Le gouvernement renforce la lutte contre le travail informel

Le Secrétaire d’État chargé de l’Emploi, Hicham Sabiry, a récemment annoncé la création d’une plateforme électronique pour signaler les infractions au droit du travail, en particulier la non-déclaration des salariés à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Cette initiative, conforme aux priorités fixées par le gouvernement marocain pour la régulation du marché du travail, vise à renforcer la transparence, faciliter l’accès à la justice pour les travailleurs et lutter contre le travail informel.

Le travail informel demeure une problématique majeure dans l’économie marocaine. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), environ 30 % de la population active travaille dans le secteur informel, sans couverture sociale et sans droits légaux associés. Ce phénomène a des conséquences directes sur la protection des travailleurs, leur accès aux soins, et leur sécurité financière.

Le lancement de la plateforme de signalement représente un levier important pour lutter contre cette situation. En permettant aux travailleurs non déclarés de dénoncer les infractions au droit du travail, notamment la non-déclaration à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), le gouvernement espère régulariser une partie importante de ce secteur. Selon le ministère de l’Emploi et des Affaires Sociales, cette initiative s’inscrit dans la stratégie globale du gouvernement pour promouvoir l’inclusion sociale et le développement d’un marché du travail plus formel.

Le signalement via une plateforme numérique permettrait ainsi de centraliser les plaintes, d’accélérer le processus de régularisation et de réduire la prévalence du travail informel. Un autre enjeu majeur de cette initiative concerne la protection des droits des travailleurs non déclarés. Le Ministère de l’Emploi et des Affaires Sociales souligne que la non-déclaration des salariés prive ces derniers de leurs droits sociaux fondamentaux, notamment la couverture médicale, la retraite et les indemnités de chômage. En créant un moyen sécurisé et accessible de signalement des infractions, la plateforme vise à protéger les droits des travailleurs en rendant les employeurs plus responsables de leurs obligations légales.

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Cependant, pour que la plateforme ait un réel impact, il est essentiel qu’elle soit accompagnée de mesures de protection contre les représailles. Le ministère de l’Emploi, dans son rapport annuel, met l’accent sur la nécessité de garantir l’anonymat des dénonciateurs et d’instaurer des mécanismes de confidentialité pour protéger les travailleurs. Une telle protection est cruciale pour encourager l’utilisation de la plateforme et garantir que les plaintes soient traitées sans crainte de représailles.

L’efficacité de la plateforme dépendra également de la réactivité des inspecteurs du travail. Actuellement, les inspecteurs sont chargés de vérifier la conformité des entreprises aux normes du droit du travail, notamment la déclaration des salariés à la CNSS. Toutefois, le ministère de l’Emploi et des Affaires Sociales souligne que le nombre d’inspecteurs du travail est insuffisant par rapport à la taille du marché du travail, ce qui pourrait limiter l’efficacité de la plateforme. Une étude menée par le ministère de l’Emploi indique que les inspecteurs du travail manquent de ressources pour effectuer des contrôles réguliers, ce qui peut entraîner des retards dans le traitement des plaintes et des infractions. Ainsi, bien que la plateforme puisse centraliser et accélérer le processus de signalement, elle devra être accompagnée d’un renforcement des capacités de l’inspection du travail, notamment par la formation continue et l’augmentation des effectifs. Selon les recommandations du ministère des Finances, l’investissement dans le renforcement de l’inspection du travail sera nécessaire pour garantir une réponse rapide et efficace aux plaintes déposées via la plateforme.

Le ministère des Finances et le ministère de l’Emploi recommandent également de mener une campagne de sensibilisation nationale pour informer les travailleurs des fonctionnalités de la plateforme et des garanties qu’elle offre en matière de confidentialité et de protection des droits. Une telle campagne, associée à des mécanismes de suivi transparents, permettra de renforcer la confiance des citoyens dans ce nouveau dispositif. Enfin, l’implication des syndicats et de la société civile est essentielle pour garantir la portée et l’efficacité de la plateforme. Le ministère de l’Emploi, dans ses rapports sur la réforme du marché du travail, reconnaît le rôle crucial des syndicats dans la sensibilisation des travailleurs aux droits du travail et dans la défense de leurs intérêts. En collaborant avec ces organisations, le gouvernement pourra assurer une meilleure couverture et un soutien accru pour les travailleurs informels.

La mise en place de la plateforme électronique pour signaler les infractions au droit du travail constitue une avancée importante dans la régulation du marché du travail au Maroc, en particulier pour lutter contre le travail informel et améliorer la protection des droits des travailleurs. Selon le ministère de l’Emploi et de l’Insertion Professionnelle, le succès de la plateforme repose sur plusieurs facteurs déterminants : la formation et le renforcement des capacités des inspecteurs du travail, la garantie de la confidentialité et de la protection des travailleurs, ainsi que l’implication active des syndicats et de la société civile. Si ces conditions sont réunies, elle pourrait devenir un levier central pour la régularisation du marché du travail et la promotion d’une économie inclusive et équitable.

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