le Parlement votera mardi sur des amendements visant à surmonter l’impasse du Brexit
Après avoir rejeté massivement l’accord sur le Brexit du gouvernement britannique et l’échec de ce dernier à présenter un plan alternatif, les députés britanniques tenteront de reprendre en main la gestion de cette question « houleuse », en votant, ce mardi, sur des amendements visant à sortir le pays de l’impasse politique sur le Brexit.
Les amendements, qui devraient être votés par les députés, concernent, entre autres, le report de la date du Brexit, la revendication d’une renégociation de l’accord de divorce avec l’UE, l’exclusion d’une sortie sans accord, ou encore la tenue d’un second référendum. Dans ce sens, une motion exposant les prochaines étapes du gouvernement concernant le Brexit sera présentée au Parlement cette semaine.
La dirigeante conservatrice, Theresa May, ferait donc face à une nouvelle série d’embuscades parlementaires, après avoir survécu de justesse, il y a deux semaines, à une motion de censure déposée contre elle par son rival de l’opposition Jeremy Corbyn suite au rejet de son accord âprement négocié avec Bruxelles, par une majorité de 432 voix, contre 202, du jamais vu dans l’histoire parlementaire britannique.
Le premier amendement, déposé par le conservateur Dominic Grieve, vise à permettre aux députés de reprendre partiellement le contrôle de l’agenda parlementaire. En vertu de cet amendement, le gouvernement devrait accorder aux députés six jours au cours des deux mois prochains pour débattre et voter sur les différentes options du Brexit, lesquelles options n’ont pas été précisées dans l’amendement.
Au sein de la même formation politique, l’ancienne ministre Caroline Spelman a déposé un amendement allant dans le sens d’écarter une éventualité de « no deal ». Cet amendement a déjà récolté le soutien de plus de 120 députés.
Du côté des travaillistes, le chef de la commission chargée du Brexit, Hilary Benn, propose de déclencher une série de votes au Parlement pour recueillir les propositions des députés en vue de contribuer à une solution ultime au départ controversé du bloc européen.
Une autre députée travailliste, Yvette Cooper, a elle carrément déposé un amendement pour reprendre partiellement la main sur la question du Brexit. Si cet amendement est adopté, les députés débattront le 5 février d’une loi pour contraindre le gouvernement à repousser la date du Brexit, si aucun accord n’était conclu au 26 février.
Le chef de l’opposition travailliste, et principal rival de Theresa May, Jeremy Corbyn, défend quant à lui un amendement dont le but est de raser de la table une éventualité de sortie sans accord de l’UE. M. Corbyn réclame ainsi un vote à la Chambre des communes pour choisir entre deux options: soit un accord remanié incluant une union douanière avec l’UE et une « relation solide » avec le marché unique, soit la tenue d’un second référendum.
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D’autres députés réclament des amendements visant à supprimer de l’accord de May, la disposition du « filet de sécurité » au sujet de la frontière irlandaise.
Ainsi, les deux conservateurs Andrew Murrison et John Baron ont déposé cinq amendements pour mettre fin à ce dispositif ayant pour objectif d’éviter une frontière « dure » entre l’Irlande et l’Irlande du Nord.
Selon le quotidien The Guardian, les tentatives des ministres et des whips (les députés chargés de faire respecter la discipline au sein des partis) du Cabinet de Mme May visant à persuader leurs collègues de renoncer à leurs amendements « sont vaines ».
« Le speaker (président de la Chambre des communes) John Bercow, détient un pouvoir énorme et peut choisir les plans à mettre en oeuvre », relève la publication.
Du côté de Bruxelles, le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, a déclaré que le fait qu’une majorité parlementaire s’oppose à une sortie sans accord « n’empêchera pas » un « no deal » de se produire en fin mars. « Pour cela, il faut qu’une majorité émerge sur une autre solution », a affirmé M. Barnier.
Pour sa part, la ministre française des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, a souligné qu’une demande de report par Londres du Brexit « mériterait d’être considérée », jugeant toutefois qu’un report en lui même « n’est pas une solution ».
« Il faut qu’il y ait un objectif politique nouveau et crédible, c’est-à-dire qu’il faut que le gouvernement britannique propose une solution qui ne rouvre pas l’accord de retrait, négocié pendant 17 mois » a-t-elle ajouté.
Les services de Theresa May avaient fait part récemment de leur inquiétude quant aux projets d’amendements parlementaires visant à suspendre l’article 50 du traité de l’Union européenne et, partant, mettre en pause le processus du Brexit.