Le football, cet instrument de cohésion nationale

Billet du jour N°6

Comme d’autres sports, le football est considéré comme un instrument de cohésion voire nationale voire internationale, parfois même glorifié comme tel. La Coupe du monde, en cours au Qatar, fait partie des tournois internationaux les plus politiques de l’histoire de la compétition. Les victoires des équipes y sont célébrées avec une forte dimension patriotique. Le match Maroc/Belgique a encore réveillé le sentiment de fierté nationale des Marocains dans un contexte de tension sociale du fait de l’inflation et la « pression » fiscale décriée par les professions libérales à propos du PLF 2023. Le football est bien un instrument d’identité nationale.

« La fierté la moins chère, en revanche, est la fierté nationale. Car il trahit chez ceux qui en sont affligés le manque de qualités individuelles dont il pourrait être fier, sinon il n’atteindrait pas ce qu’il partage avec tant de millions », écrivait Arthur Schopenhauer dès l’avant-dernier siècle.

S’identifier à sa nation semble un peu étrange si l’on considère que personne ne choisit son lieu de naissance. Si c’est une pure coïncidence que je suis né à Tétouan et non à Montréal, Pékin ou Montevideo, alors à quoi bon être fier de l’endroit où je suis né ? La nation elle-même est une construction. Mais de l’Etat nation, plusieurs vecteurs peuvent nous unir, ce, notamment des moments de joie nationale ou de drame. Parmi ces vecteurs, le sport en particulier le foot est devenu lien fort qui unit les peuples. Comme je l’avais écrit, il y a quelques années, le football est devenu l’opium des peuples.

Grâce au football, beaucoup de gens veulent être fiers de leur pays. Beaucoup se disent alors fiers de ce que l’équipe nationale du Maroc réalise actuellement dans cette coupe du monde Qatar 2022 : Match nul la Croatie, vice-championne du monde et victoire contre la Belgique arrivée dans le dernier carré de la dernière Coupe du monde en Russie. Aujourd’hui, tous les Marocains de la planète sont fiers de leur pays.

D’un point de vue scientifique ou analytique, la nature et l’expression de ce que l’on peut qualifier d’identité nationale sont difficiles à décrire. L’unité « ressentie » ou le lien affectif avec son propre pays échappe aux approches de la recherche sociologique. Les événements sportifs – et ici le football en particulier – offrent une surface de projection appropriée pour les changements politiques et sociaux et les relations avec la nation.

L’exemple de la Coupe du monde ou de la Coupe d’Afrique est des moments d’affirmation d’une identité nationale, pas qu’au Maroc, mais pour tous les pays qualifiés à ces tournois.

La Coupe du monde a créé des mythes, des héros et des « lieux de mémoire », comme le Sénégal avec la Ville de Séoul en 2002, où il avait battu le France, champion du monde de l’exercice d’avant.

De même, cette coupe du monde sera marquée de manière indélébile pour l’Arabie saoudite qui a infligé à l’Argentine de Lionel Messi sa première défaite du tournoi.

Les matchs de football sont indissociables de la politique et de l’identité nationale : « Il n’est pas nécessaire d’y faire entrer la politique et de la mélanger, elle est toujours là, dans la mesure où les nations sont des corps politiques » (Pascale Boniface). La victoire du Maroc contre la Belgique au stade Al Thumama de Doha a montré l’impact politique du football.

Au-delà de la présence des Marocains de toutes sensibilités, celle d’Omar Hilale, Représentant permanent du Maroc auprès des Nations Unies a été très fortement appréciée par les internautes. Une photo postée dans ce sens a été virale dans les réseaux sociaux.

L’exubérance nationale de cette coupe du monde s’explique notamment par le fait que le Maroc, depuis quelque temps mène une offensive diplomatique très importante. La belle prestation de l’équipe nationale vient ainsi renforcer cette belle dynamique politique et taire un peu les tensions sociales.

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