Gaspillage alimentaire : Vers une nouvelle législation visant à réduire le fléau

Le dernier rapport du World Risk Poll 2024, réalisé par Gallup, révèle une réalité inquiétante : le gaspillage alimentaire constitue une part significative des déchets ménagers au Maroc, plaçant le pays au quatrième rang mondial en ce qui concerne le volume de nourriture gaspillée. 72% des ménages marocains identifient le gaspillage alimentaire comme la composante principale de leurs déchets, ce qui positionne le Maroc en tête en Afrique du Nord et dans le monde arabe.

À l’échelle mondiale, environ 38% des ménages indiquent que la nourriture représente la majorité de leurs déchets. Cependant, le Maroc se distingue particulièrement en Afrique, n’étant dépassé que par la République démocratique du Congo (79%), la Côte d’Ivoire (76%) et le Gabon (75%). Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le Liban (71%) et le Koweït (70%) suivent de près le Maroc. Israël, avec un taux de 61%, est classé troisième dans la région et dixième à l’échelle mondiale.

Le gaspillage alimentaire a des conséquences économiques désastreuses pour le Maroc. Chaque année, des millions de dirhams sont perdus en raison de la nourriture jetée à différents stades de la chaîne d’approvisionnement, depuis la production agricole jusqu’aux consommateurs finaux. La perte économique réside non seulement dans la valeur intrinsèque de la nourriture gaspillée, mais également dans les coûts associés à la gestion de ces déchets. Cela inclut le transport, le traitement et l’élimination, qui alourdissent considérablement le budget municipal et gouvernemental.

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De plus, le gaspillage alimentaire contribue à l’instabilité économique des ménages. Alors que beaucoup peinent à couvrir leurs besoins de base, le gaspillage de nourriture représente une part importante du budget familial qui pourrait être économisée ou redirigée vers d’autres besoins essentiels.

Il est également prévu l’imposition en cas de gaspillage avéré d’une amende équivalente au double de la valeur marchande de la nourriture gaspillée par les contrevenants. Par ailleurs, l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) sera mandaté pour veiller à l’application de la loi. Au Maroc, les ménages ont gaspillé plus de 4,2 millions de tonnes de nourriture en 2022, selon les données compilées par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). D’après l’organisation onusienne, le coût des pertes et des gaspillages alimentaires pour l’économie mondiale est estimé à environ 1 000 milliards $ par an.

Le rapport révèle également une lacune dans la gestion des déchets au Maroc. Environ 60% des ménages nord-africains ne trient pas leurs déchets. Ce manque d’efficacité dans le tri contribue non seulement à amplifier le problème du gaspillage, mais pose également des défis environnementaux en termes de pollution et de manque de recyclage potentiel. Dans un contraste frappant, en Australie et en Nouvelle-Zélande, ainsi qu’en Europe du Nord, de l’Ouest et du Sud, une majorité écrasante des ménages trie ses déchets, atteignant respectivement 90% et 83%.

Conscient de l’ampleur du problème, le Maroc est actuellement à l’œuvre pour élaborer une nouvelle législation visant à réduire le gaspillage alimentaire. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de développement durable, qui reconnaît l’importance de transformer les mentalités et les comportements concernant la gestion des ressources. En encourageant le tri des déchets et en sensibilisant le public aux conséquences économiques du gaspillage, le Maroc espère amorcer un changement positif.

L’adoption de pratiques durables est attendue pour répondre aux besoins socio-économiques plus larges du pays. En impliquant diverses parties prenantes, telles que les municipalités, les entreprises et les organisations de la société civile, le gouvernement peut favoriser un mouvement collectif vers une meilleure gestion des ressources et une réduction significative du gaspillage alimentaire.

Au-delà des initiatives législatives, les associations appellent les citoyens à prendre conscience de l’impact du gaspillage alimentaire. Des campagnes de sensibilisation peuvent jouer un rôle clé en éduquant la population sur les méthodes de conservation des aliments, en optimisant les achats et en utilisant les restes efficacement. Par ailleurs, impliquer les entreprises, notamment dans le secteur de la distribution alimentaire, pourrait encourager la mise en place de systèmes plus efficaces pour réduire les pertes à chaque maillon de la chaîne d’approvisionnement, selon le mouvement associatif.

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