L’Afrique du Sud s’invite dans le dossier du Sahara et se voit médiatrice…

L’Afrique du Sud, qui soutient la cause du Polisario, a reçu la visite de l’Envoyé spécial des Nations Unies pour le Sahara, Staffan de Mistura, dans le but de lui faire part de sa vision dans un conflit dont elle n’est concernée ni près ni de loin. Cette initiative a été vivement dénoncée par les observateurs, qui considèrent que le dossier du Sahara relève exclusivement du Conseil de sécurité de l’ONU, tandis que d’autres accusent Pretoria de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays souverain.

Staffan de Mistura, qui a été nommé en juillet 2021 par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, pour relancer le processus de paix au Sahara, s’est rendu à Pretoria à l’invitation du gouvernement sud-africain, qui reconnaît le mouvement indépendantiste du Polisario. L’Afrique du Sud est l’un des principaux soutiens du Polisario sur le continent africain et au sein de l’Union africaine (UA), où elle semble disposer d’une forte influence.

Cette invitation intervient alors que l’Afrique du Sud se sent enhardie par sa plainte contre Israël devant la Cour internationale de Justice (CIJ), où elle a exigé un cessez-le-feu immédiat à Gaza, suite à l’escalade de violence qui a fait plus de 25 000 morts. L’Afrique du Sud, qui se présente comme un défenseur des droits de l’homme et du droit international, entend ainsi jouer un rôle plus actif dans la résolution des conflits régionaux et mondiaux, mais sa manière de s’immiscer dans les affaires internes des Etats posent un véritable problème.

Mais l’implication de l’Afrique du Sud dans le dossier du Sahara a suscité de vives critiques de la part des observateurs, qui défendent la souveraineté du Royaume, qu’ils considèrent comme une partie intégrante de son territoire national. Le Maroc, qui a récemment pris la présidence du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, a souligné à plusieurs reprises que la question du Sahara relevait uniquement de la compétence du Conseil de sécurité de l’ONU.

Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, l’ambassadeur du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, a protesté contre les actions de l’Afrique du Sud, qui sont les principaux adversaires du Maroc dans ce conflit. Hilale a affirmé que l’Afrique du Sud cherchait à « torpiller » les efforts de l’ONU et à « imposer » sa position au détriment de la légalité internationale. Il a également rappelé que le Maroc avait proposé en 2007 un plan d’autonomie pour le Sahara, qui a été salué par le Conseil de sécurité comme une « solution sérieuse et crédible ».

Le Maroc n’a pas encore donné de réponse officielle à la visite de De Mistura à Pretoria, mais certains observateurs y voient une vaine tentative de l’Afrique du Sud de rouvrir le dossier, qui a connu un tournant majeur en décembre 2020, lorsque les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Ils soulignent que l’UA s’est fermement rangée du côté de la légalité internationale de l’ONU et qu’un « mécanisme africain » -la troïka- a été mis en place pour aider l’ONU à trouver une solution au conflit, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Maroc.

De Mistura n’a pas encore fait de propositions concrètes pour reprendre le processus de paix, qui est au point mort depuis la démission de son prédécesseur, l’Allemand Horst Köhler, en mai 2019. Il a dit vouloir élargir le dialogue et consulter toutes les parties concernées, y compris l’Algérie et la Mauritanie, ainsi que les membres du Conseil de sécurité et de l’UA. Mais certains experts affirment qu’il ne tirera aucune conclusion de ses entretiens avec les autorités sud-africaines, qui ont une position biaisée et partisane sur le dossier.

Le porte-parole de l’ONU défend la visite de Mistura en Afrique du Sud

Face aux critiques, l’ONU a défendu la visite de son envoyé personnel au Sahara marocain, Staffan de Mistura, en Afrique du Sud. Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré mercredi que cette visite faisait partie du mandat de de Mistura, qui souhaite s’entretenir avec toutes les parties et tous les pays susceptibles de jouer un rôle dans l’avancement du processus de l’ONU.

Dujarric répondait à une question sur « les motifs de cette visite incompréhensible », qui a suscité beaucoup de surprise, car l’Afrique du Sud est l’un des plus grands alliés du Front Polisario et mène souvent une campagne diplomatique acharnée contre l’intégrité territoriale du Maroc, qu’elle ne reconnaît pas.

Le porte-parole de l’ONU a déclaré que de Mistura s’était rendu non seulement en Afrique du Sud, mais également dans d’autres pays de la région et au-delà, notamment en Algérie, en Mauritanie, en Égypte, en France, en Espagne, en Allemagne et en Russie. Il a ajouté que de Mistura avait le droit de consulter les pays concernés (membres, comme il les a décrits), et même les pays non impliqués, dans le cadre de son mandat. Il a ajouté que de Mistura recourait parfois à une « diplomatie discrète », mais qu’il avait toujours été actif dans son poste.

Il a souligné la transparence de Mistura, qui fait régulièrement rapport au Conseil de sécurité, auquel il a présenté son plan de travail en janvier 2021. Il a déclaré que de Mistura était un très bon communicateur qui essayait de faire avancer le processus de l’ONU, dans le respect des résolutions pertinentes et du droit international. Il a ajouté que cela n’avait pas d’importance si certaines parties étaient en désaccord avec la visite de de Mistura en Afrique du Sud et que de Mistura souhaitait parler à tout le monde, sans exclusion ni préjugé.

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