La déchéance politique

Affichées ostentatoirement, les accolades –qui se veulent amicales- du chef de gouvernement et des « leaders » des autres partis nous auraient bien enchantés si on ne savait pas, d’entrée de jeu, que ces mêmes figures ne guettaient que le moment opportun pour se poignarder dans le dos à la première occasion qui se présenterait.

En voyant Benkirane et Chabat se serrer la main, un spectacle s’impose à nous ; celui de la marche du parti de l’Istiqlal à laquelle avait participé un nombre important d’ânes, le 22 septembre 2013. Chabat avait alors déclaré d’un ton sarcastique : «  C’est un gouvernement qui ne parle que d’animaux, c’est pour cette raison que nous avons décidé d’utiliser un langage animalier qu’il peut très bien comprendre ». Aujourd’hui, à notre grand malheur, c’est le populisme qui sauve la face. Et comme dirait Alexis de Tocqueville : « En politique, la communauté des haines fait presque toujours le fond des amitiés ».

En somme, les ennemis d’hier deviennent les « amis » d’aujourd’hui. Et la singularité démentielle de cette coalition qui s’annonce est que tous les partis se précipitent pour embarquer dans le même appareil mais personne n’est vraiment apte à piloter. C’est dire qu’on assiste à la parésie de la politique puisque l’expérience a montré qu’un parti bien qu’il arrive minoritaire peut réussir à ravir la vedette à d’autres qui sont arrivés bien avant. Contre toute attente, certains finissent par quitter l’opposition  et se précipitent au portillon pour se raccrocher à la majorité, quitte à former des alliances contre nature.

Ce qui porte, par ricochet, un coup à la dynamique même du processus de démocratie. Or la qualité la plus recherchée en politique est avoir la mémoire courte surtout pour des  partis prêts à tout pour chanter en chœur dans la chorale quinquennale.

Preuve en est ce Chabat dont Benkirane lève aujourd’hui la main en signe d’alliance. N’avait-il pas quitté la barque, en 2013, pour manifester son désaccord avec la gouvernance du chef de gouvernement et se positionner dans l’opposition? N’était-ce pas bien lui qui l’avait exhorté pour qu’il explique son lien avec Daech ? N’est-ce pas lui qui avait décidé de poursuivre Benkirane en justice ? N’est-ce pas ce Benkirane qui avait manifesté son regret à plus d’un égard qu’un parti politique historique soit dirigé par « le fou de Fès » comme il aimait à le qualifier ? On se demande bien comment ce même Chabat compte bien réparer -comme il l’avait promis- « les catastrophes » commises par le gouvernement Benkirane II une fois à bord! Mais que dire ? Tout l’art de la politique réside dans les compromissions et dans sa capacité de mettre en sa faveur les conjectures tout en se servant des gens en leur faisant croire qu’ils sont libres de choisir qui les représenter.

Alors, faut-il craindre le pire avec une coalition improvisée? Comment peut-on imaginer que tous ces partis que tout sépare et éloigne finalement puissent s’unir autour d’un programme répondant à l’ensemble des préoccupations du peuple marocain ?

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