La France face à une vague de chaleur exceptionnelle
Ruées sur les ventilateurs, fontaines temporaires dans les villes, accompagnement des plus vulnérables: une canicule d’une précocité sans précédent arrive sur une partie de l’Europe dont la France, avec des températures qui pourraient dépasser dans la semaine les 40°C.
Cette vague de chaleur venue du Sahara ravive le souvenir de l’épisode d’août 2003, qui avait généré une surmortalité de 15.000 personnes, en grande majorité des personnes âgées. Avec le réchauffement planétaire, lié aux émissions de gaz à effet de serre, ce phénomène climatique hier exceptionnel va se répéter, alertent les scientifiques.
L’alerte canicule niveau « orange » a été déclenchée lundi matin pour Paris, sa petite couronne et la Seine-et-Marne, par Météo-France, qui s’attend à ce que d’autres départements passent ce niveau dans la journée.
« C’est une canicule sans précédent de par sa précocité pour un mois de juin, et ce depuis 1947« , a dit à l’AFP Emmanuel Demaël, prévisionniste à Météo-France.
D’après lui, des records vont être établis pour un mois de juin et même « localement tous mois confondus« .
Le jour le plus chaud se situera « entre jeudi et vendredi… ça va atteindre les 40°C ou les dépasser localement« . La canicule « devrait s’étendre au week-end, au moins sur une large moitié du sud-est« , selon le prévisionniste.
Lundi, les fortes chaleurs (entre 35°C et 38°C) séviront entre Loire et vallées du Massif Central, la vallée du Rhône et l’arrière-pays provençal, pour gagner mardi le nord-est, avant de s’étendre entre mercredi et jeudi sur une grande partie de l’ouest du pays.
« Ilots de chaleur« , les grandes villes telles que Paris et Lyon souffriront particulièrement, pour cause de sols bétonnés, du manque d’arbres et des activités humaines importantes.
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La Ville de Paris a activé dès dimanche le niveau alerte orange et annoncé une série de mesures de prévention.
Seniors et personnes malades peuvent ainsi s’inscrire, par appel au 3975, au fichier « Chalex« , ce qui leur permet d’être régulièrement contactés par téléphoner. En cas d’urgence, un médecin bénévole et un travailleur social seront mobilisés.
Sont aussi prévues des « salles rafraîchies » dans les équipements publics, des fontaines temporaires, l’ouverture nocturne de 18 parcs, ainsi que la distribution de gourdes aux SDF, ou l’installation de ventilateurs dans les crèches et écoles.
Les autorités publiques rappellent la nécessité de boire de l’eau régulièrement, de mouiller son corps et de protéger sa peau, notamment celle des petits (chapeau, lunettes, t-shirt à manches longues, vêtements anti-UV).
A éviter: l’alcool, les efforts physiques, laisser un enfant seul dans la voiture, se baigner dans l’eau fraîche d’un lac en raison du risque de chocs thermiques et bien sûr… ne pas se mettre en plein soleil.
La plateforme d’information « Canicule info service » est accessible au 0800 06 66 66 (numéro vert) pour des recommandations.
Dans le milieu du travail, la ministre Muriel Pénicaud a rappelé « la responsabilité des employeurs » qui doivent « adapter les horaires et les équipements« .
L’annonce de l’arrivée de fortes chaleurs a provoqué une ruée sur les équipements pour rafraîchir l’air, selon plusieurs distributeurs. Boulanger a notamment constaté une croissance de ses ventes de plus de 400% (par rapport à d’habitude) sur « la catégorie traitement de l’air« .
Airparif, l’Association de surveillance de la qualité de l’air sur l’Ile-de-France, prévoit un niveau de pollution « moyen » lundi.
Le ministre de la Transition énergétique François de Rugy a annoncé un « nouveau dispositif » à Paris permettant un déclenchement « beaucoup plus rapide » de la circulation alternée face aux pics de pollution.
Quand la chaleur sévit, la pollution à l’ozone augmente, et peut être toxique. Cet ozone est issu de réactions chimiques, sous l’effet du soleil, entre des polluants comme les oxydes d’azote, émis par le trafic routier, ou encore les composés organiques volatils (hydrocarbures, solvants…) rejetés par l’industrie.
Avec le réchauffement climatique, à l’échelle saisonnière, c’est l’été qui se réchauffe le plus. A Paris, les 5 étés les plus frais ont tous été observés avant 1980.
Selon les scénarios de Météo-France, « le réchauffement pourrait atteindre 2°C à l’horizon 2071-2100 » dans le pays par rapport à l’ère pré-industrielle, voire 4°C pour le plus pessimiste, avec des vagues de chaleur deux à trois fois plus nombreuses d’ici le milieu du siècle.
Avec AFP