Le Maroc franchit un cap avec son médicament antiépileptique à base de cannabis
Le Maroc fait un bond en avant en lançant le premier médicament générique à base de cannabis pour traiter l’épilepsie. Cette avancée offre une alternative abordable et ouvre la voie à une nouvelle ère pour l’industrie du cannabis, marquée par des réformes et des opportunités économiques.
Les laboratoires marocains ont franchi une étape importante en lançant le premier médicament générique à base de cannabis destiné à traiter l’épilepsie. Cette initiative, portée par la société Pharma 5, est un tournant dans le domaine de la santé et de l’industrie pharmaceutique au Maroc. Le médicament, à base de cannabidiol (CBD), a été conçu pour respecter les normes sanitaires internationales tout en offrant une alternative pour les patients souffrant d’épilepsie.
Actuellement, on estime que près de 400 000 personnes souffrent d’épilepsie au Maroc, un nombre significatif qui a incité Pharma 5 à investir 250 millions de dirhams pour développer ce produit, entièrement fabriqué au Maroc. Ce développement est d’autant plus marquant que le médicament générique « Epidyolex », une référence dans le traitement de l’épilepsie à base de CBD, est vendu à un prix élevé, dépassant les 10 000 dirhams. Ce coût élevé rend l’accès au traitement difficile pour une large part de la population marocaine.
Afin de garantir la qualité de son produit, le laboratoire Pharma 5 veille à ce que le CBD utilisé dans la fabrication du médicament soit cultivé selon des normes rigoureuses. Chaque étape de la production, de l’agriculture durable à la fabrication finale, est soigneusement supervisée pour assurer un produit à la fois sûr et efficace pour les patients. Cette démarche a été vivement saluée par la Direction des Médicaments et de la Pharmacie, ainsi que par l’Agence Nationale de Réglementation du Cannabis (ANRAC), qui ont souligné l’impact positif de ce traitement à base de CBD pour améliorer la prise en charge des personnes épileptiques au Maroc et au-delà.
En effet, cette innovation s’inscrit dans un contexte de réformes législatives concernant le cannabis au Maroc. Le pays, longtemps reconnu pour sa culture traditionnelle du cannabis dans les montagnes du Rif, a récemment autorisé la culture de cannabis à des fins médicales et industrielles. Sa Majesté Le Roi Mohammed VI a même pris la décision de gracier 5 000 agriculteurs condamnés pour culture illégale de cannabis, leur offrant ainsi une seconde chance pour rejoindre le marché légal. En parallèle, le gouvernement a mis en place de nouvelles législations permettant à plus de 3 000 agriculteurs de cultiver du cannabis dans des régions comme Chefchaouen et Taounate, qui sont devenues des centres de production légale.
Les experts estiment que le Maroc pourrait générer des revenus considérables grâce à cette nouvelle industrie, pouvant atteindre jusqu’à 600 millions de dollars par an en répondant à une part de la demande européenne en cannabis. Cette dynamique ouvre des perspectives économiques pour le pays, notamment en termes de création d’emplois et de développement de nouvelles filières agricoles et pharmaceutiques.