosystème de l’aquaculture, les acteurs de l’efficacité énergétique, la vitalité de nos réseaux consulaires avec la France, avec nos pays amis africains, avec Israël etc. concourent à la réussite du développement régional de Dakhla ».

Au mouvement LREM, elle s’est faite et s’est taillée sa place, de militante de base jusqu’à la position de responsable. Sans état d’âme, en 2019, elle choisit l’action sociale et prend part à des actions, elle est élue et dans la foulée devient Conseillère municipale à Ivry-sur-Seine, un fief indomptable où elle s’impose et milite au nom de la démocratie. Le défi des prochaines élections législatives de juin prochain, inscrites dans la foulée de la présidentielle marquée au sceau d’une incertitude et des doutes affichés, font de Rachida une « challengère » qui exprime son engagement avec plus de force et un singulier optimisme. Au cœur de l’équipe de campagne du président sortant, elle n’en démord pas de mener jusqu’au bout son combat. Un combat individuel, certes, mais inscrit dans une dynamique collective où se croisent les valeurs de l’universalisme, de la coexistence et de la fraternité.

A cheval sur les pays qui composent le champ d’action franco-maghrébin et franco-africain, elle porte l’accent d’une militante à la conscience aigüe des problématiques qui sont communes à la France et à ses « anciennes colonies ».Il s’agit de l’impératif du codéveloppement, certains diraient à présent de coopétition impliquant une volonté politique, des partenariats structurants, stratégiques, une solidarité à toute épreuve, le partage, la tolérance…C’est en définitive une nouvelle image de la France que Rachida Kâaout incarne, décomplexée, libérée des carcans, fidèle à ses valeurs enfin. Candidate de l’entre-deux-rives, elle est au cœur du débat fondamental auquel sont confrontées les sociétés européennes, elle symbolise ce partenariat multiforme que la France et les pays du Maghreb et d’Afrique incarnent dans un monde où, crise et secousses obligent, il importe de favoriser l’union, l’ouverture et les regroupements aussi.

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