Le jeu suicidaire de l’Iran

Par Hassan Alaoui

De plus en plus, bon an mal an, l’actualité internationale braque ses projecteurs sur la République islamique de l’Iran. L’ancien empire de Darius est aujourd’hui de nouveau au centre d’interrogations voire de controverses, notamment avec les Etats-Unis et certains pays d’Europe et du monde arabe.

Née sur les décombres du régime du Shah Réda Pahlevi, chassé en février 1979 après une insurrection populaire qui a duré plusieurs mois, la République islamique – appuyée sur les forces spéciales, dites « gardiens de la Révolution » s’est d’emblée caractérisée par une irascible hostilité vis-à-vis de l’Occident, du monde arabe et des démocraties en général.

Au cœur du conflit latent et permanent avec le monde arabe, il y a bien entendu l’opposition entre l’Islam sunnite et le chîisme qui est la religion dominante de l’Iran. Elle remonte quasiment à des siècles, marquée par la volonté de l’empire perse d’imposer sa férule aux pays de la région. La destitution violente du régime du Shah en 1979, son remplacement par une république islamique, affublé de « révolution » qui a trouvé un écho voire une soutien parmi des intellectuels en Europe, dont Giscard d’Estaing, ancien président de la République française qui avait offert un exil dans la région parisienne à l’Ayatollah Khomeiny et Michel Foucault, philosophe, figure emblématique de l’Intelligentsia française.

Ce que l’on a appelé « révolution des bazars », devenue révolution iranienne – comparée abusivement à la révolution française de 1789- , le mouvement populaire qui l’a caractérisé s’est transformé ensuite en régime de Terreur : emprisonnement et assassinat d’opposants par cette police appelée les Pasdarans, des femmes et des milliers de jeunes, violations des libertés et asservissement des femmes, une répression instituée en mode d’emploi contre toute expression contestataire. L’Iran est entré depuis 1979 dans l’ère du soupçon et d’une rédhibitoire violence du régime contre son propre peuple.

Sur le plan régional et international, ses dirigeants – mollahs et ayatollahs – ont cultivé une haine viscérale de tout ce qui incarne une influence occidentale, notamment américaine. Il convient de rappeler, à cet égard, que l’Amérique dans les années soixante et jusqu’à la chute du régime du Shah en 1979, constituait le principal pour ne pas dire l’exclusif soutien de l’Iran. Le Shah avait été « réintronisé » par les Etats-Unis dans l’optique de renverser Mossadegh, premier ministre, dont les atermoiements pour lutter contre les communistes et l’influence soviétique, inquiétaient ces derniers. A l’époque pays d’obédience occidentale, l’Iran le demeura jusqu’à l’arrivée de Khomeiny en février 1979…Son basculement dans l’islamisme, avec un versant répressif inouï,  sa guerre idéologique lancée à tout bout de champ, la guerre tout court qu’il lança en 1980 contre l’Irak de Saddam avaient fini de l’isoler…

On soupçonnait chez lui des velléités de puissance et d’hégémonisme, et ses voisins immédiats, comme l’Irak, les Emirats arabes unis, Bahrein, Koweit, l’Arabie saoudite et autres n’ont pas cessé de s’inquiéter de ses menaces. L’Iran a commencé la fabrication de la bombe atomique avec une volonté affichée de devenir une puissance nucléaire, et l’objectif non moins proclamé de s’attaquer à Israël. Il a mis en œuvre ainsi un enrichissement camouflé d’enrichissement de l’uranium, prétendument civil avec, en catimini une vision militaire. Il cultive un double langage ahurissant qui trompe la communauté internationale, interdite d’accès aux sites de fabrication, menée en bateau in fine. Ni les pressions économiques ou autres, ni les sanctions diverses ne réussissent à le faire céder. Par contre, l’Iran est de plus en plus présent sur la scène du Moyen Orient et semble peser d’un poids considérable sur l’évolution politique et militaire de cette région.

L’Iran a fait capoter et torpiller le rapprochement esquissé entre Israël et l’Arabie saoudite à la veille du tristement célèbre 7 octobre dernier quand le Hamas a lancé ses attaques contre l’Etat hébreu, l’Iran soutient le Hezbollah au Liban, économiquement et militairement, fournit armes et conseillers militaires à la Syrie, aux chiites d’Irak, en Arménie, en Afghanistan, aux Houtis, au polisario et, dans la foulée à l’Algérie contre le Maroc. L’Iran ne cache plus ses ambitions régionales et ne cache pas son soutien aux mercenaires du polisario et, ce faisant, sa volonté de nuire au Royaume du Maroc.

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