La situation des migrants aux frontières tuniso-libyennes est dramatique

Selon les témoignages recueillis par plusieurs médias auprès des gardes-frontières libyens et des migrants, chaque jour, des centaines de migrants venant d’Afrique subsaharienne arrivent en Libye, après avoir traversé le désert, et sont abandonnés à la frontière par les autorités tunisiennes.

La même source rapporte que dimanche 30 juillet, une centaine d’Africains ont été sauvés par des gardes libyens alors qu’ils se trouvaient dans une zone désertique près du lac salé de Sebkhat al-Magta, situé à la frontière entre la Tunisie et la Libye. Cela coïncide avec la commémoration par la Tunisie de la Journée mondiale de lutte contre la traite des êtres humains et le cinquième anniversaire de son adhésion à la convention relative à ce sujet.

Par ailleurs, l’ONG Human Rights Watch a dénoncé que les forces de sécurité tunisiennes ont expulsé “au moins 1.200 ressortissants subsahariens aux frontières orientales avec la Libye et occidentales avec l’Algérie”.
Face à cette situation, le Croissant-Rouge tunisien a réagi en fournissant une aide et un hébergement à plus de 600 personnes à Ras Jedir, une zone tampon située entre la Tunisie et la Libye, tandis qu’environ 200 autres ont été pris en charge du côté algérien.

Malgré cela, près d’Al’Assah, à environ 40 kilomètres au sud de Ras Jedir, les migrants continuent d’arriver dans un état de détresse, par petits groupes de deux ou trois ou même par dizaines. Épuisés par la chaleur et assoiffés, beaucoup d’entre eux s’écroulent aux pieds des gardes-frontières, rapporte l’AFP.

Ils effectuent, en collaboration avec la direction de la lutte contre l’immigration saharienne et les militaires du “Bataillon 19”, des patrouilles quotidiennes.

Ali Wali, porte-parole du Bataillon 19, exprime ses inquiétudes face à la situation : “Nous sommes à la ligne de démarcation entre la Libye et la Tunisie, et chaque jour, nous constatons l’arrivée croissante de migrants.” Il explique avoir autorisé les médias à les accompagner en patrouille afin de réfuter les accusations de certaines personnes en Tunisie qui prétendent que ces forces ont orchestré la situation en amenant délibérément les migrants à la frontière.

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Le bilan s’alourdit et les organisations humanitaires en Libye, citées par les médias, recensent au moins 17 personnes décédées ces trois dernières semaines lors de leur traversée.
Actuellement, à Ras Jedir, environ 350 migrants vivent toujours dans un campement de fortune, parmi lesquels 65 enfants et 12 femmes enceintes. Un responsable humanitaire en Libye indique à l’AFP que leurs conditions de vie sont extrêmement préoccupantes. Par ailleurs, environ 180 autres migrants, dont 20 enfants, sont temporairement hébergés à Al’Assah.

Toutefois, depuis une dizaine de jours, les migrants à Ras Jedir ont commencé à recevoir de l’eau, de la nourriture et des soins médicaux fournis par le Croissant-Rouge libyen.

Selon une source humanitaire, la situation des migrants s’améliore temporairement, mais elle est loin d’être durable. En effet, il n’y a pas de sanitaires, de réservoirs d’eau ni d’abris appropriés dans les camps où ils se trouvent.

Ces derniers jours, le gouvernement de Tripoli a clairement exprimé son refus de “réinstaller” les migrants arrivant de Tunisie sur son territoire. La Libye a été vivement critiquée dans plusieurs rapports de l’ONU qui dénoncent les violences subies par les 600.000 migrants qu’elle détient, la majorité étant maintenue dans des camps.
Dénonçant “la détresse insoutenable” dans laquelle se trouvent les migrants, le rappeur Gims a pris la décision d’annuler son concert prévu pour le 11 août en Tunisie, à Djerba. Cette décision vise à attirer l’attention sur la situation précaire des migrants et à exprimer sa solidarité envers eux.

“Des enfants, des femmes, des hommes, expulsés de la Tunisie vers la Libye, vivent dans des conditions inhumaines”, a écrit dimanche le rappeur sur son compte Instagram. Et d’ajouter, « Je ne peux maintenir ma venue en Tunisie, prévue le 11 août prochain. Je ne sais pas où sont les solutions. Mais cette détresse extrême est insoutenable ».

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