Le bras de fer de Benkirane face à la réforme du code de la famille

Dans le contexte actuel de balbutiement au niveau des états-majors des partis politiques, entre renouvellement des instances et guerre de positionnement, l’annonce par l’ancien Premier ministre Abdelilah Benkirane d’une potentielle « marche du million » en réaction à la réforme du code de la famille suscite un vif débat national. Cette déclaration, prononcée dimanche à Casablanca, marque le ferme rejet par le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD) de toute modification législative qui contreviendrait aux principes de la charia.

La réforme Moudawana envisagée, qui pourrait introduire des changements majeurs tels que la légalisation encadrée de l’avortement, l’interdiction du mariage des mineurs et l’établissement d’une égalité des sexes inconditionnelle, a été accueillie avec hostilité par Benkirane. Il a vivement critiqué les défenseurs de ces mesures, les qualifiant de « meurtriers » et de « criminels », et a accusé certains partis politiques de chercher à « altérer la parole divine ».

Benkirane a également interpellé les dirigeants de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et du Parti du progrès et du socialisme (PPS), les incitant à renouveler leur engagement envers les enseignements de l’Islam et de l’Imam Malik. Il les accuse de vouloir s’éloigner des valeurs conservatrices et de rejeter les fondements religieux.

Cette prise de position de Benkirane intervient à un moment décisif, alors que la commission chargée de réviser le code de la famille doit présenter ses conclusions au Roi Mohammed VI dans moins d’un mois. La perspective de cette « marche du million » soulève des interrogations sur l’avenir de la réforme et sur la capacité de la société à trouver un équilibre entre tradition et modernité.

Le débat autour de la réforme du code de la famille reflète les tensions entre les valeurs traditionnelles et les aspirations à une société plus égalitaire et progressiste. Les partisans de la réforme soulignent la nécessité d’adapter la législation aux réalités sociales contemporaines, tandis que les opposants, emmenés par Benkirane, plaident pour la préservation des principes religieux et du conservatisme social. L’issue de cette controverse dépendra de la capacité des acteurs politiques et sociaux à dialoguer et à concilier croyances religieuses et droits humains.

En décembre 2023, Benkirane a surpris son auditoire en suggérant que les femmes seraient les premières affectées par les conséquences négatives des initiatives en faveur de l’égalité des sexes. Lors d’un discours au Forum régional des femmes à Fès-Meknès, il a exprimé son scepticisme quant à l’égalité des sexes et a affirmé que les femmes en subiraient les répercussions.

Benkirane a comparé la situation au Maroc avec celle de l’Europe, arguant que les partisans de « l’égalité mécanique » sont souvent issus d’une « élite francisée » déconnectée des réalités sociétales et dépourvue de perspectives religieuses, menant une existence différente de celle de la majorité des Marocains.

Il avait également abordé la question épineuse de l’article 400 du code de la famille, plaidant pour son maintien afin de pallier les lacunes potentielles des décisions judiciaires.

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