Iran : retour au calme ou bain de sang à huis clos ?
L’Iran est plongé dans le chaos, depuis vendredi dernier, jour du début des contestations, suite à l’annonce de la hausse du prix de l’essence.
Les iraniens coupés du monde, un bilan humain incertain
Alors que les contestations en Iran ont commencé à dégénérer ; violents affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants, immeubles saccagés et portraits de Khameini brulés, les représentants politiques ont décidé de bloquer toutes les communications internet. Une décision que le pouvoir et les autorités justifient par une crainte d’une éventuelle escalade, nourrie par les réseaux sociaux. Cette mesure rend difficile l’accès aux informations sur la situation actuelle dans le pays. Amnesty International a évoqué dernièrement la mort de 106 personnes, un chiffre selon eux qui devait être amené à doubler, tandis que l’Iran a réfuté ces données « erronées ».
Vers un retour au calme ?
Si l’on en croit la presse iranienne, la situation semble apaisée et revenue à la normale. « La défaite d’anarchistes armés durant les protestations sur le carburant », ou encore « l’ennemi a été repoussé », une victoire selon Ali Khamenei qui dénonce les puissances étrangères, dont les Etats-Unis, d’être à l’origine de ces troubles, mais aussi de ceux au Liban et en Irak. En effet, les autorités annonçaient, déjà, dès le début de semaine, un retour au calme malgré « quelques petits problèmes mineurs ». Difficile de déceler le vrai du faux, alors que la journaliste iranienne Masih Alinejad déclarait le 18 novembre sur Twitter, que « le nombre de décès des protestations est bien plus élevé que ce qui est rapporté ». Cette même journaliste a publié des vidéos de violents heurts et de blessures par balles de manifestants pacifistes, dans plusieurs Tweets, ce jeudi 21 novembre. Des vidéos enregistrées les premiers jours du mouvement, et envoyées par les manifestants alors qu’ils bénéficiaient d’un accès limité à internet.
La communauté internationale s’inquiète
Face à cette situation où la répression est d’une violence inédite : tirs à balles réelles, présence de sniper et usage de gaz lacrymogènes, la communauté internationale continue d’exprimer ses craintes, au même moment où le pouvoir iranien se félicite de sa gestion de la situation. Selon l’AFP, la Norvège a fait part de ses inquiétudes et a déclaré être « troublée par le recours excessif à la violence en Iran » lors d’une réunion avec l’ambassade d’Iran aujourd’hui. Elle aurait également « demandé à l’Iran de respecter le droit de manifester pacifiquement, de liberté d’expression et d’accès à l’information et de rétablir l’accès à Internet ». La porte-parole de Federica Mogherini, cheffe de la diplomatie européenne a elle aussi réagi : « Nous attendons des forces de sécurité iraniennes qu’elles fassent preuve de la plus grande retenue dans la gestion des manifestations. Toute violence est inacceptable ».
La crainte de la perte d’influence iranienne
Ce qui semblait être déclenché par l’annonce d’une hausse de prix de l’essence, s’est rapidement transformé en une contestation du pouvoir en place. De nombreuses vidéos qui circulent montrent des manifestants crier « A bas Khamenei » et des portraits brulés. Un ras-le bol de la population qui dénonce, entre autre, la mainmise sur l’Irak et le Liban, sujets aussi à des contestations visant le renouvellement d’une classe politique corrompue.