« Il faut réapprendre à vivre tout en respectant les gestes barrières », selon Pr. Hanane Laarej

Cela fait quelques jours depuis que le Maroc a entamé sa deuxième phase du déconfinement, alors que le virus continue de faire ravage dans les milieux professionnels. De nombreux foyers de contamination ont fait apparition ces derniers jours.  Faut-il s’inquiéter ? Comment réussir cette phase ?

Les réponses avec Professeur Hanane Laarej, spécialiste en pneumologie, tabacologue et fondatrice du mouvement de sensibilisation contre le tabagisme chez les jeunes, qui a accepté de répondre à nos questions.

Entretien

MAROC DIPLOMATIQUE _ A votre avis, comment peut-on réussir la levée du confinement avec les moindres dégâts possibles ?

Professeur Hanane Laarej _ Je crois que la réponse est très claire dans l’esprit de chacun de nous, grâce aux campagnes de sensibilisation qui passent en boucle sur les chaînes télévisées et les stations radios. N’empêche qu’il y aura toujours des téméraires, il y en a eu pendant la période du confinement strict et il y en aura pendant le déconfinement aussi. Donc, il faut compter aussi sur la responsabilité individuelle et le sens du civisme dont est doté chacun de nous pour que chacun puisse se protéger et protéger ses proches, notamment, à travers le respect des distances de sécurité et le port du masque de manière correcte, ce qui veut dire qu’on arrête de toucher la partie extérieure de son visage (les yeux, le nez, le front, etc.) et qu’on change de masque après chaque 4 heures.

Maintenant, après la reprise de l’activité professionnelle, il faut absolument veiller au respect des mesures préventives, notamment par les employeurs et leurs employés, à travers un travail continu de sensibilisation contre le risque de contamination. Il faut rester prudent et éviter les endroits où il y a une condensation de personnes.

MD_ Est-ce qu’on risque de revenir en arrière ? Le virus pourra-t-il être plus virulent ?

H.L _ Oui, bien sûr qu’il y a un risque, c’est pour cette raison que tous les experts alertent sur cette période de déconfinement, qui est très critique et qu’on ne peut pas prendre à la légère. Le virus n’a pas disparu, il existe toujours, j’insiste là-dessus. Quant à sa virulence, personne ne peut prédire l’évolution épidémiologique du virus.

Certes, le virus n’a pas évolué de manière classique au Maroc, on n’a pas eu de pics, mais nous avons eu plusieurs clusters et foyers infectieux. Donc, on ne peut pas parler réellement de deuxième vague à ce stade.

Certes, le nombre des nouveaux cas n’est pas le seul indicateur à prendre en considération, mais si ces cas-là restent pour la plupart asymptomatiques ou avec des symptômes légers, ce n’est pas si inquiétant.

Idéalement, on espère que le virus finira par disparaître ou bien qu’il perdra de sa virulence et qu’il devient un virus qu’on côtoie chaque année, comme celui de la grippe, même s’il continue de faire des morts, malheureusement, surtout chez les sujets âgés ou les personnes atteintes de maladies chroniques et graves.

MD_ Comment consulter son médecin sans crainte de tomber malade?

H.L _ Du côté des médecins, nous n’avons pas arrêté de travailler, même pendant la période du confinement, tout en veillant à respecter toutes les mesures nécessaires pour protéger nos patients et nous-mêmes.

Quand le patient se présente dans le cabinet d’un médecin, celui-ci procède à la mesure de température, la stérilisation des chaussures avant l’admission dans le cabinet, l’application de gels hydroalcooliques, etc. Tout cela est pris en considération, même pendant la période du confinement et les choses vont continuer ainsi tout au long des différentes phases du déconfinement, pour qu’on puisse assurer nos consultations tout en veillant à assurer la sécurité de nos patients.

MD_ Pour se préparer au déconfinement, comment est-ce que chacun de nous pourrait réapprendre à vivre sans se mettre en danger?

H.L_ Il faut garder à l’esprit que le déconfinement ne veut pas dire disparition du virus. Malheureusement, c’est un nouveau virus, donc, on ne peut pas réellement prédire l’évolution des choses, ce qui fait qu’on n’est pas à l’abri d’une rechute.

Certes, le déconfinement est désormais une nécessité, surtout au niveau psychologique et économique, notamment, pour les sujets âgés et les enfants qui ont beaucoup souffert du confinement, mais il faut les déconfiner progressivement avec beaucoup de précaution.

D’ailleurs, il faut absolument changer nos habitudes. Il ne faut plus saluer les gens en leur serrant la main ou en leur faisant la bise et respecter les mesures susmentionnées de manière scrupuleuse. C’est très important de respecter cette phase parce qu’elle est plus critique que celle du confinement.

Si on compare le confinement à une personne en surpoids, généralement, il y a deux types de personnes, celles qui ont une motivation personnelle à perdre du poids et qui vont appliquer une hygiène de vie et faire de l’exercice physique pour mettre toutes les chances de leur côté, donc, ces personnes ont peu de chance de rechuter parce qu’elles l’ont fait par conviction. Tandis que d’autres vont le faire parce qu’ils sont obligés ou bien parce qu’il y a une pression d’un conjoint ou d’un parent. Donc, dès que cette personne a l’opportunité de se jeter sur la nourriture, elle ne va pas hésiter à le faire et gâcher, ainsi, tous les efforts déployés auparavant.

Le déconfinement c’est un peu la même chose, soit on va continuer nos efforts pour éviter le pire ou bien on va jouer aux téméraires pour une certaine période. D’où le risque de repasser à une autre phase de confinement, ce qui pourrait s’avérer catastrophique à plusieurs niveaux.

Pour notre pays, nous tous et nos proches, il faut réapprendre à vivre tout en respectant les gestes barrières.

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