Frappes contre une base militaire en Syrie, Moscou et Damas accusent Israël

Le régime syrien et son allié russe ont accusé Israël d’avoir mené lundi des frappes meurtrières contre une base militaire en Syrie, au surlendemain d’une attaque chimique présumée condamnée par la communauté internationale.

Paris et Washington, qui ont menacé le régime d’une « réponse forte » après cette attaque chimique, ont démenti être à l’origine des frappes qui ont tué 14 combattants prorégime dont des Iraniens selon une ONG. Deux réunions sont prévues plus tard dans la journée au Conseil de sécurité de l’ONU sur l’attaque chimique imputée au régime et qui a tué selon des secouristes des dizaines de personnes dans la ville rebelle de Douma, près de Damas. « Plusieurs missiles ont frappé l’aéroport du T-4 », également connu sous le nom de Tiyas, dans la province centrale de Homs, a rapporté l’agence de presse officielle syrienne Sana, pointant du doigt les Etats-Unis avant de se rétracter.

« L’agression israélienne sur l’aéroport du T-4 a été menée par des avions F-15 qui ont lancé plusieurs missiles », a ensuite précisé une source militaire citée par Sana. La Russie, qui comme l’Iran aide militairement le régime de Bachar al-Assad dans la guerre en Syrie, a affirmé qu’Israël avait tiré « huit missiles téléguidés ». Contactée lundi par l’AFP, l’armée israélienne a « décliné tout commentaire ». Israël a mené de nombreux raids contre des cibles en Syrie ces dernières années. Israël et la Syrie sont officiellement en état de guerre. Les relations sont d’autant plus tendues que trois ennemis d’Israël opèrent sur le théâtre syrien: le régime lui-même, l’Iran et le Hezbollah libanais pro-iranien.

Au moins 14 combattants, dont trois officiers syriens et des Iraniens, ont été tués par la frappe imputée à Israël. La base accueille, outre l’armée syrienne, des forces russes et iraniennes ainsi que du Hezbollah, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’aéroport avait été visé en février par Israël qui avait affirmé qu’un drone avait été envoyé sur son territoire depuis une « base iranienne » identifiée comme celle de T-4. « Les Israéliens sont bien conscients de l’importance du T-4 pour l’Iran » quand ce dernier veut faire pression sur l’Etat Hébreu, estime l’expert sur la Syrie Nicholas Heras.

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Dimanche, les Etats-Unis, mais aussi la France, avaient brandi la menace de frappes en Syrie, après des affirmations de secouristes non vérifiées de source indépendante sur une attaque présumée aux « gaz toxiques » à Douma. Mais les Etats-Unis et la France ont démenti toute implication dans la frappe de lundi. « Ce n’est pas nous », a affirmé le porte-parole de l’état-major des armées françaises, le colonel Patrik Steiger. Dimanche, les président américain Donald Trump et français Emmanuel Macron, ont échangé dimanche soir « leurs informations et leurs analyses confirmant l’utilisation d’armes chimiques » à Douma, selon la présidence française.

Ils se sont prononcés pour « une réponse forte et commune », a rapporté la Maison Blanche. Sur Twitter, M. Trump a averti le régime et ses alliés dont la Russie qu’ils pourraient « payer le prix fort » pour l’attaque chimique présumée, qualifiant Bachar al-Assad « d’animal ». Le pouvoir d’Assad a nié toute responsabilité pour cette attaque présumée contre cette ultime poche rebelle près de Damas, dans la Ghouta orientale, qu’il cherche à reprendre. L’OSDH a indiqué ne pas être en mesure de confirmer cette attaque chimique.

Il y a un an, Donald Trump avait fait bombarder une base du régime, en représailles à une attaque au gaz sarin qui avait tué quelques jours plus tôt, en avril 2017, plus de 80 civils à Khan Cheikhoun (nord-ouest). Selon les Casques Blancs et l’ONG médicale Syrian American Medical Society (SAMS), 48 personnes ont péri dans l’attaque à Douma et « plus de 500 cas, la plupart des femmes et des enfants », ont souffert de « difficultés respiratoires ». Une vidéo postée par les Casques blancs sur Twitter et présentée comme tournée après l’attaque chimique présumée montre un enchevêtrement de corps sans vie, dont ceux de femmes et d’enfants, allongés à même le sol, de la mousse blanche s’échappant de leur bouche.

« Il y avait de nombreuses personnes en train de suffoquer, certaines sont mortes immédiatement », a indiqué à l’AFP Firas al-Doumi, un secouriste à Douma. Le régime syrien a fait plier le dernier groupe rebelle présent à Douma pour qu’il évacue cette dernière poche insurgée de la Ghouta orientale soumise pendant ses semaines à une campagne de bombardements qui a fait plus de 1.700 morts. Grâce à l’appui de Moscou, le régime contrôle déjà plus de la moitié de la Syrie, au prix d’une guerre dévastatrice, qui a fait plus de 350.000 morts.

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