Jaguar Land Rover va fabriquer des véhicules électriques au Royaume-Uni
Le fabricant de voitures de luxe britannique Jaguar Land Rover a annoncé vendredi qu’il allait fabriquer des véhicules électriques au Royaume-Uni, une bonne nouvelle pour l’industrie automobile du pays, en proie aux incertitudes concernant le Brexit.
L’usine de Castle Bromwich (centre de l’Angleterre) sera reconvertie pour accueillir la fabrication des nouveaux modèles, en commençant par la nouvelle Jaguar XJ électrique, a expliqué JLR dans un communiqué. C’est sur ce site qu’étaient assemblés jusqu’à présent les modèles essence et diesel de la Jaguar XJ, qui ne seront plus produits désormais.
« Le futur de la mobilité est électrique et nous sommes engagés (…) à fabriquer notre prochaine génération de véhicules zéro-émissions au Royaume-Uni« , a déclaré Ralf Speth, directeur général de Jaguar Land Rover (JLR).
Propriété de l’indien Tata Motors, le constructeur britannique a aussi annoncé que son nouveau centre d’assemblage de batteries, près de Birmingham, serait opérationnel a partir de 2020.
Jaguar Land Rover est très présent autour de Birmingham, deuxième plus grande ville d’Angleterre au coeur de la région historique de l’industrie automobile britannique.
Créée à l’origine pour fabriquer les célèbres chasseurs Spitfire et bombardiers Lancaster, l’usine de Castle Bromwich reconvertie dans l’automobile emploie aujourd’hui 2.500 personnes.
Le syndicat Unite a salué l’annonce de Jaguar, qui « assure que le site de Castle Bromwich demeure une locomotive pour l’économie locale, pourvoyant des emplois à des milliers de travailleurs et en soutenant beaucoup d’autres tout au long de la chaine d’approvisionnement« .
Les ouvriers de l’usine, qui fabrique aussi d’autres modèles Jaguar diesel et essence XE, XF et F-Type, conserveront donc leur emploi, alors que l’industrie automobile britannique est sous le coup d’une série de mauvaises nouvelles dans le contexte incertain du Brexit.
L’Association des constructeurs et des vendeurs automobiles (SMMT) a d’ailleurs tiré encore la sonnette d’alarme la semaine dernière en pressant le prochain Premier ministre britannique d’éviter à tout prix un Brexit sans accord, qui ferait perdre au secteur jusqu’à 70 millions de livres par jour d’après la SMMT.
Les incertitudes du Brexit, prévu pour le 31 octobre, ont déjà des conséquences directes sur la production automobile britannique qui a encore fondu de 15,5% en mai sur un an, soit le 12e mois consécutif de baisse.
Comme l’a rappelé à la BBC David Bailey, professeur d’économie à la Birmingham Business School, « Jaguar Land Rover a souligné qu’une sortie sans accord le toucherait sévèrement, mais le constructeur n’a plus le temps d’attendre vu où ils en sont dans leur cycle de production« , avec notamment une transition en cours du moteur à combustion vers l’électrique.
Le constructeur prévoit d’offrir l’option d’une motorisation électrique pour tous ses modèles dès 2020.
« Ils devaient prendre une décision, ils ont la capacité de production à Castle Bromwich, ainsi que la recherche et le développement à proximité. Ils devaient y aller« , selon l’économiste.
Le secteur s’inquiète d’autant plus du scénario d’un Brexit sans concession qu’il est déjà fragilisé par des annonces récentes de fermetures d’usines qui ont eu un effet retentissant au Royaume-Uni, sur fond de ralentissement économique mondial et de désaffection pour le diesel.
Le constructeur Honda a annoncé la fermeture de son usine de Swindon (sud-ouest de l’Angleterre) et l’américain Ford celle de son usine de moteurs de Bridgend, au Pays de Galles. Les deux groupes ont toutefois pris soin de ne pas mettre ces décisions sur le compte du Brexit.
Par ailleurs, Nissan a renoncé à produire un crossover dans son usine géante de Sunderland (nord-est de l’Angleterre).
Jaguar Land Rover lui même avait annoncé récemment supprimer 4.500 emplois afin d’économiser 2,5 milliards de livres (2,8 milliards d’euros) pour investir dans les voitures électriques.
Propriétaire des marques Opel et Vauxhall, le français PSA a averti pour sa part qu’il ne fabriquerait la nouvelle Astra dans son usine britannique d’Ellesmere Port qu’en cas d’accord sur le Brexit.
Avec AFP