Le fardeau économique des maladies non transmissibles, un défi réel de santé publique

Le fardeau économique des maladies non transmissibles (MNT) est encore plus lourd, aussi bien en termes de perte de productivité qu’en termes de dépenses en soins, ce qui en fait un grand défi pour les systèmes de santé et les gouvernements, a affirmé, mardi à Salé, le ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb.

S’exprimant lors de la journée de présentation de l’analyse situationnelle de la prise en charge des MNT et du plan d’action multisectoriel 2023-2024, le ministre a souligné que les dépenses des caisses gestionnaires de l’assurance maladie pour un groupe de quatre maladies non transmissibles (diabète, Hypertension artérielle, insuffisance rénale chronique terminale et cancers), représentent près de 75% des dépenses totales des deux caisses.

Ces pathologies et leurs facteurs de risque constituent un grand défi auquel doivent faire face tous les systèmes de santé et les gouvernements désirant améliorer l’état de santé de leurs populations, a-t-il poursuivi.

M. Ait Taleb a relevé que le Maroc oeuvre pour que le chantier de la généralisation de la protection sociale soit effectif et que l’Assurance maladie obligatoire (AMO) soit généralisée, conformément aux dispositions de la loi 09-21, dans une perspective de Couverture Sanitaire Universelle.

Le ministre estime que cela contribuera, sans aucun doute, à la réduction des inégalités dans l’accès aux soins et allègera le fardeau économique dont souffrent les malades, surtout ceux atteints de maladies lourdes et coûteuses.

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Le Maroc, grâce à ses réalisations et ses avancées en matière de santé, est le pionnier de tous les pays de la région de la Méditerranée orientale dans plusieurs domaines et est toujours considéré par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme un premier pays focus s’agissant de l’implémentation des interventions développées par l’organisation, a précisé la représentante de l’OMS au Maroc, Maryam Bigdeli, dans une allocution lue en son nom par le coordinateur des systèmes de santé au bureau de l’OMS au Maroc, Hafid Hachri.

Au Maroc, et en ligne avec les orientations de l’OMS, l’organisation a appuyé le ministère de la Santé et de la Protection sociale dans la mise en oeuvre de la stratégie nationale multisectorielle de prévention et de contrôle des MNT à travers un éventail de projets et d’activités, a-t-elle précisé.

Pour sa part, la représentante d’ONU Femmes-Maroc, Myriem Noussairi, a relevé que ces maladies affectent les femmes de manière disproportionnée. L’intégration de la perspective de genre dans les politiques de santé et la prise en compte des spécificités de genre portant sur la prévalence des MNT et les facteurs de risques permet d’améliorer l’accès des femmes aux services de dépistage, de traitement, de prise en charge et de suivi des MNT, a soutenu Mme Noussairi.

A ses yeux, il est impératif d’adopter une approche systémique et intersectorielle pour comprendre les disparités entre femmes et hommes et les facteurs socioculturels et économiques qui exacerbent ces écarts.

De son côté, la directrice-adjointe de l’Agence Française de Développement (AFD), Béryl Bouteille a noté que le Maroc, avec sa Stratégie nationale multisectorielle de prévention et de contrôle des MNT 2019-2029 adoptée en 2019, s’est doté d’un outil de pilotage qui permettra de mieux prendre en charge les Affections Longues Durées (50% des dépenses de l’AMO) et mieux faire face à la reconfiguration de l’offre de soins notamment liée à la réforme de la protection sociale.

L’AFD mobilise ses financements et soutient les transitions du Royaume vers un capital humain plus protégé, soigné et mieux préparé pour l’avenir, a-t-elle dit, précisant qu’en décembre 2021 un premier financement de 154 millions d’euros a été mobilisé pour accompagner la généralisation de l’assurance maladie et le renforcement de l’offre de soins, dont 4 millions d’euros permettent de mobiliser Expertise France pour accompagner techniquement les acteurs de ces réformes.

Dans un document du ministère, la situation épidémiologique nationale concernant les maladies non transmissibles et leurs facteurs de risque a été soulignée, avec des statistiques alarmantes indiquant que quelque 83 pc des décès au Maroc sont attribuables à ces maladies. Les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète et les maladies respiratoires chroniques représentent 24% des décès prématurés chez les Marocains âgés de 30 à 70 ans, selon les données de l’OMS pour l’année 2022.

Le ministère assure avoir pris des mesures significatives en adoptant la stratégie nationale multisectorielle de prévention et de contrôle des maladies non transmissibles pour la période 2019-2029, notant que cette stratégie, développée et mise en œuvre de manière participative et préventive, est un modèle d’intégration de la santé dans toutes les politiques.

Les efforts dans ce domaine ont été renforcés par la signature de la Charte nationale de prévention et de contrôle des maladies non transmissibles par 17 partenaires stratégiques, dont 11 secteurs gouvernementaux, ainsi que 02 institutions publiques et 04 organisations non gouvernementales. Pour renforcer cette dynamique et les efforts d’intervention et pour atteindre les objectifs fixés d’ici 2029, il a été procédé à la signature de la charte nationale de prévention et de contrôle des maladies non transmissibles avec de nouveaux partenaires.

Cette charte a été paraphée, à cette occasion, par le ministre de la Santé et de la Protection Sociale, Khalid Ait Taleb, le ministre des Habous et des Affaires Islamiques, Ahmed Toufiq, la ministre de la Solidarité, de l’Insertion Sociale et de la Famille, Aawatif Hayar, le Directeur général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), Hassan Boubrik, le directeur général de l’Agence Nationale de l’Assurance Maladie (ANAM), Khalid Lahlou, ainsi que le président de la Fédération nationale de l’agroalimentaire (FENAGRI), Abdelmounim El Eulj, et la directrice générale de la Fondation Saham, Ghalia Benabdeljelil.

Avec MAP

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