Khalid Jamaï : In Memoriam

Par Hassan Alaoui

Entre gouaille et gravité, la parole de Khalid Jamaï a toujours navigué, la superbe affichée, la conviction chevillée au corps. Un jour, ce briscard me disait : « Il ne s’agit pas de convaincre, puisque j’en suis convaincu ».

Rien que ça, mais tout ça…La plume acérée, l’argumentation solide et le style accrocheur, Khalid Jamaï notre cher confrère n’a jamais dérogé à son principe : le défi. Journaliste jusqu’au bout des ongles, polémiste à l’instar d’un Jean-Edern Hallier, il est resté entier de bout en bout. Ceux qui le connaissaient , dans l’intimité comme en société, proches ou de loin, luis savent gré de les avoir représentés en quelque sorte. Dans sa différence comme dans sa singularité…

Il n’a jamais cessé d’être le militant des années soixante-dix ou même des sixties, fidèle à lui-même comme à ses principes. Pas de gloriole, pas de poste honorifique non plus. Patron de la rédaction du quotidien « L’Opinion » grâce auquel , à certains moments de son évolution, le Parti de l’Istiqlal a pu résister à l’usure du temps, Khalid a incarné le journalisme de l’audace. A Driss Basri, puissant et inamovible ministre de l’Intérieur qui déployait à la fois Machiavel et Béria, il répondait du tac au tac…

Et jusqu’à ses derniers souffles, alors que la maladie le rongeait et que son ancienne épouse, notre grande consoeur Fatima Moutrib , restée seule à le soutenir avec sa fille Sara , il demeurait lucide, souffrant du mal des yeux, y perdant même la vue et aujourd’hui la vie. Bien entendu ses premiers enfants, nés de Badia Guerraoui,  Boubeker, Hammouda et Rihla lui rendaient visite, alors qu’il se capitonnait dans son silence depuis deux ans maintenant.

On gardera à cœur ces moments chauds où, dans le lieu de prédilection de la presse des années 80, au petit restaurant de la Place Piètrie, « La Marne », avec nos confrères de l’époque, feus Mohamed El Achab, Abdelkader Chabih, Driss El Khouri, Mohamed Bahi, Hassan Rachidi, Abdallah Bensmain, Ali Bouzerda et Abdallah Stouky, Jamal Berraoui, Naïm Kamal,  on débattait de tout : l’Iran qui basculait, l’Algérie, la nouvelle gauche, l’avenir du Maroc  et…j’en passe ! Khalid Jamaï était là, incontournable . C’est notre confrère Bensmain qui résume une de ses qualités : « cordialité, loyauté, respect, estime… ».

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page