La pêche côtière et artisanale en crise en 2023

La pêche côtière et artisanale au Maroc connaîtra une baisse de sa production en 2023 par rapport à l’année précédente, selon un rapport de l’Organisation nationale des pêches (ONP). Cette situation qui était prévue par les acteurs du secteur, révèle les défaillances des autorités à prendre en charge le problème de la gestion durable des ressources halieutiques, ce, malgré plusieurs initiatives énoncées.

Le rapport de l’ONP montre que les débarquements dans les ports méditerranéens ont chuté de 7% à 16.981 tonnes, et que leur valeur a diminué de 4% à 586,93 millions de dirhams. Cette tendance négative s’explique par la raréfaction de certaines espèces, comme les céphalopodes (-14%) et les fruits de mer (-7%), qui ont vu leur production et leur valeur s’effondrer respectivement de -20% et -21%. Même les poissons pélagiques, comme les sardines et les anchois, ont subi une baisse de l’offre de 5%, malgré une légère augmentation de leur valeur de 3%.

Aujourd’hui, les seules espèces qui ont connu une hausse des débarquements sont le corégone (+1%) et les crustacés (+58%), dont la valeur a suivi la même évolution (+11% et +39%), note le rapport. L’offre d’algues, quant à elle, était insignifiante, avec seulement une tonne contre 669 tonnes en 2022. Au niveau national, le bilan n’est guère plus réjouissant, avec une diminution des débarquements des pêcheries côtières et artisanales de 11% à 1.350.190 tonnes, malgré une augmentation en valeur de 3% à 9,98 milliards de dirhams.

Le Maroc, qui est le premier producteur de poisson d’Afrique et le 25ème au monde, ne peut se permettre de négliger son secteur de la pêche, qui contribue à la sécurité alimentaire, à la création de richesse et à la préservation de l’environnement.

Les pêcheurs marocains font face à plusieurs difficultés pour vivre de leur travail, notamment la raréfaction du poisson en Méditerranée et dans l’Atlantique, due à la surpêche, au changement climatique et à la pollution, mais aussi de la concurrence déloyale des navires étrangers, notamment espagnols, qui pêchent dans les eaux marocaines sans respecter les termes de l’accord de pêche avec l’Union européenne.

En 2020, ils ont dû faire face à la baisse de la demande et des prix du poisson, causée par la pandémie de Covid 19, qui a affecté les secteurs de la restauration, du tourisme et de l’exportation.

Les difficultés d’accès au crédit, aux subventions, au carburant, à la glace, aux appâts et au matériel de pêche, conjuguées aux conditions de vie et de travail précaires, marquées par l’insécurité alimentaire, sanitaire et sociale, sont entre autres d’autres problèmes dont font face les acteurs du secteur.

Ces facteurs ont entraîné une diminution des revenus, une augmentation de la pauvreté et une perte de motivation des pêcheurs, qui se sentent délaissés par le gouvernement et les autorités locales. Certains pêcheurs ont même dû arrêter leur activité, faute de rentabilité. D’autres se tournent vers l’aquaculture, qui offre des perspectives plus prometteuses.

Dans ce contexte, le gouvernement a mis en place une politique de pêche responsable, qui respecte les principes de l’Accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable entre le Maroc et l’Union européenne, et qui soutienne le plan “Halieutis”, destiné à renforcer la compétitivité et la durabilité du secteur. Sans une telle stratégie, la pêche côtière et artisanale au Maroc risque de s’effondrer, au détriment des pêcheurs, des consommateurs et de l’écosystème marin.

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