Incendies meurtriers en Kabylie : l’Algérie au banc des accusées

La Kabylie a été le théâtre d’un drame humain et écologique dans la nuit du 9 au 10 février 2024. Un important incendie a ravagé la zone de Barbacha, au sud de la ville de Bejaia, faisant plusieurs victimes et détruisant des hectares de forêt.

Selon les autorités locales, la cause de l’incendie reste indéterminée, mais elles n’écartent pas la piste criminelle. En effet, des témoins ont affirmé aux médias, avoir vu des individus suspectés d’être des agents du régime algérien allumer des feux dans plusieurs endroits de la région. Ces accusations ont été relayées par les réseaux sociaux, où de nombreux internautes ont exprimé leur colère et leur indignation face à ce qu’ils considèrent comme un acte de vengeance du pouvoir central contre la Kabylie.

La Kabylie est une région qui revendique son identité berbère et son autonomie politique depuis des décennies. Elle a connu plusieurs soulèvements populaires contre le régime algérien, notamment en 1980, en 2001 et en 2019. Elle est également le berceau du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), un mouvement indépendantiste qui réclame la reconnaissance du droit du peuple kabyle à disposer de lui-même.

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Le MAK, qui dispose d’un gouvernement provisoire en exil (ANAFAD), est considéré comme une organisation terroriste par le régime algérien, qui l’accuse de fomenter des troubles et de collaborer avec des puissances étrangères hostiles à sa politique. Le MAK, de son côté, dénonce la répression et la discrimination dont sont victimes les Kabyles, qui subissent des arrestations arbitraires, des tortures, des disparitions forcées et des violations de leurs droits culturels, linguistiques et religieux.
Une stratégie de la terre brûlée

Les dirigeants du MAK ont condamné avec force l’incendie de Barbacha, qu’ils attribuent au régime algérien. Ils y voient une stratégie de la terre brûlée, visant à détruire les ressources naturelles et les moyens de subsistance de la population kabyle, ainsi qu’à intimider et à démoraliser les partisans de l’indépendance. Ils ont également rappelé que cet incendie n’est pas un cas isolé, mais qu’il s’inscrit dans une série d’incendies criminels qui ont touché la Kabylie ces dernières années, faisant plus de 65 morts en 2021. Ils ont en outre souligné que cet incendie a coïncidé avec le report sine die de la visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune dans la région, qui avait été annoncée pour le 10 février, mais qui avait suscité le rejet et le mépris de la majorité des Kabyles.

Face à cette situation dramatique, le MAK a lancé un appel à la solidarité internationale, en particulier au Maroc, qui assure actuellement la présidence du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Le MAK espère que le Maroc, qui entretient des relations tendues avec l’Algérie, notamment à propos du Sahara, saura faire entendre la voix du peuple kabyle et dénoncer les crimes du régime algérien. Le MAK a également sollicité l’aide humanitaire et matérielle des pays amis, ainsi que le soutien des organisations non gouvernementales, des associations de la diaspora kabyle et des citoyens du monde, pour venir en aide aux victimes des incendies et pour reconstruire la Kabylie.

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