L’Algérie paie le prix fort de son isolement commercial avec le Maroc
En réaction aux succès diplomatiques et économiques du Maroc l’Algérie a pris des mesures radicales pour rompre ses liens économiques avec le Maroc. Non seulement elle a fermé ses frontières terrestres et coupé le gazoduc GME qui alimentait l’Europe en gaz algérien via le Maroc, mais elle a aussi interdit tout transit et transbordement de marchandises depuis les ports marocains vers son territoire. Cette décision vise surtout le port de Tanger qui assure la liaison maritime entre l’Algérie et le reste du monde. Mais, cette peine perdue, le Maroc est déjà en avance sur bien des dynamiques géoéconomiques.
Situé à l’entrée du détroit de Gibraltar, le port de Tanger est un hub stratégique pour le commerce international. Il offre des services de transbordement, c’est-à-dire le transfert de marchandises d’un navire à un autre, à des tarifs compétitifs. Depuis que les navires évitent la mer Rouge en raison des tensions géopolitiques dans la région, le port marocain est la porte d’entrée vers la mer pour de nombreux pays africains et européens.
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En se privant de cet accès privilégié à la mer, l’Algérie s’expose à une flambée des coûts d’importation et d’exportation. Selon le groupe français CMA CGM, leader mondial du transport maritime, les prix du fret entre l’Algérie et la France ont augmenté de 30% depuis le début de la crise. Le groupe profite de la situation pour imposer des surcharges aux clients algériens qui veulent utiliser ses services.
L’Espagne, autre alternative au Maroc pour le transit vers l’Algérie, pourrait également voir les prix de transit augmenter de manière significative. En effet, les ports espagnols sont saturés et ne disposent pas de la même capacité que le port de Tanger.
L’Algérie, qui dépend fortement des importations pour son économie, risque donc de subir les conséquences de sa politique de rupture avec le Maroc. Le pays pourrait se tourner vers d’autres partenaires, comme la Turquie ou la Chine, mais cela impliquerait des délais plus longs et des coûts supplémentaires. Le gouvernement algérien devra donc trouver des solutions pour rétablir le dialogue avec le Maroc ou diversifier ses sources d’approvisionnement.