La DG du FMI appelle à l’autonomie des banques centrales pour sauvegarder l’économie globale

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a souligné la nécessité de renforcer l’indépendance des banques centrales, notant que l’indépendance est un ingrédient essentiel pour remporter la bataille contre l’inflation et stabiliser la croissance à long terme.

Les banques centrales voient aujourd’hui leur indépendance remise en question de toutes parts, a affirmé Mme Georgieva dans un blog publié jeudi sur le site du FMI, relevant que les demandes de baisse des taux se font de plus en plus insistantes, même s’il est trop tôt pour passer à l’action, et elles devraient aller en s’intensifiant puisque la moitié de la population mondiale se rend aux urnes cette année.

Les risques d’ingérence politique dans les prises de décisions des banques centrales et les nominations de leurs responsables s’accentuent, a estimé la cheffe de l’institution financière internationale, ajoutant que les pouvoirs publics et les banques centrales doivent résister à ces pressions.

Grâce à leur indépendance, les banques centrales ont « habilement négocié la pandémie en menant un assouplissement monétaire énergique qui a contribué à éviter un effondrement du système financier mondial et à accélérer la reprise », a indiqué Mme Georgieva.

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Lorsque la priorité s’est recentrée sur le rétablissement de la stabilité des prix, elles ont resserré leur politique monétaire à bon escient, même si elles ne l’ont pas toutes fait dans les mêmes délais, a-t-elle noté, relevant que leur riposte a permis de maintenir les anticipations d’inflation bien ancrées dans la plupart des pays, malgré des hausses de prix jamais vues depuis plusieurs dizaines d’années.

Les banques centrales des pays émergents ont montré la voie en durcissant leur politique monétaire rapidement et vigoureusement, a indiqué Mme Georgieva, notant que ces mesures ont ramené l’inflation à des niveaux beaucoup plus raisonnables et réduit les risques d’atterrissage brusque.

Même si le combat n’est pas encore gagné, leur efficacité jusqu’ici tient en grande partie à l’indépendance et la crédibilité que de nombreuses banques centrales ont acquises ces dernières décennies, a poursuivi la DG du FMI.

L’importance primordiale de l’indépendance des banques centrales a été démontrée par de nombreux travaux, dont une étude du FMI portant sur plusieurs dizaines de banques centrales sur la période comprise entre 2007 et 2021 qui montre que celles présentant un haut niveau d’indépendance ont mieux réussi à maîtriser les anticipations d’inflation de leur population, ce qui aide à contenir l’inflation à un bas niveau, a rappelé Mme Georgieva.

Une autre étude du FMI répertoriant les résultats de 17 banques centrales d’Amérique latine au cours des 100 dernières années examine différents facteurs, parmi lesquels l’indépendance dans les prises de décisions, la clarté du mandat et la possibilité qu’elles soient contraintes de consentir des prêts à l’État. Là encore, il s’avère qu’un plus grand degré d’indépendance est associé à de bien meilleurs résultats sur le plan de l’inflation, a ajouté la cheffe du FMI.

« Les bienfaits sont évidents : l’indépendance des banques centrales contribue à garantir la stabilité des prix, qui est importante pour réaliser une croissance constante à long terme« , a-t-elle affirmé.

« Mais l’accès à des pouvoirs considérables dans des sociétés démocratiques est indissociable de la notion de confiance. Cette confiance, les banques centrales doivent la gagner au quotidien en maintenant une gouvernance forte, en faisant preuve de transparence, en rendant des comptes et en se montrant à la hauteur de leurs responsabilités fondamentales« , a souligné Mme Georgieva.

Les responsables de banques centrales disposant d’une gouvernance solide et d’une forte indépendance doivent avoir le contrôle de leur budget et de leur personnel, et ils ne doivent pas être exposés à un licenciement facile en raison de leurs avis ou de mesures prises dans le cadre du mandat, a-t-elle insisté, ajoutant qu’en contrepartie, ils doivent rendre des comptes et faire preuve de transparence.

L’adoption de politiques budgétaires prudentes préservant la viabilité de la dette contribue à réduire le risque de « prédominance de la politique budgétaire« , une situation dans laquelle la banque centrale est poussée à fournir des financements à faible coût à l’État, ce qui finit par exacerber l’inflation, a relevé la DG de l’institution financière internationale, notant que la prudence en matière de finances publiques dégage aussi de l’espace budgétaire pour soutenir l’économie en cas de besoin, ce qui renforce la stabilité économique.

Avec MAP

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